Publié le 27 mai 2019
Suite à la transposition de la Directive européenne 2014/95/UE, Solocal, comme toutes les entreprises cotées de plus de 500 salariés et réalisant plus de 40 millions de chiffre d’affaires, a dû produire en 2019 sa première Déclaration de Performance Extra Financière (DPEF). Chaque entreprise doit y livrer ses engagements et ses performances aux vues d’enjeux extra financiers identifiés comme pertinents voire cruciaux au regard de son activité. Pour la Direction Relations Institutionnelles, RSE, Ethique et Risques de Solocal, l’exercice s’est fait dans le contexte particulier d’une transformation profonde de l’entreprise (évolution de la gouvernance en 2017, mise en place d’un nouveau projet stratégique en 2018, réorganisation interne profonde, etc.). Malgré cela, Solocal a défini 8 enjeux RSE qui sont exposés dans sa DPEF, validés sans réserve par un Organisme Tiers Indépendant (OTI), et publiés fin mars dans le Document de Référence 2018 de l’entreprise. Pierre Lemaitre, responsable RSE & Stratégie de Solocal, revient sur la construction de cette première DPEF.
Quand avez-vous commencé à travailler sur votre DPEF qui est parue en mars ?
Notre démarche a débuté par l’organisation d’un dialogue avec toutes les parties prenantes internes (salariés, administrateurs) et externes (clients, utilisateurs de nos médias, associations, écoles, partenaires, collectivités publiques, journalistes, etc.) mené à l’été 2017 dans l’optique d’actualiser notre stratégie RSE. La grille de matérialité qui a résulté de ces échanges a confirmé la pertinence des thèmes RSE que nous pressentions comme majeurs.
Dans la même période, nous suivions, comme toute la profession, les ajustements des textes réglementant la DPEF. Nous allions devoir aller bien plus loin que ce que nous avions l’habitude de faire antérieurement en termes de reporting extra financier avec les lois NRE (Nouvelles Régulations Economiques) de 2001 et Grenelle II de 2010.
Nous avons travaillé avec l’équipe Risques de Solocal pour croiser les sujets mis en avant dans notre matrice de matérialité avec les risques majeurs identifiés dans la cartographie des risques, fraichement mise à jour à l’été 2018. Ainsi, les enjeux RSE propres à Solocal ont été définis sur la base d’une méthodologie objective et d’un processus de formalisation qui a duré environ 12 mois et qui a impliqué un dialogue riche et beaucoup de travail en interne, en transversal et avec les parties prenantes externes.
Les contours juridiques de la DPEF s’étant clarifiés, le timing a été parfait pour nous permettre d’expliciter les impacts de cette évolution législative auprès de notre Comité Exécutif, du Conseil d’Administration et de nos quelque 40 correspondants RSE internes, et d’entrer dans la phase de rédaction.
Comment avez-vous procédé pour affiner l’expression des enjeux, des politiques, et rassembler les données que requiert la DPEF ? Quelles sont les équipes que vous avez associées ?
Nous avons deux groupes d’interlocuteurs en interne : nos correspondants RSE et notre Comité Exécutif.
En premier lieu, nous avons associé les correspondants RSE à la finalité du travail que nous leur demandions. L’idée de ces échanges était d’insister sur le changement radical induit par la DPEF dont la démarche, plus structurée et moins chiffrée, permet d’intégrer la RSE au cœur de la stratégie de l’entreprise. Pour le reste, les correspondants RSE sont rodés à l’utilisation de notre plateforme de recueil de données.
En second lieu, nous avons sensibilisé les membres du Comité Exécutif lors de deux séances de travail. Nous leur avons présenté, collectivement, les évolutions apportées par la Déclaration de Performance Extra-Financière puis les 8 enjeux RSE qui avaient émergé du croisement de l’analyse de matérialité et de la cartographie des risques. Ensuite, nous les avons rencontrés individuellement pour bien expliciter ce qui était exigé : des politiques exprimées autour d’objectifs et d’indicateurs de performance particulièrement structurés et suivis. Nous leur avons proposé une première ébauche pour qu’ils réagissent sur une vision concrète de la DPEF, sur le fond et sur la forme.
L’année 2018 a été un temps fort de votre projet de transformation Solocal 2020 : négociations et mise en œuvre du départ de 1 000 personnes, mise en place d’une nouvelle offre digitale et nouvelle organisation commerciale omnicanale, réinvention du service aux utilisateurs PagesJaunes : les esprits devaient être occupés sur d’autres priorités que sur la DPEF, n’est-ce pas ?
En effet, il nous a parfois fallu de la ténacité pour mobiliser les équipes sur la rédaction des politiques RSE et pour recueillir des indicateurs chiffrés dans un moment où l’attention du groupe était focalisée sur l’exécution du plan stratégique. Mais la RSE est au centre de nos enjeux stratégiques. Plusieurs sujets sociaux apparaissent d’ailleurs désormais dans nos enjeux RSE majeurs alors qu’ils auraient certainement figuré différemment sans le projet de transformation Solocal 2020. Sur le long terme, nous avons défini deux priorités RSE que nous volons porter avec force et sur lesquelles nous voulons nous différencier :
- promouvoir le respect et la sécurité des données personnelles ;
- accélérer la digitalisation des TPE/PME en France et le développement des compétences digitales dans nos territoires.
En termes de calendrier, la construction de notre nouveau business model autour d’une offre digitale simplifiée (mode abonnement et reconduction automatique) s’est incarné tout naturellement dans le modèle d’affaires de la DPEF. Nous y avons apporté une réflexion approfondie en commun avec les équipes Communication, Relations Investisseurs et Stratégie, trois directions intéressées au premier chef par la construction de ce schéma synthétique de notre nouveau discours. Mais c’est bien toute l’entreprise, Direction et collaborateurs, qui doit porter ces orientations et missions.
Comment avez-vous vécu le processus d’audit, avec les nouvelles exigences posées par la DPEF ?
Pour préparer l’audit efficacement et le plus sereinement possible, nous avions choisi de faire un audit à blanc. Celui-ci s’est avéré très utile puisqu’il nous a permis d’intégrer très tôt dans le processus les évolutions demandées par la DPEF : suppression de formulations trop lénifiantes, correction de confusions entre « politiques » et « actions », levée d’imprécisions, etc. Cela nous a aussi aidé à tenir dans le calendrier très contraint de remise de notre DPEF, qui a dû être finalisée à la mi-février compte tenu du calendrier de notre communication financière.
Comment allez-vous aborder la deuxième édition ?
Comme à chaque fin d’exercice, nous avons convié tous nos contributeurs à une session de restitution de nos travaux sur la DPEF à l’occasion de laquelle notre organisme tiers indépendant a pu livrer un certain nombre de recommandations. Nos contributeurs, venus en grand nombre, ont apprécié ce feedback ; cela donne du sens à leur implication et crée une dynamique constructive, collaborative et positive pour la suite.
Désormais, nous allons rapidement nous engager dans la DPEF 2019 avec deux priorités :
- définir les indicateurs clés de performance qui nous manquaient en 2018 ;
- rencontrer le plus vite possible les principaux contributeurs à nos 8 enjeux pour nous assurer qu’ils mettent en avant les actions de progrès ou les points d’attention.
Au-delà des exigences réglementaires, nous avons pour ambition de développer des actions de sensibilisation auprès de l’ensemble de nos collaborateurs et de partager plus largement sur les enjeux RSE de Solocal auprès de nos parties prenantes.
Consultez la DPEF de Solocal.