Qu’est-ce qui bouge en termes de RSE pour 2023 ? Quelles réglementations et normes arrivent ? Quels sont les sujets phares ? Décryptage de 5 tendances à venir.

1 – Les évolutions du reporting

2023 va marquer l’aboutissement d’un long processus de structuration des nouvelles normes et réglementations en matière de reporting. D’abord, une bataille est en train de se jouer entre les différents organismes de normalisation pour définir les grands principes du reporting. L’IASB, l’EFRAG et la SEC sont en train de produire (ou ont déjà produit) les premières grandes lignes de leurs référentiels (ISSB, l’ESRS, et la RCRD)… Qui n’ont pas toute la même ambition en matière de matérialité. L’Europe, la plus en avance sur le sujet, vient de lancer son calendrier pour les nouveaux reporting de durabilité, qui seront applicables dès l’exercice 2024.

2023 marquera donc une année de mise à niveau des équipes RSE sur les sujets de reporting. Avec la CSRD, les entreprises vont devoir collecter et mettre en forme de nouvelles données de durabilité, afin d’être prêtes pour les échéances de reporting des années suivantes : 2024 pour les entreprises cotées, 2025 pour les autres grandes entreprises, 2026 pour les PME cotées… Prochaine échéance : la publication des normes de reporting d’ici juin prochain… Et des normes sectorielles l’année prochaine. Le tout dans le cadre d’une taxonomie verte qui arrive elle aussi à maturité.

2 – L’enjeu de la chaîne d’approvisionnement et du devoir de vigilance

Pour les grandes organisations, la gestion de leur chaîne d’approvisionnement devrait aussi être une problématique essentielle en 2023. Les premières actions en justice fondées sur le devoir de vigilance commencent à émerger, et imposent donc aux entreprises une attention accrue à leurs fournisseurs, que ce soit en matière de respect des normes sociales et qu’en matière environnementale.

Pour les directions RSE et surtout pour les directions achat, cela signifie qu’il faut redoubler d’efforts pour structurer sa démarche d’achats responsables, choisir des fournisseurs de qualité. Cela implique donc de disposer de données de mesure d’impact.

3 – Engager les dirigeants et former les salariés

Pour s’engager vraiment en profondeur dans la transition écologique et sociale, les entreprises vont aussi devoir former et engager leurs dirigeants et salariés. En effet, le comité de direction et les dirigeants d’entreprise ont un rôle pivot dans l’élaboration d’une direction stratégique en matière de durabilité : ce sont eux qui fixent le cap, déterminent les orientations prises par l’organisation, que ce soit en termes de modèles d’affaires et de positionnement. Il faut donc que l’ensemble des dirigeants, dans toutes les directions stratégiques, opérationnelles et autres, soient pleinement formés et engagés. Pour faire face aux exigences de la transition écologique et sociale, il va falloir également former ses équipes.

C’est d’ailleurs une tendance qui monte chez les dirigeants innovants de suivre de sessions de formation personnalisées sur les enjeux de durabilité.

4 – La biodiversité au premier plan

COP15 sur la biodiversité oblige, la biodiversité s’invite aussi dans les grands sujets de moment pour les directions développement durable. Cela fait certes quelques années que le sujet émerge, mais faute d’avoir été longtemps occulté par la préoccupation « climat », la biodiversité et la nature sont jusqu’ici restées les parents pauvres de l’action de durabilité des entreprises. Mais cela pourrait changer cette année.

La préoccupation monte chez les consommateurs, les collaborateurs et l’ensemble des parties prenantes. La COP15 a acté la nécessité de mettre la mesure d’impact sur la biodiversité et la nature au cœur des obligations des entreprises. Des méthodes de mesure arrivent : le Global Biodiversity Score, par exemple. Mieux prendre en compte la nature et le vivant, préserver et restaurer les écosystèmes, utiliser des matières naturelles : voilà qui devrait donc agiter les entreprises en 2023.

5 – Communication responsable : le greenwashing sur la sellette

La communication responsable est aussi un enjeu fondamental pour les organisations aujourd’hui. D’abord car les parties prenantes prennent de plus en plus conscience que la grande majorité des discours d’entreprise en lien avec la transition écologique flirtent avec le greenwashing. Sur les réseaux sociaux, nombreux sont ceux qui dénoncent les communications outrancières des entreprises, notamment sur la neutralité carbone ou sur leur impact environnemental. La Loi Climat et Résilience a aussi mis en place de nouvelles normes autour de la communication des sujets environnementaux, et des organismes comme l’ARPP publient leurs recommandations pour une communication plus responsable, des outils comme « la Fresque de la Publicité » se développent…

Bref, les choses avancent doucement et les entreprises ont tout intérêt à engager un travail de fond sur leurs stratégies de communication si elles ne veulent pas perdre leur crédibilité.

Objectif 2023 : se former vraiment aux enjeux de la communication responsable et élaborer une stratégie ad hoc !