À l’occasion de la Journée Mondiale de l’Océan, revenons sur 5 raisons qui devraient nous pousser à mieux protéger l’océan.

Voir aussi : Protection des océans : quels enjeux et quelles solutions ?

1 – Une grande partie la nourriture consommée dans le monde provient des océans

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On ne s’en rend pas forcément compte, mais une grande partie de la nourriture que nous consommons provient directement des océans. La société française n’est pas l’une des plus grandes consommatrices de produits de la mer, mais dans certaines régions du monde, l’essentiel de l’alimentation provient de l’océan. En effet, dans le monde, 1 milliard de personnes dépendent presque uniquement de la pêche pour leurs apports en protéines. On estime que près de 2.9 milliards de personnes en dépendent à hauteur de 20% de leurs apports protéinés.

Sans ces ressources, une bonne partie des populations mondiales, notamment dans les pays en développement, les îles et les zones côtières seraient en situation de sous-nutrition. Le problème c’est qu’aujourd’hui, l’humanité sur-consomme certaines espèces de poissons ou certaines espèces marines et que cela a des conséquences très graves sur les équilibres des écosystèmes marins. Ainsi, certaines espèces sont en voie de disparition car on ne laisse pas le temps aux stocks halieutiques de se régénérer. Depuis une centaine d’années, les océans mondiaux auraient perdu environ deux tiers de leurs gros poissons (thons, mérous, requins et autres poissons prédateurs), et on estime qu’un tiers de l’ensemble de la vie marine est surpêchée ou surexploitée.

Comment agir ?

D’abord éviter la surpêche, mais aussi la pollution des océans qui affecte la capacité de la vie marine à se renouveler. Mais pour cela, il faudrait des règlementations internationales contraignantes. En tant que consommateur, cela signifie qu’il faut :

2 – Les océans sont les principaux régulateurs de notre climat

L’océan absorbe une grande partie du CO2 que nous rejetons dans l’atmosphère. En d’autres termes, il agit comme un régulateur de notre climat : il absorbe une partie du CO2 que nous émettons (un quart environ) et le stocke en profondeur. Comment ? Grâce au phytoplancton qui absorbe le CO2 ! Autrement dit, sans l’océan, il y aurait 25% de CO2 en plus dans l’atmosphère, ce qui signifie que le réchauffement climatique serait encore plus prononcé qu’il ne l’est actuellement. Le problème, c’est que plus l’océan absorbe de carbone, moins il peut en absorber de nouveau : il arrive à saturation. Si nous émettons trop de CO2, l’océan finira par ne plus pouvoir en absorber, et le climat risque de s’emballer.

Mais l’océan est aussi le principal déterminant de nos climats continentaux. En effet, ce sont les circulations océaniques et les conditions océaniques qui influencent le plus nos climats et la météo sur terre, y compris lorsque l’on vit loin de la mer. Comment ? En interagissant avec l’atmosphère. Par exemple, lorsque l’océan est chaud, l’air qui circule au dessus de l’océan a tendance à se charger en humidité (puisque l’eau s’évapore plus vite lorsqu’elle est chaude). Et cet air chargé en humidité, une fois qu’il arrive sur nos côtes ou dans nos terres, relâche son humidité sous forme de pluie. Autrement dit, quand l’océan est trop chaud, on reçoit des inondations dans les terres immergées. C’est ce phénomène qui est probablement à l’origine des inondations que la France a connues en mai 2016, mais c’est aussi ce qui cause par exemple, la multiplication des coulées de boue et des glissements de terrain en Amérique centrale et en Amérique du Sud. D’autre part, on sait qu’un océan plus chaud favorise l’apparition de tempêtes, tornades et autres cyclones.

Comment agir ?

Pour protéger l’océan de ces perturbations, c’est simple : il faut émettre moins de CO2. D’une part, cela permettra à l’océan de moins se charger en carbone, et d’autre part, cela évitera qu’il se réchauffe sous la pression du réchauffement climatique. Concrètement, cela veut dire qu’il faut ralentir nos industries polluantes, mais aussi et surtout, diminuer en tant que consommateurs nos besoins en énergie et en pétrole (qui sont les principaux émetteurs de CO2). Soyez économes, et prenez moins votre voiture !

3 – La majorité de l’oxygène que nous respirons est produits par l’océan

Contrairement aux idées reçues, le vrai poumon de la terre ce n’est pas l’Amazonie. En effet, l’essentiel de l’oxygène que nous respirons est produit par les phytoplanctons océaniques qui absorbent le CO2 et le transforment en O2 (oxygène) qui remonte ensuite dans l’atmosphère. Les scientifiques estiment que l’océan produit à lui seul entre 50 et 85% de l’oxygène que nous respirons. Sans lui, l’atmosphère n’existerait pas ! Or le problème c’est qu’aujourd’hui les activités humaines font disparaître ce plancton. La pollution des eaux a un effet dévastateur sur ces espèces, mais c’est surtout le réchauffement et l’acidification des océans qui tue le phytoplancton. En effet, avec l’augmentation des concentrations de CO2 dans l’océan, l’eau devient plus acide. Et avec le réchauffement, elle devient aussi plus chaude. Ces deux phénomènes ont des conséquences sur la capacité de l’océan à produire de l’oxygène.

En effet, une étude du MIT publiée en 2015 montre que plus océan est acide, moins le phytoplancton y survit. Et si le phytoplancton commence à disparaître, alors la production d’oxygène baissera. D’autre part, l’augmentation de la température des eaux océaniques en surface a pour conséquence que l’oxygène se diffuse plus difficilement dans l’eau. Certaines zones océaniques ont donc de moins en moins d’oxygène ce qui pose problème à la biodiversité.

Résultats, il existe désormais des zones mortes dans l’océan, des zones qui ne produisent presque plus d’oxygène et où aucune vie ne parvient à se maintenir.

Comment agir ?

Là encore, il faudrait des mesures systémiques, qui permettent de réduire nos émissions de CO2 et la pollution marine. En tant que consommateur, comme précédemment, il s’agit d’agir à votre niveau pour réduire vos émissions de CO2 en adoptant des modes de vie plus écologiques.

4 – L’océan est une richesse sans pareille : sur le plan écologique, culturel, économique

L’océan, c’est la principale richesse commerciale de la planète. Les principales routes de commerce du monde sont des routes maritimes : 90% des marchandises dans le monde sont transportées par bateau (9 milliards de tonnes par an). De plus, les cargo sont parmi les moyens de transport les plus écologiques, et ils permettent de transporter partout dans le monde des ressources ou des produits facilement. Mais pour pouvoir continuer à circuler sur l’océan, il faut éviter que celui-ci devienne trop instable. Or on sait que le réchauffement climatique notamment perturbe les circulations océaniques et fait augmenter la fréquence des tempêtes et autres évènements météo extrêmes.

D’autre part, l’océan représente aussi de nombreuses ressources et richesses que nous utilisons dans la vie quotidienne : les algues et leurs sous produits, les poissons bien entendu, mais aussi un potentiel de production d’énergie (voir notre article sur les énergies marines).

Enfin, l’océan est aussi l’un des principaux réservoirs de biodiversité dans le monde. Il constitue une chaîne alimentaire complexe constituée de dizaine de milliers d’espèces vivantes qui ont chacune un rôle à jouer dans l’équilibre océanique et planétaire. On a déjà parlé du phytoplancton, mais on peut aussi parler de la barrière de corail qui sert d’habitat à de nombreuses espèces qui viennent ensuite nourrir les oiseaux marins. Les algues endémiques dans certaines îles sont la principale source de nourriture de certains animaux comme les iguanes marins des Galapagos. Bref, l’océan est à la base de toute une chaine de vie dont nous sommes une partie intégrante.

Comment agir ?

Éviter de polluer les océans, éviter de jeter vos déchets dans la nature (car ils finissent souvent dans les mers), limiter les émissions de CO2, limiter la pollution aux métaux lourds… Autant de gestes que nous devrions tous mettre en place pour éviter de détruire nos océans.

5 – L’océan est une ressource fragile qu’il est difficile de réparer

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Surtout, la principale raison qui devrait nous pousser à protéger l’océan, c’est qu’il est une ressource fragile et qu’il est extrêmement complexe de réparer. Par exemple, dépolluer l’océan lors d’une marée noire est une tâche quasiment impossible car il est très complexe de contenir la pollution. De la même façon, lorsque l’on pollue l’océan avec des déchets plastiques, ceux-ci se retrouvent rapidement brisés en micro-particules qui se retrouvent ensuite ingérées par les poissons et autres animaux marins… et finissent dans notre assiette (voir notre article sur les micro-plastiques océaniques). Quant à l’acidification des océans, c’est un phénomène qu’il est pratiquement impossible à inverser ou à réguler une fois qu’il est lancé…

Globalement, nos société ont tendance à avoir une vision curative des problèmes environnementaux. On considère que si un environnement est pollué, dégradé ou transformé, on trouvera toujours une solution (si possible technologique ou scientifique) pour résoudre le problème. Or c’est bien souvent beaucoup plus compliqué que ça, pour les écosystèmes en général et pour l’océan en particulier. Le cas de la pollution plastique est particulièrement éclairant de cette tendance. Par exemple, le projet Ocean Clean Up prétendait pouvoir nettoyer l’océan de ses plastiques, mais une étude approfondie du problème montre que ce projet ne fonctionnera pas suffisamment, ou de façon marginale (voir notre article : Lutter contre les plastiques océaniques : la solution miracle n’existe pas). La solution doit donc intervenir en amont, par la prévention : par exemple dans le cas des plastiques, en limitant la production de déchets plastiques inutiles (les suremballages, les bouteilles d’eau, les sacs en plastique…) et surtout, en limitant leur rejet dans la nature et dans l’océan (en utilisant les systèmes de tri et de recyclage). En ce qui concerne la fonte des glaciers arctique, on imagine des solutions extrêmement complexes pour recongeler l’océan, plutôt que d’essayer de limiter nos émissions de CO2 et donc le réchauffement. Or ces prétendues solutions sont souvent très coûteuses, aussi bien financièrement que sur le plan écologique. En fait, il faut passer de la logique de la réparation à la logique de la prévention, et considérer l’océan comme une système fragile plutôt que comme une ressource à exploiter à l’infini.

Si l’on ne prend pas soin de l’océan, toutes les ressources qu’il contient et qui permettent aux sociétés humaines et aux écosystèmes de fonctionner risquent d’être dégradées. Et comme nous dépendons de l’océan pour tous les aspects de notre vie, il serait temps que l’on s’en préoccupe un peu plus.