En 2017, les températures océaniques n’ont jamais été aussi élevées. Loin d’être une bonne nouvelle, ce constat est une alerte de plus sur l’état de notre planète et en particulier de notre climat.

L’atmosphère se réchauffe, ça on le savait. C’est la conséquence la plus évidence et la plus simple du réchauffement climatique. Il fait plus chaud, et cela constitue un risque pour les sociétés humaines.

Mais il y a un autre problème lié à ce réchauffement, un problème moins évident, moins simple à comprendre, mais pourtant tout aussi dangereux : le réchauffement des eaux océaniques. Une étude publiée par l’Académie des Sciences de Pékin a étudié ce phénomène et constate que 2017 était sans doute l’année la plus chaude jamais enregistrée pour nos océans.

Réchauffement climatique : pourquoi l’océan se réchauffe ?

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Ce que l’on sait peu à propos du réchauffement climatique, c’est que ses effets ne se traduisent pas directement par une augmentation des températures de l’atmosphère. En effet, si l’effet de serre augmente bien la quantité d’énergie qui réchauffe notre planète, une bonne partie de cette énergie ne réchauffe pas directement l’air. En fait, c’est d’abord l’océan qui agit comme un tampon et qui absorbe cette énergie. Non seulement l’océan ralentit le réchauffement de l’atmosphère en absorbant une grande partie du CO2 que nous émettons, mais en plus, il absorbe une grande partie de la chaleur supplémentaire qui frappe la terre. En résumé, la chaleur supplémentaire que reçoit la terre est surtout absorbée par les eaux.

Résultat, l’eau se réchauffe ce qui ralentit la montée des températures de l’air. Si les océans n’absorbaient pas la chaleur, l’air se réchaufferait donc encore plus vite.

À quel point l’océan se réchauffe-t-il ?

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Mais alors, à quel point la chaleur est-elle absorbée par l’océan ? Et à quel point l’océan se réchauffe-t-il ? Là aussi, les choses sont complexes. En fait, certaines parties de l’océan (les plus froides) se réchauffent en premier car elles sont plus susceptibles d’absorber les surplus de chaleur. Et comme ces courants sont souvent des courants profonds, cela signifie qu’il est très difficile de mesurer la chaleur absorbée par l’océan ou la montée des températures. C’est ce qui explique notamment qu’entre 1950 et 1990, on a mesuré assez peu d’augmentation des températures océaniques. Mais à partir des années 1990, la température des eaux de surface a commencé à augmenter à son tour, comme si les courants profonds commençaient à arriver à « saturation » en quelque sorte.

C’est cette augmentation des températures océaniques moyennes qu’une équipe de chercheurs chinois a tenté de mesurer, calculer et modéliser. Leurs résultats sont significatifs : les chercheurs estiment que la quantité d’énergie (chaleur) contenue dans l’océan en 2017 correspond grosso modo à 19.19 x10²² J, soit 700 fois la quantité d’énergie électrique consommée par la Chine en un an. C’est aussi 8.5% de plus qu’en 2015, seconde année record en matière de température océanique.

Cela va dans la même sens que les précédentes études sur le sujet, qui estiment que la température de surface des océans a augmenté de près de 1 degré depuis le début des années 1990. Les chercheurs estiment par ailleurs que 90% du réchauffement planétaire est absorbé par les océans.

L’océan se réchauffe : c’est grave ?

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Évidemment, une température de 1 degré supplémentaire ne paraît pas extrêmement significative. Et pourtant c’est extrêmement grave sur le plan écosystémique. D’abord car le réchauffement n’est pas la seule conséquence du rôle tampon de l’océan. L’océan absorbe non seulement la chaleur, mais aussi le CO2. En absorbant le CO2 et la chaleur, l’océan devient plus acide. Et lorsque le pH de l’océan baisse, certaines espèces de phytoplancton notamment ont des difficultés à survivre. Comme c’est ce phytoplancton qui produit l’essentiel de l’oxygène terrestre, c’est extrêmement inquiétant à long terme.

Mais le réchauffement de l’océan est aussi l’indicateur que l’écosystème terrestre commence à arriver à saturation. En effet, plus l’océan se réchauffe, plus sa capacité à absorber la chaleur diminue. Autrement dit, plus l’océan sera chaud, plus le réchauffement atmosphérique s’accélèrera. Les chercheurs estiment ainsi que l’augmentation des températures de l’océan est un meilleur indicateur de l’avancée du réchauffement climatique que l’augmentation des températures atmosphériques.

Parmi les autres conséquences du réchauffement des températures océaniques, on peut citer : la destruction de certaines écosystèmes (comme les coraux), mais aussi l’augmentation du niveau de la mer, la fonte des glaciers, la perturbation des cycles climatiques (avec par exemple l’augmentation de l’évaporation océanique (donc des précipitations), l’augmentation des phénomènes cycloniques…).

Un degré de différence n’est donc pas une augmentation énorme en termes arithmétique, mais en termes écologiques, cela peut vite constituer un seuil qu’il sera dangereux de dépasser.

Comment éviter le réchauffement océanique ?

Pour éviter le réchauffement de l’océan, il n’y a malheureusement pas de solution miracle, mais on peut tout de même agir. Il faudrait remettre en cause notre modèle de développement économique basé sur les énergies fossiles et les émissions de CO2. Il faudrait réduire notre consommation de pétrole pour la voiture, diminuer nos consommations électriques, réduire notre consommation globalement, afin de réduire nos émissions de CO2 durablement et de façon radicale.

En d’autres termes, il faut adopter les principes du développement durable et de la résilience et faire de l’écologie une priorité absolue de nos sociétés.