Comme chaque année, GreenBiz publie son « State of Green Business« , un état des lieux des pratiques de l’économie durable. Faisons le point sur les 10 tendances attendues pour 2020.

1 – L’empreinte environnementale du transport maritime

Le transport maritime ne représente que 3% des émissions de CO2 mondiales. Et contrairement à ce que l’on pense souvent, c’est l’un des moyens les plus écologiques de transporter des marchandises, notamment sur de longues distances. Concrètement, un cargo n’émet que 1-3 g de CO2 par kilomètre pour transporter 100kg de marchandise, alors qu’une voiture émet près de 200 g de CO2 pour transport un seul passager de moins de 100 kg.

Pour autant, le transport maritime pose aussi certains problèmes environnementaux : dioxyde de souffre, particules fines… Il y a donc un vrai enjeu à réfléchir à la réduction de cette empreinte environnementale, notamment par l’optimisation des moteurs et des carburants. Un chantier qui concerne pratiquement toute l’économie mondiale car plus de 95% des marchandises mondiales sont transportées par cargo.

2 – Les « Nature-based » solutions

Utiliser les propriétés de la nature pour produire un impact positif sur l’environnement ? C’est l’idée derrière beaucoup de projets simples comme la reforestation, ou même le biomimétisme. Et c’est appelé à se développer dans les prochaines années !

Une étude menée par l’Université de l’Ohio a montré par exemple qu’il était plus efficace d’utiliser la végétation pour dépolluer les villes que d’utiliser des systèmes technologiques. Les applications des solutions « naturelles » sont vastes : des algues pour produire de l’énergie, des bactéries pour détruire les plastiques, des méthodes de gestion des sols pour restaurer la qualité organique des sous-sols et stocker du carbone…

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3 – La question du dernier kilomètre

Pour pratiquement toutes les entreprises, la question du « dernier kilomètre » se pose. Le dernier kilomètre, c’est ce dernier trajet qui permet au consommateur d’acheter le service ou le produit. Que ce soit le trajet jusqu’au magasin ou la livraison à domicile, ce dernier kilomètre est souvent réalisé dans des petits véhicules, qui ne permettent donc pas les économies d’échelle des cargos ou des grands transporteurs. Il polluent donc plus par unité de marchandise transportée !

Il y a donc un grand défi à relever pour décarboner cette partie importante de la chaîne de production / distribution. Comment livrer mieux, et avec moins de CO2 ? Comment permettre au consommateur d’accéder à son produit de la façon la plus écolo possible ? Un vrai challenge pour la logistique.

4 – Le stockage du carbone

Il y a de nombreuses raisons d’être sceptique des technologies de stockage du carbone. Dans l’état actuel des connaissances techniques, elles émettent souvent plus de CO2 qu’elles n’en absorbent à cause de leurs grands besoins en énergie.

Mais selon le GIEC, nous n’attendrons pas les objectifs climatiques sans stocker au moins une partie de l’excès de CO2 que nous avons jusqu’ici émis dans l’atmosphère. Alors il va falloir trouver des solutions : développer des technologies à base d’énergie propre, améliorer l’efficience des processus de stockage.

5 – L’élargissement du reporting du risque climatique

Ces dernières années, et les feux en Australie en sont témoins, on a commencé à prendre conscience que le réchauffement climatique commençait à avoir des conséquences réelles sur les sociétés. Catastrophes naturelles, productivité dégradée, infrastructures affectées : les différents aléas climatiques se multiplient.

Et on commence aujourd’hui à s’interroger sur une manière d’intégrer ces aléas et les dégâts qu’ils causent dans les reporting du risque climatique. C’est notamment un défi pour les compagnies d’assurance, les banques et les investisseurs. La commission européenne travaille sur des régulations à propos des reporting climatiques et du management du risque climatique dans le cadre de son initiative de financement d’une économie européenne durable.

6 – L »employee activism »

Selon un sondage récent, seuls 15% des employés du Fortume 1000 notaient l’engagement de durabilité de leur entreprise comme « excellent ». C’est peu.

Pourtant, les salariés sont les premiers ambassadeurs de la politique de développement durable d’une entreprise. Ce sont eux qui la mettent en oeuvre au quotidien, mais aussi eux qui la communiquent aux potentiels clients, aux partenaires.

D’où la nécessité fondamentale aujourd’hui pour les entreprises de former leurs salariés aux enjeux du développement durable, de financer des formations en interne pour sensibiliser aux enjeux de la durabilité. Et d’encourager leur engagement sur des causes qui parfois dépassent celles de l’entreprise.

7 – L’électrification des bâtiments

Si le problème n’est pas forcément très important en France, il concerne encore de nombreux bâtiments dans le monde : la majorité dépend encore de source d’énergie et de chaleur basées sur les énergies fossiles. Que ce soient des systèmes de chauffage au fuel ou des systèmes au gaz, il y a un véritable enjeux à les remplacer par des dispositifs électriques, souvent plus efficaces et surtout moins émetteurs de gaz à effet de serre.

Dans le même esprit, il est possible de renforcer l’efficience énergétique des bâtiments par des systèmes de domotique et de gestion intelligence des réseaux électriques.

8 – Mesurer la circularité

Aujourd’hui, presque toutes les entreprises se réclament d’une économie plus circulaire. Mais il faut encore le prouver.

Dire que l’on recycle, que l’on réutilise, que l’on réemploie : c’est bien. Mais être capable de mesurer des taux précis de recyclage, par exemple, c’est mieux. Pour progresser sur les indicateurs de circularité, il est avant tout nécessaire de savoir les mesurer correctement.

La logistique n’est pas forcément évidente, il faut faire rentrer dans des process qui n’en ont pas l’habitude des méthodes de monitoring et de calcul nouvelles. Pour les opérationnels, c’est parfois une charge, mais in fine, l’objectif est de disposer d’une information plus précise pour connaître les actions à mener pour développer la circularité dans l’économie.

9 – Les alternatives à la viande

Les débats sur la viande et son impact environnemental n’en finissent pas d’agiter la société. Et pendant ce temps, les entreprises se positionnent sur le créneau en investissant les alternatives végétales à la viande : des substituts végétaux, de la viande cultivée en laboratoire, des mycoprotéines cultivées sous-serre…

Les innovations dans ce domaine se multiplient. Alors évidemment, il est aujourd’hui difficile de proposer des alternatives végétales à la viande qui soient à la fois aussi nutritives et compétitives que la viande. Mais les industriels planchent sur le sujet.

Pour l’agro-alimentaire, c’est certainement un des gros défis de l’année, et probablement de la décennie, étant donné l’ampleur des tendances végétariennes ou véganes sur les marchés.

10 – IA et Big Data dans le reporting

Cela fait maintenant 2 décennies que les entreprises pratiquent le reporting obligatoire sur les enjeux non-financiers. En France, le phénomène date des lois NRE de 2001.

Depuis, les cadres, les outils, les référentiels ont bien évolué. Mais le principe est toujours le même : c’est un travail comptable. Il faut compter, mesurer, additionner, comparer. Les départements RSE le savent bien, le moment du reporting est toujours compliqué.

Mais ces dernières années, des outils un peu plus modernes ont commencé à se développer : à partir de l’Intelligence Artificielle, du Big Data ou des technologies blockchain, il est désormais plus facile d’automatiser les processus de reporting.

Comment mesurer précisément l’impact carbone du transport d’un produit par exemple ? En le traçant grâce aux dispositifs de blockchain et en automatisant le calcul grâce à des outils de gestion de données.

Voir aussi : définition de l’économie sociale et solidaire – ESS

Photo par André Noboa sur Unsplash