Publié le 19 décembre 2016
L’association RSE Lib organise chaque mois un atelier thématique sur la RSE : « Écoresponsabilité dans l’agroalimentaire », « Sport et Ethique », « Tourisme durable », « Financiarisation de la RSE », « Communication responsable ». Chaque thème d’atelier est introduit par une revue de presse dont Marc Unfried, Délégué Général de RSE Lib, nous livre ici les temps forts.
« Si le climat était une banque, les pays riches l’auraient sauvé » Hugo Chàvez
On doit au crédit de la France, personne ne le conteste, son engagement diplomatique pour la COP21 qu’elle a accueilli en 2015. C’est une des raisons qui font qu’elle vient d’être sacrée meilleure élève de l’action climatique selon le Germanwatch et le Climate Action Network dans leur « Index 2016 », en soulignant toutefois que le pays n’atteindra pas ses objectifs de production d’énergies renouvelables en 2020.
Cet objectif est en partie contrarié, tout d’abord par le renoncement en octobre 2014 de l’Ecotaxe, puis par son enterrement définitif par l’Assemblée le 18 novembre dernier. Il reste toutefois la possibilité d’un recours devant le Conseil d’Etat dont pourrait se saisir une association, cette taxe restant inscrite dans le code des douanes.
Faits et méfaits du réchauffement climatique
La viticulture anglaise a des raisons de se réjouir de la situation actuelle, la température moyenne en période de pousse de la vigne a augmenté de 1.5°C, contribuant à un accroissement de 150 % du nombre des vignobles du Royaume-Uni. Dans l’hypothèse d’un scénario à +4°C en 2100, les vignes se reporteraient de 1 000 km pour quitter le 60e parallèle nord et 50e sud, donc bien au-dessus du mythique 45e Nord des vins de Bordeaux. Et « Planter des vignes sur un terril ? Personne ne pensait que c’était possible ».
Nous avons donc de quoi, en France, nous interroger sur les mesures à prendre lorsque le vin est le premier poste excédentaire de la balance commerciale, devant l’aéronautique, et qu’il représente plus de 190 000 emplois.
Le Champagne, quant à lui, se lance dans la création de nouveaux cépages plus résistants aux maladies de la vigne. Peut-être une nouvelle voie dans l’abandon des pesticides ? Gageons que le « VIN » continuera à couler lors des compétitions sportives pour en saluer les exploits… Quoi que !
La question de la limite des capacités physiques des athlètes revient régulièrement sur le tapis, lors de grands rendez-vous sportifs, comme les Jeux Olympiques. Le réchauffement climatique semble être oublié des stratégies de records. Quand les scientifiques s’accordent pour dire que les meilleures performances s’obtiennent à une température optimale comprise entre 5 et 10°C en fonction du sexe. « Le cyclisme sur route au Qatar, est-ce bien raisonnable » ? Faudra-t-il réserver un jour les Jeux Olympiques et autres compétitions mondiales aux seuls pays tempérés ? Ceci n’est pas sans poser des problèmes d’éthique et de démocratie.
Boire avec modération et faire du sport, c’est bon pour la santé….
Sauf que « Santé et changement climatique : Ca fait débat », en particulier sur les mesures prioritaires à prendre au regard des risques sanitaires liés au changement climatique : pollution atmosphérique, vagues de chaleur, inondations, sécheresses, dégradation des ressources hydriques et sécurité alimentaire.
L’Accord de Paris rappelle que « le droit à la santé » occupera une place centrale dans les mesures prises par les Etats dont le suivi et la révision des contributions nationales tous les 5 ans devront marquer des baisses (pas d’inversion de courbe) dans le nombre des décès au niveau mondial. 7 millions de décès par an liés à la pollution atmosphérique et 250 000/an supplémentaire entre 2030 et 2050 liés à la malnutrition, au paludisme, à la diarrhée et au stress dû à la chaleur.
Entre Finance et Stratégie
Malgré quelques fuites, la Finance opaque se porte bien, gagnera-t-elle le financement et les fonds destinés à lutter contre les effets du changement climatique ? On peut légitimement le craindre lorsque « Finance Verte : la transparence de l’information laisse à désirer ».
« Nous constatons une réalité qui ne correspond pas à la rhétorique déployée depuis la COP21 », déplore Romain Weikmans, directeur de l’étude et chercheur à l’Université libre de Bruxelles. Les pays donateurs affirment qu’ils sont en train d’améliorer les processus de transparence au sein de la finance climatique. Mais ce que nous observons plutôt, c’est qu’ils continuent à batailler pour respecter ne serait-ce que les lignes directrices générales définies par les Nations Unies. J’espère qu’il ne s’agit pas là d’une tendance.
Les capitaux à mobiliser pour accompagner les Changements Climatiques sont estimés par les états à 100 milliards de dollars annuels que les pays riches se sont promis de distribuer aux pays en développement. Mais sur le terrain, il en est tout autre pour assurer une transition bas carbone, certaines estimations parlent de 90 000 milliards de dollars qui seraient nécessaires d’ici 2030 pour répondre aux besoins d’infrastructures, dans l’énergie et l’agriculture.
Il faudra donc faire appel aux capitaux privés pour compléter les programmes de réduction des émissions de GES et d’élimination des subventions aux combustibles fossiles. Cela nécessitera de « transformer le système financier mondial » pour redéfinir l’allocation des quelques 300 000 milliards de dollars d’actifs détenus par les banques, les marchés financiers et les investisseurs institutionnels.
Les enjeux financiers sont à mettre en perspective avec d’autres enjeux, en particulier territoriaux qui se déroulent devant nous sur fond généralisé de guerre.
Le cercle vicieux « De la crise climatique aux guerres »
Des études de chercheurs désignent le changement climatique et l’accaparement de ressources comme facteurs du développement de conflits armés ou de groupes terroristes, mais pas seulement. Car l’addiction au pétrole a conduit de nombreux pays occidentaux à entretenir des alliances avec des régimes autocratiques au Moyen Orient, une dépendance qui a même mené des Etats de l’Union Européenne à acheter du pétrole à l’OEI en 2014.
Plus proche de nous, la conquête de l’Algérie avait été menée en partie pour installer des colonies de peuplement sur des terres fertiles. Si les accords d’Evian de 1962 concèdent son indépendance à l’Algérie, ils stipulent également que la puissance coloniale garde la main sur les ressources naturelles du pays, notamment le pétrole.
Alors que la fracturation hydraulique est interdite en France, le gouvernement en 2014 autorise des tests en Algérie pour rapatrier la technique en France si elle est finalement jugée acceptable pour l’environnement.
Dans son livre « La prochaine révolution en Afrique du Nord : la lutte pour la justice climatique », le chercheur Hamza Hamouchene dénonce les politiques de pillage de ressources de la part des pays occidentaux qui se traduisent dans les réformes du Fond Monétaire International ou la Banque mondiale, des traités européens et américains et enfin de la dette.
La crise climatique, les ressources et les stratégies opportunistes auraient-elles finalement plus de poids dans les guerres que les religions ?
Changement climatique : « L’élan international peut-il être saboté ? »
L’arrivée prochaine de Donald Trump à la Maison-Blanche déclenche de nombreuses interrogations sur la position de son administration au regard de l’accord de Paris et de sa politique énergétique. Remettra-t-il aussi en cause l’accord bilatéral de réduction avec la Chine, dans lequel les États-Unis se sont engagés à réduire leurs émissions de 26 à 28 % sous le niveau de 2005, d’ici 15 ans. La Chine s’engageait quant à elle à faire passer à 20 % d’ici 2030 le pourcentage de son énergie provenant de sources renouvelables. S’il ne peut pas « annuler » l’accord de Paris, il pourrait toutefois s’abstenir de donner suite aux engagements pris par son pays pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Mais la remise en cause du Clean Power Plan adopté en 2015, qui vise une réduction de 32% des émissions de GES d’ici 2030, paraît difficile au regard des enjeux et des engagements déjà pris par de nombreux états du pays. Encore faut-il que ce plan stoppé en février dernier par la Cour Suprême des Etats-Unis retrouve sa feuille de route.
Par ailleurs les patrons de la Sillicon Valley engagés dans le changement climatique n’ont nul besoin des fonds internationaux censés soutenir les projets d’énergie renouvelable, déjà largement auto financés, et auxquels Donald Trump a promis ne pas verser un seul dollar.
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