Et si boire du vin rouge était lié à une meilleure qualité de la flore intestinale ? C’est en tout cas ce que suggère une étude récente publiée dans le journal Gastroenterology par des chercheurs du King’s College.
Ces dernières années, un corpus de recherche de plus en plus dense s’est développé sur le sujet de la santé intestinale, et notamment sur la question du « microbiote ». On sait désormais que la diversité et la qualité des populations de bactéries intestinales (le microbiote intestinal) ont un impact significatif sur de nombreux aspects de notre santé : notre métabolisme, les risques de développement depathologies comme le diabète de type 2, certains cancers voire certaines maladies cardio-vasculaires.
De plus en plus de scientifiques cherchent donc à savoir comment maintenir et améliorer la qualité du microbiote intestinal, notamment via l’alimentation. Quels aliments ont un impact positif sur le microbiote ? Quels aliments au contraire le dégradent ? Une nouvelle étude, publiée par des chercheurs du King’s College s’est penchée sur les liens entre le microbiote et une boisson largement consommée en France et dans le monde : le vin rouge. Décryptage.

Une consommation modérée de vin rouge associée à un meilleur microbiote et une meilleure santé métabolique

Les chercheurs ont ainsi étudié le comportement alimentaire de près de 1000 jumelles au Royaume-Uni et ont observé les différences au sein de leur microbiote intestinal. Ils ont ensuite comparé leurs résultats avec deux études similaires menées aux Etats-Unis et en Belgique. Résultat, après prise en compte des biais possible, ils ont observé un lien de corrélation significatif entre le fait de consommer modérément du vin rouge et la qualité et la diversité du microbiote intestinal. En résumé : les sujets buvant un peu de vin rouge disposaient d’un meilleur microbiote. Cela va même plus loin : entre deux jumelles (au patrimoine génétique identique) lorsque l’une boit du vin rouge et l’autre non, la première dispose généralement d’un meilleur microbiote.
Les chercheurs ont aussi constaté que les individus buvant du vin rouge étaient généralement moins affectés par les syndromes métaboliques comme l’obésité ou le mauvais cholestérol.

Les polyphénols au coeur du bénéfice santé du vin rouge ?

D’après les chercheurs, une partie au moins de ces effets pourraient être dus à un composé présent dans le vin rouge : les polyphénols. Ces molécules sont présentes dans les végétaux sont parfois plus connus sous le nom de « tanins végétaux ». On les trouve notamment dans la peau et les pépins des raisins, mais aussi dans de nombreux fruits et légumes, notamment les fruits noirs (mûres, cassis, myrtilles), mais aussi dans certaines épices comme le clou de girofle.
L’intérêt pour les polyphénols s’est multiplié ces dernières années et de nombreuses études ont établi un lien entre la consommation régulière de polyphénols et l’amélioration de certains marqueurs de santé (cardiovasculaire, neurologique…). Selon les chercheurs du King’s College, il est également possible que les polyphénols servent de « carburant » au microbiote intestinal et permettent aux bactéries de mieux s’y développer. Cela expliquerait en partie pourquoi les effets constatés sur le vin rouge ne sont pas retrouvés sur le vin blanc, qui contient moins de polyphénols et de tanins.

Vin et santé : de liens à clarifier

Toutefois, cette étude n’établit pas de lien de causalité direct entre la consommation de vin rouge et la santé. Il s’agit au mieux d’une corrélation, dont il faudra préciser la nature. Les liens entre la consommation de vin et la santé font l’objet d’études de plus en plus nourries ces dernières années, et le consensus scientifique sur le sujet n’est pas encore très clair. Si certains composés du vin comme les polyphénols peuvent s’avérer positifs sur le plan de la santé, d’autres (notamment l’alcool) ont des effets clairement nocifs sur la santé. Il est donc très difficile de savoir à quelles doses l’impact potentiellement positif est suffisamment fort pour compenser l’impact négatif. Selon certaines études, « aucun individu qui ne boit pas d’alcool ne devrait commencer à en boire pour des raisons de santé ».
Quoi qu’il en soit, la consommation de vin et d’autres alcools doit rester occasionnelle et avec modération.