Publié le 5 juin 2018
Non, social et business ne sont pas antinomiques. D’ailleurs, le social business a le vent en poupe et c’est bien légitime. Fabienne Ernoult, Déléguée Générale à la RSE du groupe et de la Fondation APRIL, confronte les enjeux de la RSE avec les objectifs stratégiques de l’organisation.
Après des années de « social washing », durant lesquelles beaucoup d’entreprises se paraient d’un vernis RSE, beaucoup de dirigeants perçoivent enfin le rôle incontournable joué par la dimension sociale de leur activité. C’est vrai partout, dans toutes les structures, dans tous les secteurs, dans toutes les professions : prendre soin des autres, de son écosystème, de ses parties prenantes, c’est prendre soin de soi, donc nourrir sa croissance durablement. Il ne s’agit pas de transformer toutes les entreprises en ONG. Il ne s’agit pas non plus de réaliser de-ci delà quelques opérations ponctuelles qui n’auraient pas de sens. En matière de responsabilité sociale comme pour beaucoup d’autres axes de développement de l’entreprise, tout est une question de conviction, d’orientation stratégique mais aussi de sincérité.
Le groupe APRIL porte depuis sa création une dimension RSE forte étroitement associée aux activités business des sociétés du groupe, et une Fondation qui fête ses 10 ans cette année. Déterminés à rendre l’assurance plus accessible au plus grand nombre, nous avons choisi de concentrer notre action sur l’accès à l’emploi et l’insertion sociale. Nous avons commencé par nous appliquer à nous-mêmes nos valeurs et nos axes d’engagement responsables, au travers d’initiatives permettant de faire travailler des personnes en situation de handicap, le recrutement de jeunes éloignés du monde de l’emploi via le programme Première Marche pour l’Emploi, ou encore la possibilité pour nos collaborateurs de dégager du temps pour des missions solidaires par exemple. Progressivement, forts de nos succès internes, nous avons commencé à inclure notre écosystème dans notre dynamique positive, en co-réalisant des missions solidaires avec nos partenaires notamment.
Nous sommes aujourd’hui en capacité d’en faire un levier business : nous proposons certains de nos programmes RSE comme des offres auprès de nos clients grands comptes, tels que notre solution APRIL For Me, qui rassemble des services d’accompagnement de collaborateurs en cas d’accident de la vie. Une solution que nous avons pris le soin de tester auprès de l’ensemble de nos collaborateurs, pendant deux ans, avant de décider de la mettre à profit d’organisations et d’entreprises externes. Sur un marché de l’assurance qui tend à se standardiser, parce toujours plus concurrentiel et règlementé, ce type de démarche constitue non seulement un atout commercial, mais aussi un levier d’attractivité et de fidélisation des candidats et des collaborateurs.
Faut-il pour autant complètement transformer nos modèles, nos offres, notre façon de travailler ? Personnellement, je ne le pense pas. Je suis convaincue que la dimension responsable doit apporter une véritable valeur ajoutée, et coller à nos réalités. Quand on s’intéresse par exemple aux publics les plus contraints pour apporter des facilités et de la simplicité, on réalise souvent qu’in fine on sert le plus grand nombre. L’approche systématique pourrait la rendre contre-productive : on sait par exemple qu’inclure un volet responsable à tout prix peut rendre un produit trop complexe ou trop cher donc impossible à commercialiser… Et au final inaccessible pour le client final.
Pour trouver le juste milieu, le bon positionnement, le « ni trop, ni trop peu », il me semble qu’il faut inclure la dimension responsable à tous les niveaux de l’entreprise, en particulier dans les comités de direction, qui ont le pouvoir de décider de la place à consacrer à ces sujets. Il me semble aussi et peut-être surtout qu’il faut donner de la place aux initiatives des collaborateurs qui font vivre la dimension sociale de leur entreprise et se laisser la possibilité de tenter, donc d’échouer : nous n’avons alors rien à perdre, et – tous – tout à gagner.