Publié le 12 novembre 2019
En France, en 2017, un habitant produit plus de 500 kg d’ordures ménagères. Ces ordures ménagères sont composées à 33 % d’emballages. Chaque seconde en France, près de 2 900 emballages ménagers sont jetés.
L’emballage de nos produits du quotidien a un rôle essentiel à la fois technique (contenir le produit, le protéger, le conserver, permettre sa distribution et son utilisation), mais aussi commercial (informer le consommateur, le séduire, voire l’alerter). Sa fonction est donc essentielle. Il engendre cependant deux grands questionnements : l’épuisement des ressources et la gestion des déchets.
Si l’on prend l’exemple du plastique : aujourd’hui dans le monde, 9 % des déchets plastiques sont recyclés, 12 % incinérés, et 79 % stockés en décharges ou directement rejetés dans la nature.
Face à cela, les pouvoirs publics réagissent, en Europe comme dans le reste du monde. En France par exemple, en février 2019, le gouvernement a signé le Pacte National sur les Emballages Plastiques dans le but d’éliminer les emballages en plastique problématiques ou inutiles. Plus récemment, fin septembre 2019, le Sénat a adopté en première lecture le projet de loi relatif à l’économie circulaire et à la lutte contre le gaspillage.
Afin de jouer un rôle dans cette transition, les entreprises se tournent de plus en plus vers la conception d’emballages à la fois respectueux de l’environnement et performants. Retour sur l’enjeu des emballages, maillon stratégique de la responsabilité des marques, avec Maëlle Pian, responsable développement packaging au sein des Laboratoires Expanscience.
Que faire à l’échelle d’une entreprise ? Le cas d’Expanscience et de sa marque Mustela
Chez Expanscience, entreprise française et familiale spécialisée dans la santé de la peau et le traitement de l’arthrose, nous avons initié notre démarche d’éco-conception dès 2005 afin de limiter l’impact sur l’environnement de nos produits. Notre démarche est structurée autour de 4 objectifs, les « 4R » :
- réduire la quantité de matériaux utilisés,
- remplacer certains matériaux vierges par des éléments recyclés,
- retirer les matériaux empêchant la recyclabilité des emballages,
- et repenser les packagings dans leur globalité.
Ces dernières années, nous avons mis en place de nombreuses actions autour de ces 4R :
- retrait des notices et des cartons d’emballage de nos produits à chaque fois que cela est possible,
- intégration de plastique recyclé dans les tubes (dès 2009),
- réduction du poids de nos emballages (notamment via une baisse du grammage des étiquettes et des flacons),
- fabrication de nos étuis à base de carton issu de forêts gérées durablement,
- utilisation d’encres à base d’huiles végétales pour l’impression sur les étuis.
En 2010, dans le cadre de notre démarche de RSE, nous nous sommes aussi engagés à ce que 100 % de tous nos nouveaux produits dermo-cosmétiques soient éco-conçus. Le travail effectué sur nos packagings s’inscrit dans ce cadre et aujourd’hui 100 % des flacons de notre marque Mustela sont recyclables selon les critères du marché français. Nous avons économisé 129 tonnes de plastique et 65 tonnes de carton depuis 2010 grâce à l’ensemble de ces actions, et 19 tonnes de plastique vierge ont été économisées en 2018 grâce à l’intégration de plastique recyclé dans nos tubes.
Notre démarche a été récompensée à plusieurs reprises. Nous avons notamment reçu en 2014 le prix Stratégies Emballages dans la catégorie « Luxe beauté santé » et le « Sustainable Packaging award » en 2013.
Ce processus d’amélioration continue est complexe car il recouvre à la fois des challenges techniques mais aussi organisationnels et sociétaux.
Une des principales difficultés que nous rencontrons est technique : en tant que producteur de produits de soin et d’hygiène pour le bébé, nous avons de très hautes exigences en matière de qualité et de sécurité. La réduction du poids de nos emballages ne doit donc bien sûr pas impacter la qualité de nos produits (innocuité, préservation de la formule dans la durée, etc.). Pour voir jusqu’où il était possible d’aller dans la réduction des emballages, des tests de vieillissement accéléré ont par exemple été réalisés. En plaçant pendant plusieurs semaines des flacons remplis dans un environnement à 40/50 degrés, nous avons ainsi déterminé la limite de réduction du grammage de nos emballages afin d’éviter les fuites.
Un autre enjeu crucial a été de faire adhérer nos fournisseurs à cette démarche. En effet, l’intégration de matière recyclée dans les emballages peut par exemple entrainer quelques « défauts » : tubes moins blancs, etc. Cela est passé par une sensibilisation à la question des ressources et des déchets qui se cache derrière le recours au plastique. L’intérêt était aussi de faire prendre conscience à nos fournisseurs de l’évolution de la demande et de les amener à réviser leur offre (et à les doter in fine d’un avantage compétitif). L’intégration de plastique recyclé dans des emballages tubes dermo-cosmétiques étant encore peu courante, nous avons réalisé un travail conjoint avec plusieurs de nos fournisseurs. Ces derniers ont réalisé de nombreux tests et certains ont été jusqu’à adapter leurs méthodes de production.
Vers une sensibilisation des consommateurs au tri des emballages
100 % de nos flacons sont donc recyclables… encore faut-il que les consommateurs les recyclent. En parallèle de ces actions sur les 4R, nous nous sommes attelés à accompagner le consommateur vers une consommation responsable en le sensibilisant aux gestes de tri. En effet, des progrès restent à faire : la salle de bain est le lieu de la maison où l’on trie le moins ses déchets !
Nous avons utilisé pour ce faire divers canaux de communication. Les emballages bien sûr ; nos derniers packagings ont beaucoup évolué en ce sens et intègrent désormais en France, à chaque fois que cela est possible, la consigne de tri. Le site Internet de notre marque Mustela est également un outil de communication sur les bons gestes de tri. Ainsi, nous indiquons sur chaque fiche produit une « Info tri » dédiée au produit.
Grâce à notre partenariat avec CITEO, nous nous assurons par ailleurs au moment du développement d’un nouveau packaging de ne pas perturber la filière de tri existante ou en cours de développement en France. Nos produits Mustela sont par ailleurs référencés sur l’application « Le Guide du Tri » de CITEO qui permet de fournir une consigne de tri géolocalisée aux consommateurs de nos produits. Nous avons par ailleurs réalisé pour nos consommateurs un guide du tri dans la salle de bain diffusé en pharmacie.
En parallèle, et en cohérence avec notre développement à l’international (67 % de notre chiffre d’affaires a été réalisé à l’international en 2018), nous avons engagé un projet auprès de l’ensemble de nos filiales pour renforcer la connaissance et la maîtrise des consignes de tri et des filières de recyclage dans nos différents pays d’implantation. Notre objectif est d’accélérer la sensibilisation de nos consommateurs à l’étranger et de développer des emballages recyclables à l’international.
Ces derniers mois, nos filiales ont aussi multiplié les actions de sensibilisation sur leur territoire. A titre d’exemple, notre filiale espagnole a mis en place un partenariat avec la station de radio locale Kiss FM et l’ONG WWF à l’occasion du World CleanUp Day pour récolter des plastiques dans les fonds marins de la côte de Valence et Alicante, et contribuer à sensibiliser la population au problème de la pollution marine liée au plastique.
Notre démarche d’éco-conception des packagings est une démarche d’amélioration continue source d’innovations régulières. Dans le cadre de notre engagement à proposer des produits plus vertueux pour l’Homme et son environnement, nous lancerons d’ici la fin de l’année une nouvelle gamme de produits Mustela intégrant une véritable innovation pour la marque en termes de packaging responsable avec des packagings en plastique biosourcé 100 % recyclables. Rendez-vous fin 2019 en pharmacies…