Qu’est-ce que la déconsommation ? Quelle synergie entre déconsommation choisie et décroissance ? Deux exemples à l’échelle du monde.
Définition de la déconsommation
D’un point de vue objectif, la déconsommation est un processus par lequel le niveau quantitatif de consommation d’une entité économique donnée (marché, zone géographique, catégorie sociale…) diminue dans des proportions significatives.
Sur le terrain et schématiquement, deux types de déconsommation sont toutefois à considérer :
- La déconsommation subie : ponctuelle ou plus durable, voire cyclique, elle résulte d’une conjoncture économique défavorable qui entraîne une stagnation ou une diminution du pouvoir d’achat, mais aussi d’une simple perte de confiance des consommateurs qui génère une baisse de leur consommation, parfois au profit de l’épargne.
- La déconsommation volontaire : plus tendancielle, observable à moyen et long terme, elle participe d’un choix délibéré de restriction de la consommation, motivé par une volonté de prise en compte des enjeux sociétaux et environnementaux. Ce type de déconsommation choisie s’insère alors dans un souci global de développement durable et privilégie des modes alternatifs de consommation responsable tels qu’ils sont définis, entre autres, par les principes de l’économie collaborative ou de l’économie de la fonctionnalité.
Selon les contextes et circonstances, ces deux types de déconsommation peuvent s’exprimer indépendamment l’un de l’autre ou bien coexister et s’alimenter mutuellement au sein d’une même entité.
Déconsommation : un phénomène de société
La déconsommation volontaire est un phénomène de société émergent assez complexe. Il tire son origine du refus de la mondialisation, de la croissance économique et de la consommation de masse par une partie de la société. De plus en plus d’individus en sont en effet venus à considérer que le modèle de développement économique global actuel avait de trop nombreuses conséquences négatives : hausse des inégalités, déplétion des ressources naturelles, pollutions et dégradation de l’environnement, misère sociale et culturelle… Dans ce contexte, de plus en plus nombreux sont les penseurs, citoyens ou associations qui considèrent que la condition d’une société plus égalitaire et plus écologique est avant tout de changer nos modes de consommation.
Le premier pilier de ce changement serait la « déconsommation », c’est-à-dire la sortie de la consommation de masse. Concrètement, il s’agirait de consommer moins, de réduire nos achats, ce qui permettrait à terme de diminuer la production mondiale et donc de limiter les conséquences négatives de notre modèle économique.
Déconsommation ou décroissance ?
Pour autant, la déconsommation n’est pas nécessairement l’équivalent de la décroissance. En effet, si les partisans de la déconsommation appellent à la réduction quantitative de la consommation mondiale, ils n’appellent pas forcément à la diminution de la croissance économique au sens de la création de richesse. Ainsi, on peut théoriquement tendre vers la déconsommation en consommant moins en quantité mais mieux en qualité. C’est un mode de pensée que l’on retrouve notamment dans les mouvements comme la Slow Food : manger moins, mais des produits de meilleure qualité. Ainsi, même si la consommation globale est moindre, la richesse créée peut-être équivalente voire plus importante, puisque l’on produit des denrées de meilleures qualités dans de meilleures conditions.
Toutefois, les termes déconsommation et décroissance sont souvent marqués par une certaine porosité, chacun marquant la volonté d’un changement de modèle économique, une révolution des pratiques de production et de consommation et une remise en cause du modèle économique néo-libéral.
Déconsommation : mode ou nécessité ?
La déconsommation choisie s’inscrit aujourd’hui dans une dynamique plus ou moins radicale de résilience voire de décroissance. Ses partisans et adeptes appellent de leurs vœux et assument un modèle de société qui donne la priorité à la préservation des ressources, à la transition énergétique et écologique, et qui implique la stricte soumission des acteurs économiques aux exigences du développement durable.
Les mots d’ordre explicites ou implicites de la déconsommation militante sont :
- la simplicité volontaire,
- la sobriété partagée,
- la limitation des besoins,
- le bannissement du gaspillage,
- l’austérité, voire l’ascétisme pour les plus radicaux de ses praticiens.
Selon les défenseurs de la déconsommation, cette dernière serait la seule façon de préserver les sociétés humaines sur le long terme. La pensée de la déconsommation va ainsi dans le sens de nombreuses études scientifiques parues depuis le Rapport Halte à la Croissance du Club de Rome au début des années 70, et qui indiquent que notre mode de développement actuel est sur le point d’excéder les limites physiques de la planète et de ses ressources naturelles.
Eau et énergie : la déconsommation comme solution de résilience
Au-delà du simple consommateur, acteur individuel ou collectif d’une déconsommation subie ou volontaire, les grands choix stratégiques des instances dirigeantes s’emparent du concept, contraints par la nécessité de préservation de ressources vitales telles que l’eau ou les énergies non renouvelables. Par ailleurs, les exigences de la lutte contre le réchauffement climatique entraînent de fait des mesures inévitables de déconsommation des sources d’énergies fossiles, afin de répondre aux obligations de limitation des émissions de gaz à effet de serre.
Voir aussi : Démondialisation : définition, avantages et limites