Quels sont les évènements ou les tendances qui ont marqué l’écologie et l’environnement en 2018 ? Voici notre top 10.

2019 commence, l’heure de faire le bilan de l’année passée. Que s’est-il passé en 2018 sur les sujets d’écologie et d’environnement ? Que retirer de cette année ? Quelles sont les bonnes et les moins bonnes nouvelles ?

Voici 10 choses ou 10 tendances qui ont marqué 2018 en matière d’environnement. 5 nouvelles inquiétantes, et 5 nouvelles un peu plus positives.

1- Le fossé de plus en plus grand entre les attentes citoyennes et l’écologie

Sur le thème de l’écologie, si 2018 a révélé une chose, c’est sans doute le décalage profond qui existe entre les attentes des citoyens et les nécessités de l’écologie. Le mouvement des Gilets Jaunes est un bon exemple de ce décalage. Si le malaise et les revendications protéiformes de ce mouvement sont sans aucun doute compréhensibles, ils révèlent avant tout que personne n’est aujourd’hui prêt aux sacrifices que requiert l’écologie.

Réduire notre consommation (et donc notre pouvoir d’achat), réduire nos déplacements en voiture, augmenter la taxe carbone et les taxes sur les carburants et l’énergie sont autant de mesures nécessaires à la protection de la planète. Pourtant, tout cela est aux antipodes des aspirations de bien des citoyens, qui estiment pour une majorité que la priorité du gouvernement devrait être d’augmenter le pouvoir d’achat, même si cela revient à sacrifier la protection de l’environnement en utilisant plus les énergies fossiles. (voir : Gilets jaunes et écologie : la dissonance cognitive)

C’est un mouvement que l’on observe pas seulement en France. Au Brésil, le succès de Jair Bolsonaro, élu sur la promesse de relancer la croissance (au prix bien souvent de l’écologie) est aussi le symbole de ce décalage, tout comme la popularité de Donald Trump malgré son soutien aux énergies fossiles. Aux élections de mi-mandat aux Etats-Unis, la plupart des votes sur les questions écologiques ont même été refusés par les électeurs. Globalement, on voit que les aspirations citoyennes (aussi bien politiquement qu’économiquement) sont loins de l’écologie : le trafic aérien continue de battre des records, les déplacements en voiture continuent d’augmenter, tout comme la surface moyenne des logements, plus d’un tiers des voitures neuves vendues en France sont des SUV…

Paradoxalement, alors que la prise de conscience du problème écologique est de plus en plus forte et que de plus en plus de citoyens sont avertis des enjeux, la grande majorité refuse encore de transformer son mode de vie. Et si certains agissent, c’est souvent par de petits gestes (réduire ses déchets, recycler, éteindre les lumières) qui n’ont que peu d’impact.

2 – Le rapport du GIEC sur un monde à 1.5 degrés

Giec-rapport-2018

Deuxième fait marquant de l’année en matière d’écologie : la publication du rapport du GIEC sur le monde à +1.5 degrés. Ce rapport intermédiaire s’attachait à examiner les conséquences écologiques, économiques et sociales d’un monde qui atteindrait un réchauffement de 1.5 degrés par rapport aux normes pré-industrielles. Les résultats de cette étude, véritable cri d’alarme des climatologues, ont réaffirmé la nécessité d’agir au plus vite contre le réchauffement climatique.

Selon le rapport, le réchauffement climatique serait en effet un phénomène encore plus grave qu’initialement envisagé par les climatologues. Un monde à 1.5 degrés serait déjà catastrophique du point de vue écologique (et donc du point de vue économique et social), et ce alors que les trajectoires actuelles de nos émissions de CO2 indiquent que nous avons toutes les chances de dépasser ce seuil dans les prochaines années, et d’atteindre 2 voire 3 degrés de réchauffement.

Il est donc nécessaire de repenser rapidement nos modèles de production et notre paradigme économique et social. Pour en savoir plus voir : Que dit vraiment le rapport du GIEC 2018 sur le réchauffement climatique ?

3- La prise de conscience globale sur les dangers qui menacent la biodiversité

Outre le réchauffement climatique, c’est la crise de la biodiversité qui a marqué cette année les esprits. Régulièrement cette année, la disparition des abeilles, l’extinction des insectes ou la crise des espèces menacées a fait la une des médias.

Emmanuel Macron a même pour la première fois prononcé une allocution ayant pour thème la crise de la biodiversité, inscrivant ce thème dans le discours politique présidentiel. Alors que ce thème passait souvent inaperçu face à des enjeux plus médiatiques comme le réchauffement climatique ou la pollution de l’air, la crise de la biodiversité fait désormais partie des enjeux les plus importants de l’écologie. Deux des dix études scientifiques les plus consultées de l’année portaient d’ailleurs sur la biodiversité et sa disparition.

En 2018 on a donc pris conscience que la protection des écosystèmes, la lutte contre la déforestation, la réduction de l’étalement urbain étaient aussi des problématiques écologiques fondamentales, puisqu’elles permettent de préserver la biodiversité.

4- Toujours plus de catastrophes naturelles imputables au réchauffement climatique

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En 2018, on a aussi observé de plus en plus de catastrophes naturelles liées au réchauffement climatique. Que l’on parle de la croissance des incendies de forêt liés au réchauffement climatique, des cyclones et autres phénomènes météo liés au changement climatique, et même parfois des séismes qui seraient imputables à certaines transformations du climat : une chose est sûre, on a commencé à prendre conscience des liens entre climat et catastrophes.

En France, on a beaucoup parlé de ces phénomènes au moment des inondations meurtrières dans l’Aude, mais c’est aussi le cas ailleurs dans le monde, avec les incendies en Californie, les inondations au Japon et les multiples cyclones et ouragans qui se sont développés cette année (même si tous n’ont pas touché terre). Concrètement, dans le monde il y a 2 fois plus de catastrophes naturelles aujourd’hui qu’en 2002.

Une étude scientifique de grande ampleur a d’ailleurs montré que si le réchauffement climatique se poursuit, une série d’évènements climatiques pourraient se déclencher et transformer la terre en « étuve », exacerbant les catastrophes naturelles, ouragans, inondations et autres sécheresses…

5- On parle désormais ouvertement de l’effondrement des sociétés humaines

Globalement, 2018 a donc été l’année de la prise de consciences des dangers écologiques imminents. Au point que l’on a beaucoup parlé cette année d’effondrement des sociétés modernes. La collapsologie, cet ensemble de théories visant à analyser, comprendre et anticiper les risques d’effondrement des sociétés a beaucoup fait parler d’elle cette année. Des figures comme Pablo Servigne (auteur de Comment tout peut s’effondrer publié en 2015) ou Aurélien Barrau, parlant ouvertement d’effondrement, ont fait le buzz. La parution du livre de Julien Wosnitza sur le thème de l’effondrement (Pourquoi tout va s’effondrer publié en 2018) a aussi été l’occasion de parler des risques que courent nos sociétés face au réchauffement climatique, à la crise de la biodiversité ou encore à l’acidification des océans.

La question est donc désormais posée clairement : se pourrait-il que nos sociétés s’effondrent face à la menace écologique ou à la crise énergétique ? C’est ce que pensent de plus en plus d’experts. Fait marquant : des personnalités politiques de premier plan ont également mentionné ce risque. Outre Yves Cochet, ex ministre de l’Environnement qui évoque régulièrement cette question, Edouard Philippe a cette année mentionné à plusieurs reprises dans diverses interviews l’idée d’un effondrement de civilisation en citant les ouvrages de Jared Diamond, tandis qu’Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU a mentionné ce risque lors d’une Assemblée Générale des Nations Unies.

Passons maintenant aux nouvelles un peu plus positives qui ont marqué 2018 sur le sujet écologique.

6- On commence à avancer sur les pratiques agricoles et alimentaires

D’abord, on a enfin parlé d’agriculture. Depuis trop longtemps, les questions écologiques avaient tendance à être réduites à des questions énergétiques ou industrielles, alors que l’agriculture représente l’une des plus grandes sources de pollutions, d’émissions de gaz à effet de serre et de destruction d’écosystème. En 2018, on a beaucoup parlé des enjeux écologiques de l’agriculture : le grand débat sur l’interdiction du glyphosate, la question des pesticides néonicotinoïdes, le questionnement sur les usages des sols, l’usage des pesticides dans l’agriculture biologique

Enfin les choses commencent à avancer sur les pratiques agricoles : on parle de plus en plus de bio, ou au moins d’agriculture raisonnée. Dans des domaines comme la viticulture, cela commence même à devenir la norme pour les producteurs de qualité. Des scientifiques comme Claude et Lydia Bourguignon ont régulièrement fait parler d’eux sur la question de la préservation des sols. Même si en France les Etats Généraux de l’Alimentation n’ont pas forcément débouché sur de grandes avancées juridiques, on a au moins parlé des enjeux liés à la transformation de notre modèle agricole et alimentaire : transition agricole, réduction de notre consommation de produits animaux, montée en gamme des productions alimentaires, réduction des intrants, préservation de la biodiversité et des sols. Et surtout, de plus en plus d’agriculteurs, de paysans, d’éleveurs se mettent à tester ces nouvelles pratiques, au carrefour de la bio, de l’agriculture régénérative ou de l’agro-écologie.

7- Certaines villes commencent à agir contre l’omniprésence de la voiture

Dans le registre des bonnes nouvelles 2018 a vu un véritable élan d’actions se mettre en place pour réduire la place de la voiture dans les villes. Partout dans le monde des villes ont annoncé ou renforcé des mesures destinées à réduire l’usage du véhicule personnel dans les centres-villes. Parmi les villes qui ont décidé ou envisage de fermer leurs centre-villes aux voitures ou à certaines voitures polluantes on compte désormais Oslo, Copenhague, Madrid, Hambourg, Delhi, et même Paris.

Dans les villes de plus petites tailles, de nombreuses initiatives sont mises en place pour réduire la place de la voiture : amélioration des transports en commun, gratuité des transports en commun (comme à Dunkerque, ou Talinn), péages urbains, incitatifs au covoiturage.

Bref, les villes commencent à prendre conscience qu’il est nécessaire de se passer de la voiture individuelle et de trouver des alternatives, et ça c’est une bonne nouvelle.

8- La transition énergétique progresse (lentement)

energies renouvelables electriques possible

Un peu partout dans le monde, villes, régions et pays ont fait progresser leurs politiques de transition énergétique. Déploiement d’énergies décarbonnées (énergies renouvelables, nucléaire), politiques d’efficacité énergétique : voilà de bons exemples de politiques à mettre en place. En France, les énergies renouvelables ont continué à progresser pour atteindre près de 19% de la production d’électricité, tandis que le gouvernement a décrété la fermeture des dernières centrales à charbon. Dans d’autres pays on a observé des progressions sensibles des énergies moins polluantes : en Europe en 2017 les énergies renouvelables représentaient déjà plus de production électrique que le charbon, et cela a continué à progresser en 2018. De grands pays comme la Chine ont pris le lead sur le développement des énergies renouvelables.

Toutefois, la transition énergétique est loin d’être gagnée : la plupart des pays du monde sont encore dépendants des énergies fossiles pour le transport (et notamment pour la voiture individuelle) et de nombreux pays sont encore largement dépendants du charbon ou des gaz pour leurs consommations énergétiques. En Europe, c’est notamment le cas de l’Allemagne, ou de la Pologne. Dans le reste du monde, les Etats-Unis ou la Chine, ainsi que le Japon ou la Russie restent de gros consommateurs d’énergies fossiles (charbon notamment). Dans le domaine de la réduction des besoins même chose : cela progresse peu. En France les plans de rénovation destinés à réduire les consommations énergétiques du bâtiment restent peu efficients et c’est un peu la même chose partout dans le monde.

Il y a donc du progrès mais le chemin est long à parcourir.

9- Une minorité de citoyens commencent à agir

Autre relativement bonne nouvelle : les citoyens commencent à se mobiliser de plus en plus sur ces questions. Certes, ils restent minoritaires face à l’ensemble de la population qui souhaite continuer à accroître son pouvoir de consommer, mais de plus en plus de citoyens engagés changent leurs habitudes. Ils réduisent leur usage de la voiture, économisent l’énergie, mangent moins de viande… Certains consommateurs refusent même désormais la consommation de masse.

La pétition récemment lancée par un groupe d’organisations écologistes pour enjoindre le gouvernement d’agir plus pour le climat est également devenue en 2018 la pétition la plus signée de l’histoire en France. Les Marches pour le Climat ont également eu un succès non-négligeable. Il reste encore du chemin à faire pour que chacun s’engage vraiment et mette en oeuvre des changements nécessaires comme la réduction de nos besoins en transport ou en produits high-tech, mais on voit que la prise de conscience progresse.

10- Les influenceurs s’approprient les sujets environnementaux

Enfin, si 2018 a marqué un tournant sur le thème de l’écologie, c’est bien au sujet de l’engagement des influenceurs. De plus en plus de personnalités influentes, YouTubeurs, ou stars des réseaux sociaux ont montré cette année leur engagement pour les causes écologiques. Le mouvement #OnEstPrêts lancé par des YouTubeurs français est un bon exemple de ces mouvements spontanés visant à changer les mentalités.

Globalement, de plus en plus d’acteurs partout dans le monde parlent de ces sujets, sensibilisent et agissent. Les sujets environnementaux commencent enfin à faire partie du débat public et ce même si une majorité de la population est encore réticente à changer son mode de vie.

2019 sera-t-elle enfin l’année du basculement où l’on prendra de vraies mesures pour améliorer notre impact sur la planète ? C’est toute la question en suspend pour cette année.