Il est aujourd’hui reconnu que la déforestation contribue de façon extrêmement importante au réchauffement climatique. A l’approche de la COP21, cette question sera donc très importante à traiter pour les Etats et pour les entreprises. Qu’est-ce que la déforestation ? Comment lutter contre ce phénomène ? Comment les entreprises peuvent-elles agir ? La réponse à ces questions sur e-RSE.
La déforestation, premier facteur du changement climatique ?
Comme nous l’avons vu récemment, la déforestation contribue au réchauffement climatique à travers le monde. Comment est-ce possible ?
Chaque année, nous détruisons plusieurs millions d’hectares de forêt. 18 millions d’hectares ont ainsi été détruits en 2014, soit l’équivalent de deux fois la surface du Portugal. Or, la destruction de ces arbres a un impact important sur les écosystèmes. En effet, en détruisant des arbres, on diminue la capacité des écosystèmes à stocker le CO2 de l’atmosphère, puisque les arbres ont, grâce à la photosynthèse, la capacité d’absorber le CO2.
Résultat, on estime que près de 11% des émissions de CO2 annuelles pourraient être évitées si l’on ne pratiquait pas la déforestation. C’est plus que les transports routiers, plus que les industries du pétrole et l’industrie chimique.
On pense aussi que la déforestation est à l’origine de nombreux problèmes écologiques, comme les glissements de terrains ou les innondations.
Enfin, les spécialistes pensent que l’épidémie d’Ebola (qui a menacé l’Afrique de l’Ouest) serait en partie due à la déforestation, qui a forcé les chauve-souris porteuses du virus à s’aventurer dans les zones habitées par les humains pour se nourrir.
Comment lutter contre la déforestation, lors de la COP21 ?
Pendant la COP21, la déforestation devra faire partie des enjeux discutés. L’objectif ? Trouver un accord qui permette d’arrêter la diminution des espaces forestiers d’ici 2030. Les négociations en ce sens ont d’ailleurs déjà commencé, et pour la première fois la plupart des pays possédant des forêts tropicales ont accepté d’endosser les objectifs proposés par l’ONU.
Le problème est de savoir comment les mettre en place en pratique. En effet, les pays concernés tirent souvent une partie non négligeable de leur richesse et de leur développement économique de l’exploitation des forêts. Impossible pour eux d’interdire purement et simplement les activités forestières, au risque de sacrifier leur économie et donc la lutte contre la pauvreté (un enjeu particulièrement important pour des pays comme le Brésil).
Il faut donc trouver des réglementations permettant d’encadrer l’exploitation de façon responsable et des incitatifs économiques suffisants pour pousser les entreprises et les populations à réduire l’exploitation, ou à la compenser.
Or pour l’instant, on ne sait pas réellement quels incitatifs fonctionnent le mieux car on connait mal « l’économie de la déforestation ». En effet, mettre des quotas et des amendes dans une zone peut être efficace, mais conduirait aussi et surtout à déplacer le problème dans les zones non contrôlées. L’un des enjeux de la COP21 sera donc de permettre le développement de tests pour évaluer l’efficacité des différentes mesures afin d’être le plus efficace possible.
Lutter contre la déforestation : un enjeu majeur pour les entreprises
De leur côté, les entreprises ont bien compris la nécessité de lutter contre la déforestation, en termes d’image d’abord, mais aussi en termes de consolidation de leur supply chain. Les classements comme « Forest 500 » identifient déjà les acteurs les plus efficaces de la lutte contre la déforestation.
De nombreuses entreprises mettent d’ores et déjà en place des projets de compensation (offsetting) en plantant des arbres pour compenser leurs activités de déforestation. Mais l’enjeu est aujourd’hui dans l’insetting : l’intégration de la question de la déforestation au coeur des problématiques business de l’entreprise.
L’exemple le plus parlant de cette nouvelle façon de percevoir le problème de la déforestation est à chercher chez le Groupe Accor. Avec Pur Project, ils se sont lancés dans un vaste programme de reforestation, notamment en Asie du Sud-Est. Après s’être rendu compte que la déforestation affectait ses activités (des hôtels Accor avaient été affectés par les inondations à Bangkok par exemple), le Groupe s’est associé à Pur Projet pour planter des arbres dans les zones qui pouvaient affecter leurs activités.
Les entreprises prennent donc progressivement conscience du problème et les Etats se mettent d’accord. Le temps semble donc être plus que jamais propice à l’action et à des décisions qui permettent d’arrêter la véritable hémorragie que les forêts mondiales subissent depuis une centaine d’années.
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