Pollution sonore : quelles conséquences ? Voitures, trains, avions ou encore usines sont autant de sources de bruits causant de nombreux troubles sur notre santé et l’environnement.

Le bruit généré notamment par les transports représente un enjeu majeur de santé publique. Le bruit des avions est ainsi la troisième source la plus importante de pollution sonore derrière le trafic routier et ferroviaire.

Quelles sont les principales conséquences du bruit ambiant sur notre santé et sur l’environnement ? On fait le point avec le rapport sur le bruit dans l’environnement en Europe publié en 2020 par l’Agence européenne pour l’environnement.

1 résident européen sur 5 exposé à des niveaux de bruit préjudiciables à la santé

Le rapport indique que le bruit ambiant et particulièrement le trafic routier affecte plus de 100 millions de personnes en Europe soit 20% de la population européenne.

On parle alors de pollution sonore pour désigner ces sons provoqués par les activités humaines qui ont un impact négatif sur notre santé et sur l’environnement.

On doit bien distinguer les nuisances sonores de la pollution. Les premières désignent l’exposition à des bruits forts et/ou répétitifs. Ils sont désagréables immédiatement et leurs effets se font sentir principalement sur l’audition (acouphènes, sifflements, fatigue auditive, surdité…). En revanche, la pollution sonore est un phénomène plus complexe. Elle résulte d’une concentration de bruits qui ne sont pas nécessairement intolérables au premier abord, mais qui persistent sur la durée. Elle se retrouve principalement dans les grandes villes, là où la concentration humaine est la plus importante.

Les conséquences de la pollution sonore

Sur les Hommes

Stress, acouphènes, troubles du sommeil, effets négatifs sur le système cardiovasculaire et sur le métabolisme, troubles cognitifs chez les enfants sont autant de conséquences liée à l’exposition de longue durée au bruit chez l’Homme.

Elle a donc des impacts à la fois sur la qualité de vie, sur la santé physique et mentale : le bruit des transports (circulation, trains, avions…) est la principale source de nuisance pour 54% des Français d’après cette étude.

Selon l’OMS, le bruit est le deuxième facteur environnemental le plus important à l’origine de problèmes de santé, juste après l’impact de la pollution atmosphérique (particules).

Plusieurs études ont démontré le lien entre l’exposition au bruit de avions et le risque d’hypertension d’une part, et la consommation de médicaments (antihypertenseurs et anxiolytiques notamment) d’autre part. Les personnes vivant dans une habitation survolée par des avions pourraient prendre dix fois plus d’anxolytiques et d’anti-dépresseurs que le même type de population habitant dans un logement calme.

L’impact du bruit sur notre bien-être dépend avant tout de la sensibilité et de l’attitude de chacun face à ce bruit. Certains sons peuvent être tolérables pour certains et insupportables pour d’autres.

Sur la nature

Au-delà de ses effets néfastes sur notre santé physique et psychologique, le bruit affecte également la biodiversité.

Les espèces qui utilisent les sons pour se repérer, se déplacer et communiquer, telles les cétacés ou les chauve-souris sont particulièrement vulnérables à ce type de pollution. Avec le confinement de mars 2020 et la diminution drastique du bruit extérieur, on a de nouveau pu entendre le chant des oiseaux, les cétacés marins sont revenus près des côtes…

« Il faut savoir qu’en ville toute une faune est présente. Il y a des fouines, des hérissons, des renards et des chauves-souris. C’est une faune très discrète parce qu’il y a une présence humaine très forte. A l’occasion du confinement, les humains étant moins présents, cette faune est moins stressée et elle réoccupe donc des espaces et des périodes de temps qui étaient non disponibles avant.« 

Bruno David, paléontologue et biologiste, président du Muséum national d’Histoire naturelle pour France Culture

Et pour cause : cette étude s’est basée sur les ondes sismiques pour établir une corrélation entre la réduction des activités humaines liée au confinement et les bruits. Les ondes sismiques permettent normalement de détecter des tremblements de terre ou une activité volcanique, mais ils sont aussi pertinents pour capter le bruit causé par les activités humaines quotidiennes. Quand ces dernières diminuent comme ce fut le cas lors des confinements successifs, les bruits sismiques baissent à leur tour. Le premier confinement aurait mené à une réduction du bruit sismique jusqu’à 50% d’après les chercheurs, soit la baisse la plus importante jamais enregistrée.

Que dit la loi ?

En raison de ces impacts, les législations nationales tendent à imposer des seuils limites d’exposition de la population et de l’environnement au bruit, à réaliser des études d’impact et à mettre en place des mesures d’atténuation et de protection.

A l’échelle européenne, une directive datant de 1992 puis renforcée en 2002 impose aux États membres un cadre commun pour la lutte contre les nuisances sonores des infrastructures de transports terrestres, des aéroports et des agglomérations. Les deux principaux objectifs sont l’établissement de cartes d’exposition aux bruits et, sur la base de ces cartes, l’adoption de plans d’actions, dits plans de prévention du bruit dans l’environnement (PPBE), en matière de prévention et de réduction du bruit dans l’environnement.

Dans certains pays, il manque toujours un volume important de données liées aux cartes de bruit et aux plans d’action en la matière. Il est impossible d’évaluer et de traiter correctement les problèmes liés au bruit si les pays, régions ou villes ne produisent pas les cartes de bruit et les plans d’action requis par la directive…

Une exposition croissante à la pollution sonore : la parade anti-bruit

Compte tenu de l’expansion urbaine et de la demande en hausse de mobilité, il apparait peu probable que le nombre de personnes exposées au bruit diminue de manière significative dans le futur.

Alors pour limiter ses impacts, on peut déjà commencer par essayer de limiter les trajets dans nos véhicules, le transport routier étant l’activité ayant le plus d’impact en termes de pollution sonore. On peut penser à l’utilisation d’engins moins bruyants (voitures électriques…) ou de développer les modes de transport doux comme le vélo.

Par ailleurs, des solutions se développent pour gérer le bruit en ville : murs anti-bruits végétalisés, revêtement des routes avec de l’asphalte anti-bruit, utilisation de pneus silencieux sur les véhicules destiés aux transports publics, meilleure isolation phonique des logements et locaux professionnels entre autres. Un grand nombre de villes et de régions ont également mis en place des «zones calmes», où il est possible de se rendre pour échapper aux bruits de la ville. Il s’agit principalement d’espaces verts, tels que des parcs ou des réserves naturelles.

Pour aller plus loin, l’Agence européenne pour l’environnement préconise l’élaboration de stratégies combinées :

« Nous parviendrons plus probablement à réduire significativement le nombre de personnes exposées à des niveaux sonores néfastes en n’ayant pas seulement recours à des mesures isolées, mais également en combinant différentes mesures, qui comprendront notamment des améliorations technologiques, des politiques ambitieuses en matière de bruit, une meilleure planification urbaine et au niveau des infrastructures, et des changements dans les comportements individuels. »

Rapport sur la pollution sonore de l’Agence européenne pour l’environnement

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