Le réchauffement climatique modifie profondément le cycle de l’eau à l’échelle mondiale. Pluies et humidité sont en train de changer partout dans le monde, de différentes manières. Un récent rapport fait le point sur les changements observés dans le cycle de l’eau dans le monde en 2022.
On le sait, le réchauffement climatique a des effets majeurs sur de nombreux cycles naturels, et notamment sur les cycles de l’eau. La hausse des températures moyennes à l’échelle de la planète modifie la façon dont l’eau s’évapore, se transporte et se répartit dans les différents territoires du globe. Elle provoque tantôt des sécheresses, tantôt des phénomènes d’inondations et de pluies sévères. Mais les connaissances sur ce sujet sont encore parcellaires. D’abord car il est difficile de prédire et même de mesurer les variations des cycles de l’eau : comme le cycle de l’eau varie en permanence, d’année en année, en fonction des phénomènes El Niño et La Niña, il est complexe de construire des moyennes et encore plus de prévoir des évolutions à long terme.
Pourtant, depuis quelques années, de plus en plus d’études tentent de surmonter ces difficultés pour mieux anticiper les variations du cycle de l’eau liées au réchauffement climatique. Et une coalition de chercheurs, le Global Water Monitor, vient même de publier un rapport de synthèse sur le sujet. Le rapport revient sur les changements observés en 2022 dans le monde, sur les changements des années précédentes, et permet d’anticiper les évolutions à venir et les tensions sur nos ressources en eau.
2022 : moins de pluie, moins régulières
Le principal enseignement de ce rapport, c’est que l’année 2022 a été globalement plus sèche que les normales, et ce, presque partout dans le monde. C’est une tendance lourde, que l’on observe depuis plusieurs années déjà : le réchauffement climatique réduit la quantité de précipitations moyennes dans la plupart des régions du monde. Ainsi, on peut observer que les années 2000, 2010 et 2020 avaient en moyenne des niveaux de précipitations inférieurs aux années 1980 et 1990, alors que les températures sont en moyenne nettement plus élevées.
Il fait donc plus chaud, et il y a moins de pluies. Mais paradoxalement, ce « moins de pluie » s’accompagne aussi d’une hausse des phénomènes de fortes pluies. Il y a moins de pluies en moyenne, mais lorsque la pluie tombe, elle tombe brutalement et fortement en très peu de temps. « La recherche montre que […] les précipitations extrêmes sur des périodes courtes (5 jours ou moins) sont plus communes » explique ainsi le rapport. On observe donc en même temps des sécheresses et des pluies extrêmes (parfois accompagnées d’inondations) dans des endroits différents et parfois dans les mêmes endroits.
Des variabilités régionales dans le cycle de l’eau
Toutefois, cette tendance n’est pas forcément homogène à l’échelle du globe. Ainsi, en Europe, l’été 2022 très chaud a ainsi mené à des sécheresses « flash », avec pas ou peu de pluies dans la plupart des régions. Mais à l’inverse, l’Asie du Sud-Est a cumulé l’année passée de très fortes températures et des précipitations intenses, avec des phénomènes de moussons particulièrement forts. Là encore, l’année 2022 symbolise bien ces tendances : plus de sécheresses en Europe, et plus de précipitations et d’humidité en Asie du Sud-Est et dans le sous continent indien.
Parmi les autres tendances de fond en 2022 : des conditions plus sèches aux Etats-Unis, combinées avec des températures élevées, favorables aux feux de forêts, une situation contrastée en Amérique du Sud, avec des régions très sèches et d’autres très inondées… Quant à l’Afrique, le content est très fragmenté, avec des zones plus sèches et d’autres plus humides, notamment au niveau des tropiques. Ces constats rejoignent en partie les modèles climatiques, qui estiment que les précipitations devraient augmenter dans les zones tropicales et baisser aux autres latitudes, en moyenne.
Forcément, ce changement de régime des précipitations provoque des conséquences variées : changement des flux des rivières, de la répartition des chutes de neige, changement dans les réserves d’eau potable, l’humidité des sols, ou encore modification du régime des vents, de la résilience des territoires face à l’érosion, et bien d’autres.
Climat et cycle de l’eau : un enjeu complexe encore mal connu
Ce rapport vient apporter une pierre à l’édifice encore en construction de la connaissance des cycles de l’eau dans un contexte de changements climatiques. De nombreuses études et de nombreux modèles tentent en effet de quantifier et de prévoir l’évolution des cycles de l’eau dans les différentes régions du monde en fonction des différents scénarios climatiques, mais le sujet est extrêmement complexe et les chercheurs ne sont pas encore sûrs des tendances que l’on devrait observer à l’avenir.
Toutefois, une chose est certaine, ce sujet sera fondamental dans les années à venir. Tant pour la planification des politiques agricoles que pour les transformations des systèmes énergétiques, il faudra prévoir les évolutions des cycles de l’eau, qui conditionneront profondément notre capacité de résilience collective. Et comme on peut d’ores et déjà l’observer, ces cycles de l’eau sont massivement transformés par le réchauffement climatique. Il y a donc urgence à comprendre, pour agir.
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