Publié le 25 juillet 2017
Aujourd’hui dans le monde, près de 767 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté, soit avec moins de 1,90 dollar par jour, et plus de 194 millions de personnes sont exclues du marché du travail, ce qui restreint leur capacité à jouir de leurs droits humains les plus fondamentaux, comme l’accès à l’énergie et à l’éducation.
Depuis 2009, Schneider Electric contribue au développement énergétique des économies émergentes avec son programme Accès à l’Énergie, en s’appuyant sur trois piliers : des produits et solutions (qu’il conçoit et déploie pour permettre l’accès à l’énergie pour tous), deux fonds d’investissement pour le soutien à l’entrepreneuriat permettant l’accès à l’énergie et le programme « Formation et Entrepreneuriat ».
Schneider Electric a récemment redéfini le périmètre du programme « Formation et Entrepreneuriat » pour y donner une large place à l’esprit d’entreprendre. Pourquoi ? Parce que le Groupe est convaincu que les entrepreneurs informels et les entrepreneurs sociaux du domaine de l’énergie sont des acteurs clés d’un accès durable à l’énergie pour leurs communautés. Plongée au cœur du sujet avec Diane Le Goff, Chef de Projet Afrique pour le programme Accès à l’Énergie, Formation et Entrepreneuriat.
Les micro-entrepreneurs et les entrepreneurs sociaux du secteur de l’énergie : acteurs clés du développement économique et social des communautés locales
En développant à la fois leur tissu socio-économique et en offrant des solutions originales aux problèmes locaux, les entrepreneurs bâtissent des modèles de croissance durables et inclusifs. C’est particulièrement vrai dans le domaine de l’énergie où ils sont nécessaires tout au long de la chaîne de valeur. Que ce soit en créant des offres en phase avec les réalités locales, en étant l’interface avec le client final, ou en réalisant l’installation et la maintenance des équipements, enjeu majeur à moyen et long terme.
Par ailleurs, l’entrepreneuriat dans le secteur de l’énergie offre des opportunités d’insertion professionnelle, notamment pour des personnes éloignées de l’emploi. D’ici 2019, 212 millions de personnes seront sans emploi, un chiffre qui continuera de croître avec la démographie. Dans l’intervalle, il existe un vrai potentiel de création d’emplois dans le secteur de la fabrication, l’installation, l’exploitation et la réparation des solutions d’électrification sur réseau et hors réseau. Les compétences spécifiques pour l’électrification rurale par exemple, sont encore souvent rares.
Conscient de ces enjeux, Schneider Electric a structuré son action de soutien à l’entrepreneuriat pour les micro-entrepreneurs et les entrepreneurs sociaux :
- Contribuer à créer des écosystèmes locaux favorables à l’esprit d’entreprise par le biais de partenariats avec des organisations non gouvernementales, des entreprises, les États, des agences de développement et des donateurs ;
- S’adapter aux spécificités locales en soutenant le développement de formations techniques dans l’énergie en adéquation avec les modes de vie locaux, mais aussi en analysant les réalités locales du marché de l’emploi et la réglementation ;
- S’assurer d’intégrer les femmes à chaque étape de la chaîne de valeur du secteur de l’énergie.
Créer des écosystèmes favorables aux entreprises sociales et aux micro-entreprises
Si l’entrepreneuriat est une chance pour les pays en développement, les entrepreneurs du secteur de l’énergie font face à un manque crucial de ressources et de compétences sur le terrain, notamment du fait du manque d’infrastructures pour les soutenir.
Face à ce problème, la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement a élaboré un cadre de politique entrepreneuriale définissant les sept axes contribuant à mettre en place un écosystème favorable : les stratégies nationales d’entrepreneuriat, le cadre réglementaire, le développement des compétences, l’accès au financement, la mise en réseau, le partage des connaissances, et la sensibilisation.
Dans le cadre du programme « Formation et Entrepreneuriat », nous essayons de développer un large éventail d’actions pour aider à créer les écosystèmes favorables aux entreprises sociales et aux micro-entreprises dans le secteur de l’énergie. Grâce à la Fondation Schneider Electric, sous l’égide de la Fondation de France, à l’engagement de nos collaborateurs et à notre réseau de partenaires mondiaux et locaux (ONG, entreprises, ministères, agences de développement), nous avons déjà soutenu 950 entrepreneurs dans le monde et notre objectif est d’atteindre 10 000 d’ici 2025. Nos projets comprennent le développement des compétences, le mentorat et la facilitation du financement aux aspirants entrepreneurs qui terminent leur formation, l’accompagnement des électriciens du secteur informel et des entrepreneurs sociaux innovants.
Adapter notre approche aux spécificités locales du secteur de l’énergie
Pour assurer l’efficacité du soutien apporté aux entrepreneurs, il est également essentiel de s’adapter aux contextes locaux. Une analyse de la réalité locale de l’emploi, des modes de vie, des cadres réglementaires et des profils des entrepreneurs locaux est donc nécessaire avant de développer toute action.
L’importance du secteur informel doit notamment être prise en compte, car elle représente entre 50 et 75 % de l’emploi dans les pays en développement. Ce chiffre reflète la nécessité pour la population de créer localement sa propre activité économique pour sécuriser ses conditions de vie. Notre programme se concentre notamment sur l’accompagnement des micro-entrepreneurs du secteur informel dans le domaine de l’énergie car, chez Schneider Electric, nous sommes convaincus que ce secteur est clé pour l’inclusion socio-économique des catégories les plus défavorisées, notamment les jeunes et les femmes. De plus, nous pensons que les solutions d’électrification rurale innovantes de demain seront développées par les entrepreneurs sociaux des pays qui connaissent la problématique du non accès à l’énergie. Ces entrepreneurs sont des acteurs clés du changement ; ils ont besoin d’un accompagnement afin de se structurer.
À l’échelle mondiale, 470 millions d’emplois devront être créés entre 2016 et 2020 pour accueillir sur le marché du travail tous les nouveaux jeunes actifs. Le soutien à l’entrepreneuriat doit donc viser particulièrement les jeunes défavorisés. En Afrique en particulier, 10 à 12 millions de jeunes entrent chaque année sur le marché du travail dont seulement environ 3 millions trouvent des emplois formels. Innovants et capables de prendre des risques, les jeunes représentent un vrai potentiel entrepreneurial.
Les femmes, quant à elles, ont tendance à être particulièrement discriminées à l’embauche ou dans leurs initiatives entrepreneuriales dans le secteur de l’énergie, encore considéré comme un secteur exclusivement masculin dans la pensée collective. Pourtant, les femmes sont souvent les premières responsables de l’accès à l’énergie de leur foyer dans les économies émergentes. Nous soutenons que des programmes d’entrepreneuriat ciblés sur l’accompagnement des femmes peuvent aider à surmonter ces lacunes.
Aider les femmes à entreprendre dans le domaine de l’énergie
Dans les pays émergents, les obstacles que les femmes rencontrent au moment de se lancer dans une carrière dans le secteur de l’énergie sont nombreux : elles deviennent mères très tôt et ne poursuivent ainsi pas les études qui leur permettraient d’entrer dans une activité économique formelle. Discriminées dans l’accès à la formation, elles poursuivent rarement une formation technique donnant accès à des professions considérées comme masculines et n’acquièrent pas non plus les compétences « soft » (management, communication, relations commerciales, gestion du stress, leadership, etc.), nécessaires pour créer et développer une entreprise.
Les programmes inclusifs de soutien aux femmes entrepreneurs ont montré leur efficacité. Lorsqu’elles ont accès à la formation, au mentorat, à la microfinance, et bénéficient d’une aide familiale pour la garde de leurs enfants, les femmes transforment leur potentiel en success stories.
Faisant le constat que ces programmes accompagnent la plupart du temps les femmes dans des domaines non techniques, chez Schneider Electric, nous avons fait le choix de soutenir des organisations locales spécialisées, capables d’aider les femmes à acquérir les compétences techniques et pointues qui leur permettent d’être présentes à toutes les étapes de la chaîne de valeur énergétique. Ces programmes s’accompagnent également de campagnes de sensibilisation des hommes. Au Brésil, par exemple, hommes et femmes sont formés ensemble dans le domaine de l’électricité et à l’exploitation d’installations photovoltaïques. Ce programme leur permet également de créer leur entreprise jusqu’à l’obtention des premières commandes. Vecteur de progrès social, ce programme crée les conditions d’une reconnaissance mutuelle. En travaillant avec les femmes, les hommes abandonnent progressivement leurs préjugés. Les femmes se prouvent à elles-mêmes qu’elles sont capables de développer leurs compétences et de devenir d’excellentes électriciennes
Si les capacités des femmes ne sont plus à démontrer, il reste cependant beaucoup à faire dans le secteur de l’énergie en matière d’acceptabilité sociale des femmes. Encore mal considérées elles sont souvent confrontées à de l’insécurité. Dans ces programmes d’accompagnement, Schneider Electric souhaite faire progresser cette question et jouer un double rôle d’autonomisation économique des femmes et de plaidoyer en faveur de l’égalité entre les sexes.