Quelles tendances devraient animer les directions RSE en 2023 ? Du reporting à l’ancrage territorial en passant par les enjeux ESG, on fait le point sur les grandes tendances du moment.
Chaque année, Youmatter tente de se projeter dans les grandes évolutions liées à la transformation durable des entreprises. Qu’est-ce qui bouge ? Quelles réglementations et normes arrivent ? Quels sont les sujets « tendance » ? En voici 10.
1 – Les évolutions du reporting
2023 devrait marquer l’aboutissement d’un long processus de structuration des nouvelles normes et réglementations en matière de reporting. D’abord, une bataille est en train de se jouer entre les différents organismes de normalisation pour définir les grands principes du reporting. L’IASB, l’EFRAG et la SEC sont en train de produire (ou ont déjà produit) les premières grandes lignes de leurs référentiels (ISSB, l’ESRS, et la RCRD)… Qui n’ont pas toute la même ambition en matière de matérialité. L’Europe, la plus en avance sur le sujet, vient de lancer avec la CSRD son calendrier pour les nouveaux reporting de durabilité, qui seront applicables dès l’exercice 2024.
2023 marquera donc une année de mise à niveau des équipes RSE sur les sujets de reporting. Les entreprises vont devoir collecter et mettre en forme de nouvelles données de durabilité, afin d’être prêtes pour les échéances de reporting des années suivantes : 2024 pour les entreprises cotées, 2025 pour les autres grandes entreprises, 2026 pour les PME cotées… Prochaine échéance : la publication des normes de reporting d’ici juin prochain… Et des normes sectorielles l’année prochaine. Le tout dans le cadre d’une taxonomie verte qui arrive elle aussi à maturité.
Voir aussi : ISSB, ESRS, SEC : les enjeux de la bataille des standards de reporting extra-financiers
2 – La formation des salariés
Pour les entreprises, un autre enjeu se dessine de manière de plus en plus claire : pour faire face aux exigences de la transition écologique et sociale, il va falloir former ses équipes. Former les salariés aux enjeux climatiques, à ceux de la biodiversité ou à comprendre la RSE va devenir fondamental pour développer en interne les compétences nécessaires à la transformation durable. Il s’agit ici autant de créer un socle commun de connaissance, de sensibiliser, que de développer des compétences spécifiques : communication responsable, achats responsables, analyse ESG…
Chaque année, les sondages montrent que les salariés sont en demande de formations et d’informations pour intégrer à leur quotidien professionnel les enjeux de durabilité, et pour donner du sens à leur travail. De plus en plus d’entreprises s’engagent donc dans la formation de leurs collaborateurs à l’aide des nombreux outils qui se développent sur le sujet : e-learning, Fresques, MOOC, formations immersives, ateliers de co-construction…
Voir aussi : La formation au coeur de la transition écologique et sociale
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Youmatter accompagne les organisations dans la formation des collaborateurs sur les enjeux de transition écologique et sociale. Découvrez notre catalogue de formations.
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3 – Engager les dirigeants
Pour s’engager vraiment en profondeur dans la transition écologique et sociale, les entreprises vont aussi devoir former et engager leurs dirigeants. En effet, le comité de direction et les dirigeants d’entreprise ont un rôle pivot dans l’élaboration d’une direction stratégique en matière de durabilité : ce sont eux qui fixent le cap, déterminent les orientations prises par l’organisation, que ce soit en termes de modèles d’affaires et de positionnement. Il faut donc que l’ensemble des dirigeants, dans toutes les directions stratégiques, opérationnelles et autres, soient pleinement formés et engagés.
C’est d’ailleurs une tendance qui monte chez les dirigeants innovants de suivre de sessions de formation personnalisées sur les enjeux de durabilité.
Voir aussi : Mieux former les dirigeants aux enjeux de la transition écologique et sociale
4 – Frugalité et sobriété
En pleine crise énergétique, difficile de passer à côté de la notion de sobriété, qui est désormais au coeur des réflexions de tous les acteurs publics et privés. Forcément, les directions RSE ont aussi pris à bras le coeur cet enjeu fondamental et tentent de mettre en oeuvre une stratégie orientée sur la frugalité et la sobriété : consommer moins, réduire les gaspillages, produire moins mais mieux.
La sobriété qui est entrée dans les entreprises par la porte énergétique devrait devenir un sujet plus global, qui va demander aux directions (RSE mais pas que) une vraie réflexion de fond sur les business models. Économie circulaire, économie de la fonctionnalité, économie de la soustraction : voilà les termes qui montent.
Voir aussi : Pourquoi la sobriété est essentielle à la transition écologique et sociale
5 – La nature au premier plan
COP15 sur la biodiversité oblige, la biodiversité s’invite aussi dans les grands sujets de moment pour les directions développement durable. Cela fait certes quelques années que le sujet émerge, mais faute d’avoir été longtemps occulté par la préoccupation « climat », la biodiversité et la nature sont jusqu’ici restées les parents pauvres de l’action de durabilité des entreprises. Mais cela pourrait changer cette année.
La préoccupation monte chez les consommateurs, les collaborateurs et l’ensemble des parties prenantes. La COP15 a acté la nécessité de mettre la mesure d’impact sur la biodiversité et la nature au coeur des obligation des entreprises. Des méthodes de mesure arrivent : le Global Biodiversity Score, par exemple. Mieux prendre en compte la nature et le vivant, préserver et restaurer les écosystèmes, utiliser des matières naturelles : voilà qui devrait donc agiter les entreprises en 2023.
Voir aussi : Le piège de la marchandisation de la nature
6 – Communication responsable : le greenwashing sur la sellette
La communication responsable est aussi un enjeu fondamental pour les organisations aujourd’hui. D’abord car les parties prenantes prennent de plus en plus conscience que la grande majorité des discours d’entreprise en lien avec la transition écologique flirtent avec le greenwashing. Sur les réseaux sociaux, nombreux sont ceux qui dénoncent les communications outrancières des entreprises, notamment sur la neutralité carbone ou sur leur impact environnemental. La Loi Climat et Résilience a aussi mis en place de nouvelles normes autour de la communication des sujets environnementaux, et des organismes comme l’ARPP publient leurs recommandations pour une communication plus responsable, des outils comme « la Fresque de la Publicité » se développent…
Bref, les choses avancent doucement et les entreprises ont tout intérêt à engager un travail de fond sur leurs stratégies de communication si elles ne veulent pas perdre leur crédibilité. Objectif 2023 : se former vraiment aux enjeux de la communication responsable et élaborer une stratégie ad hoc.
Voir aussi :
[box]Se former aux enjeux de la communication responsable :
En 3 heures, la formation « Communication responsable » permet d’acquérir les connaissances et compétences pour établir et déployer un plan de communication responsable, éviter le greenwashing et adopter une posture inspirante et impactante.
Cette formation peut être complétée par La Fresque de la Publicité, un atelier collaboratif et participatif permettant de sensibiliser sur l’empreinte environnementale directe et indirecte du secteur de la publicité, créé par Youmatter !
Pour plus d’informations, consultez notre catalogue de formations.
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7 – L’ESG et l’investissement vert en pleine révolution
La finance verte est aussi en plein boom, et le sujet ne concerne pas seulement les acteurs de la finance ou de la banque. La plupart des grandes entreprises commencent à réfléchir à leurs mécanismes de financement, cherchent à s’intégrer dans des portefeuilles d’investissements « verts », à souscrire à des contrats de financement conditionnés à leur impact ESG.
Pour l’heure, ce monde de la « finance verte » est encore une jungle : les notations ESG restent très floues, très approximatives, les fonds et les portefeuilles très peu fiables… Mais les nouvelles réglementations sur le reporting ESG, les normes comme la taxonomie, et l’encadrement progressif des acteurs du secteur devraient bousculer petit à petit le monde de l’ESG et de l’investissement vert. Des évolutions qu’il faudra suivre en 2023.
Voir aussi : Gare aux dérives de la finance verte
8 – La santé mentale au travail
En matière de RSE, il n’y a bien-sûr pas que les enjeux environnementaux. Les problématiques sociales sont bien entendu essentielles, et en 2023, l’enjeu de la santé mentale au travail émerge plus particulièrement. Après des années compliquées, tant sur le plan sanitaire que sur le plan économique et social, de nombreux collaborateurs ressentent un mal-être dans leur activité professionnelle. Les nouveaux modes de travail, changeants (tantôt présentiel, tantôt distanciel) obligent à s’adapter à de nouvelles formes de communication au sein de l’entreprise, à adopter de nouvelles manières de gérer l’équilibre entre la vie privée et la vie professionnelle. Sans parler de la quête de sens et de justice qui anime de plus en plus de salariés.
Dans ce contexte, les directions RSE ont (avec les directions RH) un rôle essentiel de prévention, d’accompagnement et de suivi à jouer. Elles doivent agir pour faire bouger les lignes, que ce soit en termes de management, de rémunération, d’engagement et de sens…
9 – L’enjeu de la chaîne d’approvisionnement et du devoir de vigilance
Pour les grandes organisations, la gestion de leur chaîne d’approvisionnement devrait aussi être une problématique essentielle en 2023. Les premières actions en justice fondées sur le devoir de vigilance commencent à émerger, et imposent donc aux entreprises une attention accrue à leurs fournisseurs, que ce soit en matière de respect des normes sociales et qu’en matière environnementale.
Pour les directions RSE et surtout pour les directions achat, cela signifie qu’il faut redoubler d’efforts pour structurer sa démarche d’achats responsables, choisir des fournisseurs de qualité. Cela implique donc de disposer de données de mesure d’impact.
10 – Le retour au local
Enfin, la question du local devrait aussi être dans les préoccupations des entreprises en 2023. La crise sanitaire a remis sur le devant de la scène les notions de réindustrialisation, d’emploi local. D’autre part, les citoyens sont de plus en plus attentifs à l’impact local des organisations privées. C’est aussi localement que se joue bien souvent la réputation des entreprises, leur « licence to operate ». Pour les grandes entreprises, notamment celles qui portent des projets de nature à affecter les territoires, l’enjeu est donc de se reconnecter à ces territoires et de penser « ancrage local ».
S’insérer dans son territoire, avec les collectivités et les associations, voilà l’enjeu pour les entreprises qui, plus que jamais doivent « penser global, mais agir local ».
Voilà donc les tendances qui devraient animer les réflexions des responsables développement durable et RSE en cette nouvelle année. Reste à savoir sur les organisations sauront être à la hauteur de ces défis, elles qui, depuis trop longtemps trainent à agir vraiment pour contribuer à la transition écologique et sociale.
Voir aussi : Transition écologique : quel rôle pour les entreprises ?
Photo de Markus Spiske sur Unsplash