En mai, le taux de CO2 atmosphérique a atteint son plus haut niveau en 4 millions d’années. Que signifie ce pic au printemps ? Décryptage.

Le printemps c’est la période du renouveau, des fleurs qui éclosent et de la météo qui se radoucit. C’est aussi le moment du traditionnel pic du taux de CO2 atmosphérique. Cette année, en mai, celui-ci a atteint 419,13 ppm, soit le taux le plus élevé en 4 millions d’années. La légère diminution observée en 2020 et due à la pandémie n’aura eu que peu d’influence sur la tendance de croissance rapide du taux de CO2. Que signifie ce pic du taux de CO2 atmosphérique au printemps ? Décryptage.

Pourquoi y a-t-il un pic de CO2 au printemps ?

Le scientifique américain, Charles David Keeling est le premier à mesurer le taux de CO2 atmosphérique, dès 1958. Il installe son laboratoire au sommet de l’île de Mauna Loa, dans l’Océan Pacifique. Loin de toute source de pollution, l’observatoire de Mauna Loa mesure, depuis lors, le taux de CO2 atmosphérique, toutes les heures. Les résultats sont ensuite moyennés sur un mois pour donner la célèbre “courbe de Keeling”. 

Courbe de Keeling
Courbe de Keeling, Observatoire de Mauna Loa

En observant la courbe rouge, on remarque que le taux de CO2 connaît des cycles : tantôt un peu plus bas, tantôt un peu plus haut. Ces cycles s’expliquent par l’activité des plantes de l’hémisphère Nord. Au printemps, les plantes de l’hémisphère Nord (qui y sont bien plus nombreuses que dans l’hémisphère Sud) se mettent à pousser, à créer des feuilles, des fleurs et des fruits. Pour cela, elles vont capter du CO2 car elles utilisent les atomes de carbone comme “charpente” pour se développer.

De l’automne au début du printemps, en revanche, les plantes et les sols sont en dormance et ne captent pas de carbone, voire en rejettent dans l’atmosphère. C’est ce qui explique les cycles saisonniers dans l’évolution du taux de CO2 atmosphérique. En mai, on a donc un pic du taux de CO2, après la saison de dormance des plantes et avant que celles-ci ne commencent à capter du CO2. 

Une croissance alarmante du taux de CO2

Malgré ces cycles, on remarque clairement une tendance à l’augmentation du taux de CO2. Depuis la Révolution Industrielle, les activités humaines ont mené à la libération d’énormes quantités de CO2 dans l’atmosphère. Ces quantités augmentent chaque année. Le CO2, une fois dans l’atmosphère, s’y accumule. Il peut même y rester jusqu’à 1000 ans. Le taux de CO2 atmosphérique augmente donc constamment. Il a atteint, en mai 2021, sa valeur la plus élevée en 4 millions d’années. 

L’observatoire de Mauna Loa a, en effet, mesuré un taux de 419 ppm. “Ppm”, c’est l’abréviation de parties par million. Cela signifie que pour un million de molécules d’air (sans compter la vapeur d’eau), il y a 419 molécules de CO2. Cela peut sembler assez peu mais c’est déjà 50% plus élevé que le taux pré-industriel. Jusqu’en 1850, le taux de CO2 était stable autour de 280 ppm.

Plus encore que ce pic qui ne pourrait être qu’une valeur extrême, c’est le taux de croissance de la teneur en CO2 qui est préoccupant. L’observatoire de Mauna Loa réalise des moyennes sur dix du taux de croissance annuel de la teneur en CO2. Le taux de croissance c’est de combien a augmenté le taux de CO2 entre le 1er janvier d’une année et le 31 décembre. Sur la décennie 2010-2019, en moyenne, le taux de CO2 augmente de 2,4 ppm par an, soit le plus haut jamais enregistré. 

Dans l’histoire de la Terre, le taux de CO2 a souvent augmenté mais jamais aussi rapidement. Par exemple, durant la dernière période glaciaire, le taux de CO2 a augmenté de 80 ppm en 6000 ans. En comparaison, il aura fallu seulement 42 ans, de 1979 à 2021, pour augmenter le taux de CO2 de ce même nombre. 

Limiter nos émissions de CO2 est plus qu’urgent

La baisse de 7% des émissions mondiales de CO2 en 2020 due aux mesures sanitaires n’aura eu que peu d’effet sur la courbe de croissance du taux de CO2. En raison de la persistance du CO2 dans l’atmosphère, cette baisse annuelle est quasiment imperceptible. 

Le taux de CO2 atmosphérique est aujourd’hui plus qu’alarmant et même les dispositions exceptionnelles prises pendant la pandémie n’ont pas réussi à ralentir sa croissance. Il est donc urgent que les pays prennent des mesures drastiques pour limiter durablement nos émissions de gaz à effet de serre et ainsi espérer stabiliser le taux de CO2 ou, au mieux, le faire diminuer. 

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