Qu’est-ce que la relocalisation, en particulier la relocalisation industrielle ? Quels sont les facteurs économiques à l’origine d’une relocalisation ? Ses avantages et inconvénients ?
Définition de la relocalisation et de la relocalisation industrielle
La relocalisation est un processus qui consiste à rapatrier dans son lieu d’origine, ou à proximité, une production industrielle ou de service qui avait fait l’objet d’une délocalisation dans un autre pays à faible coût de main d’œuvre. Le terme, par extension, est également utilisé pour désigner un ralentissement effectif ou tendanciel des processus de délocalisation, pour un secteur économique donné ou de manière plus générale. La relocalisation est souvent associée au phénomène de démondialisation.
Dès les vingt dernières années du XXe siècle, des relocalisations on été constatées, notamment aux USA pour l’électronique, en Allemagne pour la production industrielle et plus généralement en Occident pour une part des activités liées au développement exponentiel des nouvelles technologies. Si le phénomène prend régulièrement de l’ampleur depuis les années 2000, il reste encore marginal dans un système d’échanges mondialisé où la recherche des coûts de main d’œuvre les plus bas reste la norme, et ce malgré les politiques publiques d’aide aux relocalisations dont les modalités ne suffisent pas à convaincre massivement les décideurs économiques.
Voir aussi : Mondialisation : définition, avantages, inconvénients
Les bases économiques de la relocalisation
L’équation est simple : si les avantages des délocalisations en termes de coûts disparaissent, voire se transforment en inconvénients, le processus s’inversera de lui-même et entraînera des relocalisations. C’est, dans une certaine mesure, ce qui explique en partie le début de tendance à la relocalisation observable :
- coûts de transport des marchandises à la hausse, qui rognent l’avantage compétitif des coûts de fabrication ;
- augmentation graduelle des coûts de main d’œuvre dans les pays émergents au fil de leur niveau de développement ;
- qualité parfois aléatoire des produits, dont le rapport coût de revient / niveau qualitatif s’avère inférieur au différentiel attendu ;
- marges affaiblies par les politiques de quotas et de taxes à l’importation dans les bassins de consommation…
Cependant, d’autres critères économiques tout aussi déterminants s’ajoutent aux considérations strictement financières pour inciter aux relocalisations :
- longueur parfois rédhibitoire des délais de livraison ;
- difficultés logistiques de coordination à distance entre donneurs d’ordres et exécutants ;
- impact d’un contrôle qualité déficient sur l’image de la marque…
Relocalisation : facteurs environnementaux et sécuritaires
Les critères écologiques, au sens large intégrant une ré-humanisation de l’économie, sont également un vecteur clé des relocalisations en cours et à venir. Si certaines marques et entreprises en font un élément majeur de leurs stratégies RSE en termes de développement durable, d’autres s’engouffrent dans la brèche avec un souci tout relatif de la transition écologique, pour de seuls objectifs marketing. Quoi qu’il en soit, ces critères n’en sont pas moins effectifs :
- amélioration du bilan carbone en supprimant les transports longue distance ;
- respect de normes environnementales de production strictes ;
- lutte contre les conditions de travail non conformes (surexploitation, travail des enfants…) ;
- tendance de fond des consommateurs à privilégier les circuits courts et la mise en avant des savoir-faire locaux…
Par ailleurs, différents aspects liés à la sécurité de l’activité économique interviennent de manière de plus en plus prégnante dans les décisions de relocalisation et leur mise en œuvre, tant au niveau des entreprises que des pouvoirs publics :
- lutte contre les transferts de technologie non contractuels ou abusifs, et autres plagiats ou contrefaçons ;
- réduction de la dépendance excessive aux fournisseurs étrangers, notamment asiatiques en général et chinois en particulier (la crise du Covid-19, en bloquant temporairement l’industrie chinoise, a révélé de manière criante cet excès de dépendance dont souffre l’ensemble des économies occidentales).