En ce 14 juillet, revenons sur l’impact économique des jours fériés. Sont-ils bons pour l’économie ? Bons pour la productivité ? On vous explique.

On entend souvent que la France a beaucoup de jours fériés. Et il est vrai, à certaines périodes de l’année (en mai par exemple) on peut avoir l’impression que ça ne s’arrête plus. Pourtant, la France n’est pas le pays comptant le plus de jours fériés. Avec 11 jours chômés par an, la France n’est même pas dans le top 10 des pays ayant le plus de jours fériés, en tête duquel on trouve l’Inde et ses 18 jours. Mais cela n’empêche pas régulièrement le débat sur les jours fériés de ressortir : faut-il en supprimer ? Combien cela coûte-t-il à l’économie française ? Combien gagnerait-on si on en supprimait un, ou deux ?

Pour le comprendre, faisons une petite revue des études sur l’impact économique des jours fériés et leur impact sur la productivité des salariés.

Les jours fériés, c’est mauvais pour l’économie ?

generation-Y-investissement-socialement-responsablePenchons nous donc un instant sur les études ayant quantifié l’impact des jours fériés sur l’économie. Selon le MEDEF, les jours fériés seraient négatifs sur le plan économique : il faudrait donc en supprimer 2 et cela permettrait de gagner 1% de PIB et 100 000 emplois. Ce constat, s’il n’est pas entièrement faux, est toutefois en partie contesté par l’INSEE, qui indique que chaque jour férié coûterait « seulement » 2 milliards d’euros à la France, ou moins de 0.1% du PIB (soit beaucoup moins que ce qu’indique le MEDEF).

Mais d’autres études aboutissent à des constats opposés. Ainsi en 2012, lorsque les britanniques ont eu le droit à un jour férié de plus pour célébrer le Diamond Jubilee, de nombreux cabinets d’étude se sont penchés sur l’impact économique de la mesure… Et l’ensemble des études rapportait un impact global allant de -3.6 à +1.1 milliard de livres… En résumé : un jour férié peut avoir un impact positif ou négatif sur l’économie… Tout dépend du contexte.

L’impact économique des jours fériés : ça dépend

Bonheur-travail-importance-salaireCela dépend du jour d’abord : on sait ainsi que les jours fériés sont plus nocifs pour l’économie quand ils tombent un mercredi, mais que leur impact est pratiquement nul quand il tombe un lundi ou un vendredi. En effet, les jours de milieux de semaine sont en général des jours avec plus d’activité économique, où les entreprises sont plus actives. Quand un jour férié tombe sur ces jours de milieux de semaine, cela a donc un impact significatif sur l’activité économique du pays.

Ensuite, les jours fériés n’ont pas le même impact selon les secteurs. Par exemple, les secteurs du loisir, du tourisme ou de la restauration bénéficient généralement des jours fériés. C’est notamment le cas lorsque les jours fériés entraînent des week-ends prolongés, durant lesquels les consommateurs ont tendance à consommer plus de loisirs, d’hôtels ou de restaurants.

Il y a aussi un effet qui est souvent mal analysé : c’est l’effet de « délai », qui a lieu par exemple lorsque les consommateurs décalent leurs consommation en fonction d’un jour férié. Par exemple, si votre centre commercial est fermé le 8 mai, vous ferez vos courses la veille ou le lendemain. Ce qui est perdu le jour J est donc rattrapé, la veille ou le lendemain, et c’est très difficile à quantifier. Difficile aussi d’évaluer avec précision l’impact économique quand on sait que certains jours fériés, une partie du pays travaille malgré tout. Et tout cela sans compter que souvent, un jour férié est associé à une occasion qui créé des consommations nouvelles : Noël c’est les cadeaux, le 1er mai c’est le muguet, le 1er janvier c’est… le champagne et les cotillons…

Ce qu’il faut retenir, c’est qu’il est impossible de dire avec précision et de façon tranchée si un jour férié a un impact économique positif ou négatif.

Comment les jours fériés influencent la productivité des salariés

bonheur-au-travail-RSECe que l’on sait de façon relativement sûre en revanche, c’est que les jours fériés influencent la productivité des salariés. En effet, de nombreuses études montrent que plus les salariés bénéficient de jours « off », plus ils sont productifs dans leur travail. La logique derrière ce constat est simple. Notre corps et notre cerveaux accumulent la fatigue. Lorsque l’on passe 1 mois, 2 mois ou 3 mois en n’ayant pour break que les week-ends (ce temps où bien souvent on doit aussi gérer ses soucis privés), notre corps et notre cerveau finissent par avoir besoin d’une pause. On pourrait penser qu’un jour férié par ci par là ne change pas forcément la donne, mais en fait, c’est le contraire. De nombreuses études ont constaté qu’après un jour off, un week-end prolongé ou des petites vacances, les salariés reviennent à leur travail plus motivés et plus productifs (jusqu’à 40% plus productifs !). Selon un sondage mené par la Society for Human Ressource Management, 77% des RH estiment que leurs salariés les plus productifs sont ceux qui prennent le plus de vacances. Ils sont aussi environ 75% à déclarer que les jours off bénéficient à la motivation des salariés et aux performances de l’entreprise.

Et ce qui est le plus clair c’est que des congés courts mais à intervalles réguliers sont les plus efficaces que de longues vacances pour être plus en forme et plus productifs. Encore une raison de plus d’aimer les jours fériés : ils seraient les plus efficaces pour augmenter notre productivité ! Et gare aux idées reçues : même si votre jour férié raccourcit votre semaine, ce n’est pas grave, car les études montrent que lorsque l’on a une semaine de travail plus courte, on produit PLUS au total car on est plus efficace au travail ! (Voir notre article : Travailler moins pour produire plus)

Une autre étude menée par Mercer constate que dans les pays où l’on a le moins de jours de congés, de vacances et de jours fériés, la productivité décroit. Ainsi, aux Etats-Unis, où les salariés n’ont en moyenne que 10 jours off en dehors des week end, on perd 1 jour complet de production par rapport à la France, ou il y a 25 jours de congés payés plus 11 jours fériés. Les américains travaillent donc 26 jours de plus, mais leur production annuelle est plus faible que celle des français.

Et c’est logique : si l’on prend régulièrement du temps pour se reposer, reprendre des forces, et décompresser, on revient au travail plus motivés, plus productifs… et aussi plus heureux ! Alors pendant vos jours fériés, ne complexez plus. Vous savez que vous vous donnerez à fond quand vous retournerez au travail, et c’est l’essentiel.

[box]Pour plus d’informations sur ce sujet, voir notre article :