Chaque mardi,Youmatter revient sur l’actualité RSE en brèves. Cette semaine on parle de l’écobashing contre l’Ademe et l’OFB, des demandes des ONG et de grandes entreprises pour ne pas revenir sur les principes de la CSRD et CSDDD, de la question sur la légitimité des actes de désobéissance civile écolo qui est posée à la Cour constitutionnelle belge…

Le fil de l’info

🤠Chose promise, chose due : tout juste officiellement investi, Donald Trump annonce qu’il va de nouveau faire sortir les Etats-Unis de l’Accord de Paris sur le climat. Selon Carbon Brief, les politiques qu’il entend mettre en œuvre lors de ce second mandat émettraient 4 milliards de tonnes CO2eq, soit les émissions annuelles combinées de l’UE et du Japon.💰Les dividendes sont attendus en hausse de 4% en 2025, selon Allianz Global Investors. Et la France n’est pas en reste : les actionnaires devraient les voir grimper de 8% cette année à 81 milliards d’euros, et encore de 8% en 2026 à 88 milliards. Avec également un rendement en hausse (+3,4%). En 2024 selon l’Insee, le salaire mensuel de base réel a augmenté de 1,4 % après un recul de 3 % entre 2020 et 2023. ☣️Le coût de dépollution des PFAS en Europe pourrrait s’élever à 100 milliards d’euros par an selon le consortium journalistique Forever Lobbying Project.🧡Les entreprises ont du coeur ! 37 entreprises ont créé un fonds de dotation pour soutenir les associations aidant les personnes les plus démunies en Drôme et en Ardèche. Celui-ci se concentrera en particulier sur les femmes victimes de violence ; les jeunes en marge et les personnes en grande précarité atteintes de pathologies mentales. 🗺️Vous cherchez un acteur du numérique responsable ? L’AGIT, l’Alliance Green IT, vient de réaliser la première cartographie internationale des Acteurs Associatifs et Institutionnels de la Responsabilité Numérique. Elle en recense à date 118, à retrouver ici ! 🥩On connaît depuis quelques années déjà le dryjanuary mais connaissez vous le veganuary ? En janvier on essaye de se passer de viande, aliment fortement émetteur en gaz à effet de serre. Réduire de moitié notre consommation en viande conduirait ainsi à une réduction de l’impact carbone de l’alimentation comprise entre -20 % et -50 % selon une étude du RAC et de la société française de nutrition.

Omnibus : Face à une possible « suppression du reporting », ONG et entreprises défendent la CSRD et la CSDDD

Les mesures de simplification qui seront annoncées à partir du 26 février par voie d’omnibus contiendront une « suppression du reporting« , a annoncé Stéphane Séjourné, vice-président exécutif de la Commission européenne, chargé de la prospérité et de la stratégie industrielle, sur France Inter le 20 janvier. Une annonce en forme de coup de tonnerre alors que des entreprises et ONG engagées dans la transition écologique et sociale, multiplient les demandes de ne pas supprimer ces législations.

160 ONG, syndicats et activistes climatiques appellent la Commission à « maintenir la législation européenne sur la responsabilité des entreprises, y compris la directive sur le devoir de diligence en matière de développement durable (DDDD), la directive sur les rapports de développement durable (DRSD) et le règlement sur la taxonomie »; à « respecter le calendrier actuel pour la transposition et la mise en œuvre de ces lois essentielles »; et à « clarifier d’urgence les intentions de la Commission en faisant œuvre de transparence » sur la proposition de réforme. Une remise en question de ces lois « génère une énorme incertitude pour les pays qui ont déjà entamé leur processus de transposition et récompensera les entreprises qui ne se sont pas préparées à se conformer à ces législations », avertissent-elles. N’oublions pas l’évaluation faite par la Commission précédente sous la présidence d’Ursula von der Leyen, rappellent-elles : « la compétitivité de l’UE repose sur sa capacité à fournir un environnement réglementaire stable dans le cadre du marché vert européen, axé sur la durabilité et la transition verte – autant d’éléments de plus en plus demandés par les consommateurs mondiaux« .

Quelques jours plus tard, des demandes similaires ont été formulées par de grandes entreprises comme Ferrero, Groupe L’Occitane,  Nestlé, Unilever, Primark et l’Ethical Trading Initiative. Elles pointent notamment les « investissements » déjà réalisés pour la préparation de ces législations et le fait que celles-ci ne se « chevauchent pas ». Elles demandent notamment de ne pas rouvrir le texte du devoir de vigilance (CSDDD) accouché dans la douleur après de multiples négociations entre les parties…« La mesure la plus concrète que la Commission puisse prendre pour soutenir la compétitivité est de se concentrer sur l’élaboration de lignes directrices claires et pratiques », par consultations, pour mettre en œuvre la directive.

En savoir plus sur le contexte politique de l’omnibus ici

Ecobashing : Haro sur les agences de l’Etat qui œuvrent à la transition écologique.

L’Ademe et l’OFB sont dans le viseur de la droite et du gouvernement alors que ce dernier cherche désespérément des économies à réaliser pour le futur budget. Une première salve a été lancé contre l’Ademe par la présidente de la région Ile de France, Valérie Pécresse qui s’est prononcé pour une suppression pure et simple de l’agence, argumentant qu’il y aura doublons avec les financements des régions ou de la Banque des territoires, ce qui est faux (voir le débunk de Franceinfo ici). « Sur les 3,5 milliards d’euros de budget annuel de l’ADEME, 92% financent directement des projets de décarbonation de nos communes et de nos entreprises : des projets de réseaux de chaleur, de meilleure prise en charge des déchets, de changement de chaudière dans des sites industriels, et j’en passe », souligne ainsi la ministre de la Transition Ecologique, Agnès Pannier-Runacher sur LinkedIn. Dans son discours de politique générale, François Bayrou a également relancé la charge contre l’Office Français de la biodiversité et cette fois c’est le président du groupe DR à l’Assemblée, Laurent Wauqiez qui a demandé sa suppression. Selon Le Figaro, d’autres agences publiques comme l’ARS (agences régionales de santé) ou le CNRS seraient aussi dans le viseur du gouvernement. En attendant, le sénateur LR Laurent Duplomb (ancien président de chambre d’agriculture FNSEA) a fait adopter vendredi 17 janvier dans la nuit par le Sénat un amendement supprimant l’Agence Bio, l’agence chargée de la promotion de l’agriculture biologique en France.

L’écologie oubliée du discours de politique générale de François Bayrou

Les avis sont unanimes. Jamais on aura parlé aussi peu d’écologie dans un discours de politique générale sous le double quinquennat d’Emmanuel Macron. Et ce alors que les événements météorologiques extrêmes – ouragans, incendies, inondations – meurtriers et dévastateurs se multiplient sous un réchauffement climatique qui s’accélère. Sur 1h30 de discours il n’aura été question d’écologie qu’1 minute 35 et encore pour surtout parler d’énergie (nucléaire, géothermie, hydrogène mais pas le solaire ni l’éolien), sans jamais mentionner l’urgence climatique, sauf pour la coupler à la question de l’immigration. L’écologie, le nouveau Premier ministre, François Bayrou, veut l’envisager sous le prisme de la « solution », mais l’ancien commissaire général au Plan n’a pour autant jamais parlé de planification pourtant indispensable pour relever ce défi systémique. On saura juste que le gouvernement entend (enfin) finaliser la troisième Stratégie nationale bas carbone et tenir une grande conférence nationale sur l’eau déclinée dans les régions. Ce qui est loin d’être à la hauteur des besoins. Par ailleurs, un « puissant mouvement de débureaucratisation », va être entamé, via le projet de loi de simplification de la vie économique, qui « devra être adopté rapidement » mais aussi en simplifiant, supprimant et allégeant les obligations à la fois pour les entreprises (on pense évidemment à la CSRD), les collectivités locales et l’agriculture (notamment sur les contrôles de l’OFB). De quoi satisfaire son aile droite.

La Southern California Edison accusée d’avoir causé un des incendies californien

Quatre plaintes ont été déposées contre la compagnie d’électricité Southern California Edison pour son implication dans l’incendie d’Eaton, l’un des mégafeux qui ravagent Los Angeles depuis plusieurs jours. Si la cause officielle de l’incendie n’a pas encore été déterminée et fait toujours l’objet d’une enquête, les avocats des propriétaires de la région d’Altadena argumentent que l’incendie s’est déclaré sous un pylône de transmission de la Southern California Edison, rapporte le Los Angeles Times. Selon eux, la compagnie publique n’aurait pas mis en œuvre l’ensemble des moyens nécessaires pour prévenir le drame alors même que le danger était connu. Des accusations réfutées par l’entreprise. Le sort de la SCE rappelle celui de la compagnie d’électricité privée PGE en 2019, dont la responsabilité avait été mise en cause dans l’origine des mégafeux de Californie en 2018 et qui avait dû se déclarer en faillite en 2019 avant de se remettre à flot.  

Des compagnies pétrolières seront entendues dans un procès climatique intenté par Honolulu

C’est une bonne nouvelle à rebours du backlash ambiant sur l’ESG aux Etats-Unis. La Cour suprême des États-Unis a rejeté l’appel des compagnies pétrolières et gazières (ExxonMobil, Shell et une dizaine d’autres compagnies) qui tentaient de bloquer des poursuites judiciaires contre elles menées depuis 2020 par la ville, le comté d’Honolulu (Hawaï) et son conseil d’approvisionnement en eau. L’an dernier, les compagnies pétrolières avaient mobilisé leurs alliés pour lancer « une campagne médiatique sans précédent demandant à la Cour suprême de protéger les compagnies pétrolières contre le procès d’Honolulu », souligne The Guardian. De fait, ces poursuites pourraient les rendre responsables de milliards de dollars de dommages dus au changement climatique, rapporte l’Associated Press. Pour Le Guardian c’est une « victoire procédurale pour la vague de procès sur la responsabilité climatique intentés ces dernières années contre les compagnies pétrolières et gazières ». (Relire sur la multiplication de ces procès ici)

La désobéissance civile peut-être être justifiée pour lutter contre le changement climatique ?

Des actes illégaux peuvent-ils être légitimes pour défendre la cause climatique? La Cour constitutionnelle belge est appelée à répondre à cette question brûlante qui lui a été posée indirectement par la cour d’appel de Liège le 9 janvier à la suite d’une affaire de 2022. A l’époque, trois militants avaient découpé une grande bâche en plastique d’une voiture hybride/électrique pour dénoncer les mesures fiscales avantageuses pour ce type de véhicules. Ils ont été jugés coupables, mais ont été excusés au nom de la liberté d’expression dans le cadre de la lutte contre le dérèglement climatique (grâce à une « cause d’excuse absolutoire »). La décision de la Cour Constiutionnelle n’est pas attendue avant des mois, cependant, cette question est majeure dans un contexte de répression de plus en plus forte des actions de désobéissance civile écologique dans de nombreux pays du monde, et de plus en plus en Europe. Elle pourrait déjà faire jurisprudence et provoquer un changement de législation en Belgique, note Le Soir

Les critères climatiques se généralisent dans la rémunération variable du SBF120

Les critères Environnement se généralisent dans la rémunération variable des dirigeants du SBF 120 selon le baromètre 2024 réalisé par Ethics & Boards, en partenariat avec Chapter Zero France et l’IFA.  92% des sociétés du SBF 120 incluent des objectifs Climat/Environnement dans la rémunération variable (court ou long terme) de leurs dirigeants. C’est principalement la réduction des émissions de GES qui est suivie : 58% des sociétés adoptent ce critère comme objectif principal à long terme. Une progression rapide puisqu’elles étaient seulement 24% en 2022. Reste encore à faire la transparence sur ces critères et la façon dont ils sont établis : 38% des sociétés ayant un objectif quantitatif court terme sur les GES ont communiqué leurs résultats. La CSRD devrait permettre d’améliorer ce taux.

Evenement RSE : le sommet Benvivo à Bordeaux ce 22 janvier

Le sommet de la bienveillance dans tous ses états revient le 22 janvier, cette fois à Bordeaux. Après une première édition à Pau, cet évènement va réunir une cinquantaine d’intervenants pour échanger autour d’un « mieux vivre ensemble durable ». Parmi les intervenants : la présidente du WWF France, Alexandra Palt, le président fondateur de Léa Nature, Charles Kloboukoff, le fondateur de « C’est qui le patron, la marque du consommateur», Nicolas Chabanne ou encore celui de la Convention des entreprises pour le climat Eric Duverger. Gratuit sur inscription.

Outil : un parcours pour prendre soin des vulnérabilités au travail

Parce qu’on est tous vulnérables, dans la vie comme au travail, il est important de développer des soft skills essentielles en entreprise comme la coopération, capacité à résoudre des problèmes complexes, créativité, adaptabilité, intelligence émotionnelle…Pour cela, rejoignez le Tour du monde des vulnérables ! Lancé à l’occasion de Vendée Globe, où la vulnérabilité des navigateurs et navigatrices est mise à rude épreuve, il peut être déployé en entreprise très facilement. Les collaborateurs recevront un mail par semaine. Chaque épisode dure 30 minutes environ et est structuré en 3 parties, sur le modèle « Tête – coeur – corps » avec le témoignage de personnalités inspirantes du monde du sport, de l’entreprenariat, de la télévision, de la musique ou de la recherche (Marie Josée Pérec, Arthur Auboeuf, Olivier Hamant, Eva Sadoun, Gringe, Frédéric Lopez). Un kit de déploiement est à télécharger ici.

Illustration : Canva