Alors que la RSE est un enjeu de plus en plus important dans les entreprises, beaucoup se demandent encore à quoi servent vraiment les normes ISO relatives au management social ou environnemental. En quoi aident-elles à mettre en place un management plus responsable ? Sont-elles vraiment utiles ? Décryptage avec e-RSE.

Qu’est-ce qu’une norme ISO pour la RSE ?

Les normes ISO sont des « guides » publiés par l’International Organisation for Standardization (ISO), dans le but de créer des standards industriels, commerciaux et de management  pour les entreprises. Elle est composée de membres indépendants de 164 pays du monde qui travaillent ensemble à la création d’un corpus de « règles » qui permettent de faciliter le commerce entre les entreprises. Par exemple, la norme ISO10191:2010 décrit les standards à utiliser pour contrôler la conformité des pneus des voitures. Cela permet aux constructeurs, partout dans le monde, d’avoir un référentiel commun et donc de faciliter les échanges. Pour certaines des normes ISO, une entreprise peut ainsi obtenir une « certification » lorsqu’elle respecte tous les critères de la norme.

Mais quel rapport avec la RSE ? L’ISO, dans sa quête de définir des pratiques communes pour les entreprises, s’est aussi attachée aux questions du management social, environnemental, voire énergétique. Elle a donc mis en place des normes qui guident les entreprises qui veulent développer une stratégie dans ces domaines, et donc dans la RSE. Par exemple, la norme ISO26000 définit divers principes relatifs à la responsabilité sociétale des organisations, parmi lesquels :

  1. la redevabilité ;
  2. la transparence ;
  3. le comportement éthique ;
  4. la reconnaissance des intérêts des parties prenantes ;
  5. le respect du principe de légalité ;
  6. la prise en compte des normes internationales de comportement ;
  7. le respect des droits de l’Homme.

Cette norme explique comment mettre en place une stratégie RSE reposant sur ces 7 principes, étape par étape. Plusieurs normes ISO peuvent être utiles dans le cadre d’une stratégie RSE : la norme ISO9001 sur le contrôle de qualité, la norme ISO14000 sur le management environnemental ou encore la norme ISO50001 sur l’efficacité énergétique. Au sein de ces normes, il existe des sous catégories comme la norme ISO14062 qui définit les standards de l’éco-conception. En bref, ces normes sont de véritables guides, des cahiers des charges, que les entreprises n’ont qu’à suivre.

Cela permet aux entreprises qui veulent développer une stratégie RSE d’avoir les mêmes référentiels, de se baser sur les mêmes principes, pensés et conçus pour faciliter le management en interne, mais aussi les contrôles. Ainsi, une entreprise peut être certifiée ISO14001 seulement si elle répond aux exigences du cahier des charges en matière de management environnemental.

Les limites des normes ISO pour la RSE : l’exemple de l’ISO14001

icone ISO

La limite souvent pointée du doigt par les organisations environnementales concernant ces normes est qu’elles n’évaluent que la stratégie, sans évaluer la performance. Par exemple, dans le cas de la norme ISO14001 sur le management environnemental, une entreprise est certifiée dès lorsqu’elle met en place un système de management environnemental tel qu’il est défini dans la norme, c’est-à-dire qu’elle met en place les diverses procédures de la norme : évaluation des risques, mesures des impacts, définitions de lignes directrices de progrès. En revanche, la certification ne dit pas quelle est la performance environnementale de l’entreprise. Elle ne dit pas que l’entreprise a un impact positif sur l’environnement, elle dit seulement que l’entreprise a mis en place un ensemble de processus pour mieux gérer ses impacts environnementaux.

Par exemple, certaines études ont mesuré que paradoxalement, dans des entreprises certifiées ISO1400, on constatait des niveaux de pollutions supérieurs à la réglementation environnementale. Pour le consommateur, la certification n’est donc nullement une garantie que l’entreprise fournit un produit ou un service « bon pour la planète » ou « bon pour la société ». En ce sens, les normes ISO sont différentes des nouveaux labels comme les B-Corps, qui exigent que les entreprises labellisées aient non seulement mis en place un processus de gestion, mais également qu’elles aient une performance environnementale et sociale positive.

Néanmoins, une revue des études économétriques sur le sujet montre qu’il y a une corrélation positive entre la performance environnementale des entreprises et la certification ISO14001. Globalement, les entreprises certifiées ont donc tendance à être plus performantes que celles qui ne le sont pas. La présence d’un système de management environnemental en interne encouragerait en effet l’entreprise à s’améliorer sur le long terme.

Mais cela pose aussi le problème de l’application de ces normes, car les normes ISO ne sont pas une obligation : elles reposent sur une démarche volontaire des entreprises.

Normes ISO, RSE et performances : quels liens ?

Audit RSE

Malgré tout, l’intérêt pour les entreprises de se pencher sur les normes ISO de la RSE est fort. On sait que beaucoup d’entreprises (notamment les grandes) sont des structures très inertes où le changement est souvent complexe à mettre en place. Adopter les lignes directrices d’une norme ISO relative à la RSE permet d’initier des transformations progressivement, de façon incrémentale, petit à petit. Adopter une norme ISO devient aussi souvent une nécessité de business. Les marchés très matures comme l’Union Européenne ou l’Amérique du Nord considèrent de plus en plus les normes ISO comme des standards minimum de commerce. Par exemple, beaucoup de grandes entreprises exigent de leurs fournisseurs qu’ils soient certifiés ISO9001.

Surtout, de plus en plus d’études font le lien entre l’utilisation des normes ISO dans une entreprise et la performance économique. Les entreprises respectant les normes internationales de qualité et de gestion auraient un chiffre d’affaire 20% plus important que celles qui ne le font pas. De la même façon, leurs performances à l’export seraient boostées de 19%. Réduction des coûts, amélioration de la qualité, gestion plus performante des problèmes internes… Les normes permettraient globalement aux entreprises d’être plus performantes.

 

On manque encore un peu de recul pour savoir si la diffusion des normes ISO (et des autres normes internationales) permettra vraiment aux entreprises d’améliorer leurs impacts environnementaux, économiques et sociaux et de développer leur RSE. Mais ce qui est sûr, c’est qu’elles posent les bases d’un monde des affaires ou ces problématiques comptent et où la RSE a un rôle a jouer.

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