Publié le 6 décembre 2022
« La philanthropie est plus que jamais essentielle à la cohésion de notre société » selon Axelle Davezac, Directrice générale de la Fondation de France. Avec des missions très diversifiées et spécialisées, les fondations contribuent à la mise en visibilité, la compréhension et la prise en compte de nombreux enjeux sociétaux clés : solidarité et lien social, lutte contre le changement climatique, recherche médicale, santé des jeunes ou encore droits des femmes.
Abritée par la Fondation de France depuis sa création en 1982, la Fondation Mustela soutient des projets de recherche universitaire et des initiatives de terrain sur le développement de l’enfant et la parentalité. Retour sur trois thématiques clés à l’occasion des 40 ans de la Fondation Mustela avec Emmanuelle Dumas, Directrice Communication et Mécénat.
Soutenir les sage-femmes
Dès les premières années de son existence, la Fondation Mustela a choisi de s’adresser aux acteurs de la petite enfance, pédiatres comme puéricultrices, qui représentent des interlocuteurs clés pour les familles. Elle agit également aux côtés des sage-femmes afin de soutenir la prévention dans le domaine obstétrical.
C’est dans ce sens qu’elle crée en 2012, en partenariat avec le CNSF (Collège National des Sages-femmes de France), la Bourse de Recherche en Maïeutique, visant à améliorer la santé périnatale. L’objectif : soutenir chaque année des travaux universitaires de professionnels sur des thématiques variées, notamment sur le sujet de l’accouchement, régulièrement mis en avant. Plusieurs thèses et recherches soutenues par la fondation lui font ainsi honneur : Clara Rollet, en 2020, dans sa thèse sur les maisons de naissance ; Jade Merrer, en 2018, dans sa recherche consacrée aux méthodes non-médicamenteuses de réduction des douleurs durant le travail ; ou Géraldine Meunier, l’année précédente, grâce à sa minutieuse comparaison des avantages des différentes positions maternelles à l’accouchement.
De moins en moins taboue mais encore largement sous-estimée et sous-diagnostiquée à ce jour, la dépression post-natale (DPN) constitue un sujet clé pour la fondation, et sa prévention fait partie de ses préoccupations. C’est ainsi qu’en 2013, la Fondation Mustela soutenait la psychologue Pauline Minjollet pour sa recherche consistant à soumettre à des femmes enceintes des tests permettant d’identifier les signes d’une “coloration dépressive” pouvant annoncer de potentielles difficultés par la suite, notamment une DPN. Cet enjeu est important car il toucherait entre 15 % et 20 % des jeunes mères. C’est pour cela qu’une thèse, soutenue fin 2021 par Dahlia Tharwat, se consacre à l’élaboration d’un programme de formation sur le sujet. Destiné aux soignants, ce travail vise à faciliter le dépistage des mères à risque et améliorer leur suivi avant et après l’accouchement.
C’est aussi tout naturellement que la Fondation a choisi de donner la parole à des sages-femmes afin d’accompagner les mères et futures mères. Le podcast “Accouche” permet d’aborder, avec bienveillance et sans tabou, divers sujets liés à la naissance et l’accouchement. En bref, un podcast qui raconte l’intimité de la naissance. Avec 10 épisodes en ligne, Accouche rencontre un vif succès et compte plus de 90 000 écoutes cumulées.
Soigner le lien entre la mère et l’enfant
En lien avec la périnatalité, les troubles mentaux représentent un enjeu majeur et une préoccupation de longue date pour la Fondation Mustela car ils peuvent altérer le lien entre la mère et l’enfant. C’est pour cela que des psychologues et psychiatres font partie depuis toujours de ses comités scientifiques.
Ainsi, la formation de premiers liens de qualité avec le nouveau-né constitue un sujet phare pour la fondation qui a souvent soutenu les psychologues menant des recherches dessus. C’est le cas d’Anne Delavenne qui a étudié en 2006 le rôle de la « musicalité », les sons produits par la mère et l’enfant durant leurs premiers échanges.
C’est sur cette même thématique que la psychiatre Valérie Garez recevait en 2009 un Prix de Recherche-Action pour sa recherche sur les vulnérabilités maternelles visant à accompagner au mieux les femmes ayant souffert de difficultés psychiatriques. Comment ? À l’aide d’un auto-questionnaire simple et rapide à remplir par la mère à la maternité.
De nombreuses autres recherches sur des thématiques proches ont été accompagnées par la fondation toutes ces années. L’objectif de l’ensemble de ces recherches : aider les parents (et plus généralement les mères) et leurs enfants à créer et développer des relations harmonieuses.
Les enfants face au numérique
84 % des enfants de 2 ans regardent la télévision au moins une fois par semaine. Les technologies numériques sont omniprésentes dans nos quotidiens, et tendent de plus en plus à le devenir dans celui des enfants. La crise sanitaire et ses confinements ont fait croître ce phénomène d’exposition précoce aux écrans.
Le sujet n’est évidemment pas récent. Il y a dix ans déjà, la Fondation Mustela agissait et sensibilisait sur le rôle des écrans dans l’éducation des enfants. C’est ainsi qu’à l’occasion d’un événement organisé par la fondation, le psychologue et psychanalyste Sylvain Missonnier mettait en avant les principes éducatifs autour de la gestion des écrans et rappelait bien qu’il ne faut pas pour autant diaboliser tous les dispositifs numériques. Il est surtout question de mieux former les jeunes et les parents à leur usage, d’accompagner l’apprentissage et de combiner des expériences virtuelles et réelles sur un même sujet.
C’est dans ce sens qu’en 2019, la Fondation Mustela décernait un Prix de Recherche-Action à un projet doctoral singulier et pluridisciplinaire d’une architecte, Marion Voillot, ayant conçu un dispositif de « numérique tangible » baptisé « e-gloo ». Il s’agit d’un espace pour enfants comportant des caméras et capteurs avec des interfaces sonores lumineuses et vibratoires. C’est donc un numérique que les enfants peuvent s’approprier. L’objectif : mettre le numérique et l’innovation au service du développement et de l’épanouissement de l’enfant. Ce dispositif a d’ailleurs été accueilli dans plusieurs maternelles.
Ces trois thèmes montrent que la Fondation Mustela est un grand témoin des tendances et évolutions des sujets sociétaux en lien avec l’enfance et la famille. Tout au long de ses 40 ans d’existence, la fondation a ainsi su capter mais aussi refléter et accompagner ces tendances afin de les aider à se développer, à se concrétiser. Il s’agit ici de rendre hommage aux femmes et hommes à l’origine de nombreuses recherches, expérimentations de terrain, créations et innovations, au service de l’accouchement, du lien entre la mère et l’enfant, et plus globalement du développement de l’enfant et de la parentalité.