Qu’est-ce qu’une récession économique ? Qu’est-ce qui la provoque et comment est-elle traitée ? Combien de récessions depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale ? Perspectives à l’aune de la crise du Covid-19 et approche écologique de la récession.
Définition de la récession
En économie, on parle de récession pour une phase de baisse de l’activité qui se traduit par un produit intérieur brut (PIB) en recul sur au moins deux trimestres consécutifs. La récession est un élément constitutif des cycles économiques (expansion / pic de croissance / contraction / récession / expansion…). Elle devient problématique en cas d’excès d’amplitude et de durée.
Pour une phase de simple diminution du taux de croissance (qui reste positif), on parle de ralentissement. Pour un effondrement de la production particulièrement intense et durable, on utilise le terme dépression (ex. : la dépression consécutive au krach de 1929).
Récession ou décroissance ?
La récession doit être distinguée de la décroissance, bien qu’elles puissent revêtir des formes similaires dans certains cas. Là où la récession renvoie à une contraction économique prolongée mais involontaire et imprévue, la décroissance renvoie elle à un phénomène planifié et volontaire, prôné par les tenants d’un modèle économique alternatif non productiviste. La récession est souvent un phénomène global tandis que la décroissance peut être organisée dans certains secteurs seulement.
D’une manière générale, la récession et la décroissance ont des similitudes. Par exemple : diminution de la richesse créée par habitant, diminution de la production économique et financière globale, diminution du pouvoir d’achat de certaines populations. La différence principale entre récession et décroissance tient toutefois à son caractère volontaire ou non. Aussi, chaque phénomène s’accompagne respectivement de mesures très différentes. La récession appelle bien souvent à des politiques de relance globales, des politiques de compétitivité afin de regagner des parts de marché… La décroissance, quant à elle, va de pair (en théorie) avec des politiques de réformes profondes, sectorielles et générales, visant à transformer durablement le système productif et la comptabilité de la valeur.
Causes et traitement économique de la récession
Un simple ralentissement se transforme en récession quand un ou plusieurs phénomènes de déséquilibre (économique, financier, monétaire…) entraînent une situation de crise avec effet domino (les éléments de correction de ces déséquilibres peuvent également participer temporairement ou structurellement au processus de récession) :
- surcoût important et durable des énergies ou des matières premières ;
- restructurations et concentrations d’entreprises ;
- chômage de masse ;
- bulles financières, immobilières ;
- inflation excessive et durable ;
- surendettement des entreprises, des ménages…
Deux écoles principales s’opposent quant au traitement d’une récession :
- l’approche libérale compte sur un libre jeu des mécanismes de l’économie de marché pour corriger les déséquilibres en cause ;
- l’approche keynésienne prône un interventionnisme des pouvoirs publics via des mesures de relance par le soutien de la demande.
Exemples de récession majeurs depuis 1945
Les récessions significatives dans le monde industrialisé sont peu nombreuses depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale. On distingue principalement :
- la récession des années 1974-1975 consécutive au choc pétrolier de fin 1973 (réduction de la production et hausse brutale du prix du pétrole par l’OPEP) ;
- la récession des années 1992-1993 due à l’éclatement de bulles financières et à la crise du SME (Système monétaire européen) ;
- l’effondrement des subprimes en 2007 aux USA, qui entraîne une crise financière, puis de l’économie réelle, provoquant une récession mondiale en 2008 et 2009.
À noter que ces récessions « historiques », pour importantes qu’elles aient été, sont sans commune mesure avec l’ampleur de la crise économique liée à la pandémie de Covid-19 à l’œuvre depuis le début de 2020.
Récession et Covid-19 : perspectives et approche écologique de la crise
La pandémie et les mesures de confinement qui en ont découlé partout sur la planète ont entraîné une récession généralisée des économies, à commencer par celle de la Chine qui a vu l’« atelier du monde » s’arrêter en partie pendant plusieurs semaines. Dans un pays comme la France, ce sont 5,8 points de PIB qui ont disparu au seul premier trimestre 2020 (un chiffre sans précédent).
Nul ne sait aujourd’hui ce qu’il adviendra de cette situation inédite et des plans de relance massifs à l’issue de la crise sanitaire, mais d’ores et déjà, des remises en question se font jour y compris (même si la tendance y reste timide) au sein des cercles économiques les plus orthodoxes. Cette incertitude est bien sûr propice à un regain d’audience pour les théories de la décroissance ou, plus exactement, de la croissance verte, prônant un modèle économique fondamentalement renouvelé en accord avec les urgences du dérèglement climatique et du respect de la biodiversité.