De plus en plus, les orages et autres intempéries ont des conséquences dramatiques. Comment expliquer que ces événements météorologiques empirent ? On vous dit tout.

Avec les orages dans le Sud de la France, près de 3 mois de pluie sont tombés en une nuit. Cet événement particulièrement intense est le dernier d’une longue série ces dernières années : les inondations dans l’Aude et dans le Loiret, les épisodes cévenols, et même ces dernières semaines des tornades et il donne une nouvelle fois l’impression que les événements météorologique et les intempéries sont de plus en plus graves et de plus en plus fréquents.

Mais est-ce une impression justifiée ? Les orages et intempéries sont-ils vraiment pires qu’avant ? Et qu’est-ce qui pourrait expliquer cette évolution ?

Réchauffement climatique : les orages et intempéries empirent-ils vraiment ?

On aurait tendance à penser que le réchauffement climatique peut empirer les phénomènes météo comme les orages, les tempêtes ou les inondations. Mais sur ce sujet, il faut rester prudent. La recherche n’est pas encore très claire et il n’y a pas vraiment de consensus définitif sur ces sujets.

Ainsi, globalement, plusieurs études ont montré que le réchauffement climatique pouvait augmenter la fréquence et l’intensité des cyclones ou des tempêtes. Mais en France, on n’observe pas pour l’instant de grandes différences statistiques ces dernières années comparées au 20ème siècle. C’est logique : ces phénomènes sont aléatoires et les variations statistiques sont difficiles à voir sur des périodes si courtes.

Toutefois, certains phénomènes sont déjà observables et des scientifiques ont déjà identifié certaines tendances :

On ne peut donc pas dire avec certitude que les événements météorologiques que l’on observe actuellement soient liés au réchauffement climatique, ni que le réchauffement climatique ait un impact significatif sur ces événements aujourd’hui. Mais on a un certain nombre d’indices concordants qui laissent penser que le réchauffement climatique peut influencer ces événements et notamment les aggraver.

Plusieurs causes peuvent expliquer ces prévisions. D’abord le réchauffement modifie le régime d’humidité : certains mois, l’évaporation est élevée à cause de températures plus fortes, ce qui charge l’air en humidité et augmente donc le potentiel de pluies. Le réchauffement change aussi le régime des pressions : les écarts sont plus élevés ce qui peut augmenter la force du vent.

Des orages pires qu’avant : d’autres causes possibles ?

Mais au-delà du réchauffement climatique, d’autres phénomènes peuvent avoir un impact sur la gravité des orages et des intempéries. Par exemple, l’urbanisation et l’artificialisation des sols.

Lorsque des pluies intenses s’abattent sur une région dont le sol est fortement artificialisé, l’eau ruisselle au lieu de s’infiltrer dans les sols, ce qui augmente les risques d’inondations. Or une grande partie du sol en France est artificialisé, c’est-à-dire bétonné ou structuré par des pratiques agricoles intenses au niveau du travail du sol et du désherbage. Ainsi, si les précipitations sont abondantes, les risques de dégâts sont plus forts.

Un autre facteur à prendre en compte et celui de l’écart entre les saisons. Si des pluies intenses ont lieu dans des zones qui sortent de plusieurs mois de sécheresse, le sol absorbe moins l’eau et cela augmente encore les risques. D’ailleurs, une étude récente confirme que le réchauffement climatique, notamment par ce biais, réduit la capacité des sols à absorber l’eau.

Finalement, même lorsque les orages ne sont pas en soi pires qu’avant, leurs conséquences sont potentiellement plus visibles car les écosystèmes sont plus fragiles et moins résilients.

Intempéries : une augmentation de plus en plus importante à prévoir

Il est également important de garder à l’esprit que les phénomènes que l’on observe actuellement ne reflètent pas forcément ce que l’on risque d’observer dans l’avenir si le réchauffement climatique ou la dégradation des écosystèmes se poursuivent.

En effet, les évolutions de ce types d’événements ne sont pas forcément linéaires : certains phénomènes se déclenchent en fonction d’effets de seuil ou de points de bascule, certaines évolutions suivent des courbes exponentielles… Par exemple les cyclones se forment lorsque les eaux de surface des océans dépassent les 26 degrés, et chaque degré supplémentaire augmente significativement la fréquence et la puissance potentielle des cyclones.

Autrement dit, les conséquences que l’on observe aujourd’hui à seulement 0.7 à 0.8 degrés supplémentaires par rapport aux normes préindustrielles sont probablement d’un ordre de magnitude inférieur à celles que l’on observera à 1.5 ou à 2 degrés. Il est même possible que les changements climatiques fassent apparaître des phénomènes que l’on ne connait pas sous nos latitudes.

Il faut donc rester prudent quand on analyse ces événements météo : on ne constate pas vraiment de différence statistique entre la fréquence des orages aujourd’hui et celles d’il y a 20 ans. Mais on constate déjà certaines tendances : des phénomènes plus humides, qui ont des conséquences plus importantes. Et puis, les évolutions statistiques sont difficiles à quantifier à si petite échelle.

Aussi, ces phénomènes entretiennent des liens étroits avec le réchauffement climatique ou l’artificialisation des sols et la dégradation des écosystèmes. Et comme les seconds entretiennent les premiers comprendre leurs interactions est désormais fondamental afin de pouvoir se préparer.