Les arbres sont en train de mourir à un rythme infernal, partout dans le monde. Et ce phénomène n’est pas lié à la déforestation : c’est le réchauffement climatique le responsable.
Les arbres sont un élément essentiel des écosystèmes terrestres. Véritables puits de CO2, réservoirs vivants de biodiversité et de stabilité pour les écosystèmes, les arbres constituent l’un des maillons les plus forts de la résilience de nos environnements. Pourtant, tout au long de l’histoire humaine, les arbres ont été détruits, menacés et fragilisés.
L’histoire n’est pas récente : dès le développement de l’agriculture, les grandes périodes de déforestation ont marqué l’histoire de la planète. Mais depuis quelques dizaines d’années, les choses s’accélèrent. De plus en plus d’arbres disparaissent. Une partie, bien sûr est perdue à cause de la déforestation et des arbres que l’on coupe pour les cultures ou pour l’élevage et l’urbanisation. Mais un phénomène nouveau apparaît : les arbres meurent, non pas parce qu’ils sont coupés ou brûlés, mais à cause notamment du réchauffement climatique et de l’extinction de la biodiversité.
Pourquoi les arbres meurent à cause du réchauffement climatique ?
C’est un effet assez méconnu du réchauffement climatique : il tue les arbres. Le phénomène est assez élaboré et a des intrications complexes. D’une part, évidemment, la chaleur a un effet sur les arbres. Dans certaines zones où les températures montent, certaines espèces ont du mal à survivre. Le manque d’eau peut aussi les affecter. Dans ce cas, la compétition avec d’autres espèces plus rustiques les prive d’eau et de nourriture et les arbres finissent par mourir. Ils peuvent alors pourrir sur place ou se dessécher.
Mais le changement climatique a d’autres conséquences, parfois indirectes sur les arbres. Avec un climat changeant, certaines maladies ou certains parasites peuvent se déplacer, et envahir des zones où ils ne survivaient pas auparavant. Ces maladies peuvent alors affecter des espèces d’arbres qui ne sont pas équipées pour les combattre, et là encore, cela peut finir par les tuer.
Même phénomène pour la biodiversité : certaines espèces envahissantes peuvent se développer dans des zones nouvelles, alors que d’autres ont du mal à survivre à cause des changements climatiques. Résultat, l’écosystème est perturbé, et parfois ce sont les arbres qui subissent ces changements.
Enfin, d’autres phénomènes comme l’acidification des océans, la montée des eaux salines près des côtes ou les pluies acides peuvent menacer également les arbres. Au total, un peu partout dans le monde, les arbres meurent à cause du réchauffement climatique.
La disparition des arbres : catastrophe écologique
D’après les scientifiques, les arbres sont en train de mourir à un rythme alarmant : deux fois plus rapidement aujourd’hui qu’il y a 35 ans. Et c’est une véritable catastrophe écologique, notamment car nous ne pouvons strictement rien faire directement pour l’éviter.
Contrairement à la déforestation, que l’on peut limiter en créant des zones protégées ou des réglementations, la mort des arbres est un phénomène autonome. C’est le réchauffement climatique et la disparition de la biodiversité qui sont parmi les premiers responsables et à moins d’agir sur ces causes, on est aujourd’hui incapable de protéger ces arbres menacés.
Or, de ces arbres dépend la stabilité des milieux : les arbres sont les habitats de niches écologiques extrêmement importantes, qui garantissent l’équilibre des écosystèmes. La plupart des hot spots de biodiversité dans le monde sont situés dans des forêts. Les arbres et les forêts sont aussi les garants de la stabilité géographique et géologique : ils contribuent à stabiliser les sols, à les rendre moins vulnérables aux inondations ou aux glissements de terrains. Sans parler du rôle qu’ils jouent en tant que puits de carbone et de producteur d’oxygène, qui permet de ralentir le réchauffement climatique.
Nous avons besoin des arbres et leur disparition est sans doute aussi inquiétante que celle, plus médiatique, des abeilles et insectes pollinisateurs.
Le cercle vicieux de la mort des arbres
Le problème, c’est que ce phénomène est un véritable cercle vicieux. Les arbres sont plus vulnérables et leur mortalité augmente à cause du réchauffement climatique. Mais lorsque des arbres disparaissent, le réchauffement climatique s’accélère. Et donc plus d’arbres disparaissent. Lorsque des arbres meurent, les écosystèmes sont fragilisés, ce qui accroit la menace sur les arbres qui survivent sur le territoire. Et donc, plus d’arbres disparaissent. De plus, lorsque ces arbres meurent, leur décomposition entraîne de fortes émissions de gaz à effet de serre, qui contribuent à leur tour au réchauffement climatique, et donc à la mort de plus d’arbres.
C’est le type de phénomènes auto-entretenus qu’il est difficile de combattre par de simples mesures. Pour ralentir ce phénomène, il faudrait à la fois protéger les forêts par des règlementations, planter plus d’arbres pour compenser, mais surtout remettre en cause notre modèle de développement de façon à limiter nos consommations d’énergies fossiles et de ressources, pour in fine, lutter contre le réchauffement climatique.
Mais les mesures qui sont prises dans ce sens actuellement semblent bien insuffisantes au regard de ce défi colossal.