Qu’est-ce que l’initiative Science Based Targets (SBT), ou les objectifs fondés sur la science ? Quels sont les objectifs de la SBTi ? Comment est-ce que cela fonctionne ?
L’initiative Science Based Targets, en français « objectifs fondés sur la science », vise à accompagner les entreprises et les institutions financières dans la réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre (GES). En rejoignant l’Initiative, ces dernières s’engagent à prendre des actions concrètes, ambitieuses et cohérentes avec la connaissance scientifique afin de réduire leurs émissions de GES et ainsi lutter contre le réchauffement climatique.
Le secteur privé est historiquement un acteur majeur très actif dans la crise environnementale. La science occupe donc une place prépondérante dans l’examen des stratégies des entreprises en matière de réduction des GES puisqu’elle permet de créer des objectifs réalistes de décarbonation et facilite leur mise en vigueur.
Un rapport publié en 2017 par l’ONG Carbon Disclosure Project, également à l’origine de l’Initiative SBT, estime qu’une centaine d’entreprises du secteur des énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz) est responsable de 71% des émissions de gaz à effet de serre depuis 1988. Un constat en phase avec les travaux de Richard Heede, publiés dans la revue Climate Change en 2013. Mais c’est sans compter les autres secteurs polluants du BTP, de l’industrie lourde ou de l’agriculture.
Quels sont les objectifs de l’initiative SBT ?
L’initiative Science Based Targets se fixe 5 objectifs :
- Définir les bonnes pratiques environnementales dans les différents secteurs de pollution et les promouvoir dans les entreprises et les institutions financières ;
- Offrir une assistance technique et des ressources en adéquation avec les connaissances scientifiques les plus récentes ;
- Rassembler un groupe d’experts indépendants capable de valider la possibilité des objectifs fixés par les organisations ;
- Amener le secteur privé à la norme « Net Zero », ou en d’autres termes, que les entreprises atteignent, ou se rapprochent de la « neutralité carbone » d’ici 2050 ;
- Pousser les entreprises et les institutions financières à être plus responsables, et à être plus transparentes quant à leurs actions.
Comment est-ce que cela fonctionne ?
L’Initiative SBT, initié par quatre entités l’ONG Carbon Disclosure Project (CDP), Le Pacte mondial des Nations unies, l’Institut des ressources mondiales (World Resources Institute) et le WWF, consiste donc à juger de la pertinence et du sérieux des stratégies de décarbonation des entreprises sur les scopes 1 (les émissions directes) et 2 (émissions indirectes liées aux consommations énergétiques), et 3 (les autres émissions indirectes qui ne sont pas inclues dans les premiers scopes), si les émissions du scope 3 représentent 40% ou plus des émissions des deux premiers scopes.
Approfondir : Scope 1, 2 ou 3 – définition des périmètres du bilan d’émissions de CO2
Pour qu’une entreprise rejoigne l’intitiative SBT, elle doit d’abord envoyer une lettre afin d’attester de son engagement dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre liées à ses activités, développer une stratégie de réduction sous 24 mois suivants des objectifs fondés sur la science, soumettre sa stratégie aux experts de l’Initiative SBT qui la valideront sous réserve de respecter les critères fixés par la SBT. Enfin, il reste à annoncer publiquement les objectifs qui ont été fixés.
Objectifs fondés sur la science et le « Net Zero Standard«
Le terme de neutralité carbone s’est fortement démocratisé ces dernières années dans le secteur privé. L’objectif, plutôt simple, consiste à ne pas émettre plus de GES que l’on ne peut en absorber. Mais le concept de neutralité carbone manque de clarté, sa définition n’est pas toujours la même d’une entité à une autre, et la définition reste bien souvent vague. En réponse, l’Initiative a développé et initié depuis 2021 le « Net Zero Standard« , une norme développée à partir de critères « fondés sur la science » dont le but est de permettre d’atteindre les objectifs fixés par l’Accord de Paris visant à limiter de 1,5 °C par rapport aux températures pré-industrielles. Pour y arriver, les entreprises doivent réduire de moitié leurs émissions de GES d’ici 2030, et de 90 à 95 % avant 2050 afin de s’approcher de cette fameuse « neutralité carbone ».
Cette norme oblige donc les entreprises à se fixer des objectifs à moyen terme afin de réduire les émissions de GES de leurs activités sur l’ensemble de la chaîne de valeur.
Où en est l’initiative ?
L’Initiative a connu une forte progression en 2022 et comptabilise 1097 entreprises et institutions financières reconnues par l’Initiative SBT, et 130 entreprises se sont fixées des objectifs de neutralité carbone pour 2022. Depuis juillet 2022, l’Initiative n’accepte que les entreprises dont les engagements sont en adéquation avec l’objectif de ne pas dépasser une hausse de 1,5 °C.
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