Il est peut-être temps de se préparer vraiment au réchauffement climatique : selon une étude, investir un euro dans cette adaptation permet d’en économiser 6 sur les coûts liés aux catastrophes climatiques.

On parle en permanence de lutte contre le réchauffement climatique, de diminution des émissions de CO2, de lutte contre l’effet de serre… Mais en réalité le changement climatique est déjà en marche : les températures moyennes sont d’ores et déjà de près d’un degré supplémentaire par rapport aux niveaux pré-industriels.

Cette réalité nouvelle, qui nous frappe dès aujourd’hui, n’est pas sans conséquences sur la vie de nos sociétés. On le voit au quotidien : les événements météo extrêmes se font de plus en plus fréquents, les précipitations augmentent dans les zones humides alors qu’elles baissent dans les zones sèches, le réchauffement climatique entraîne la désertification de certaines régions, le changement climatique augmente la fréquence des incendies… Les catastrophes climatiques comme les cyclones sont de plus en plus nombreuses au point qu’elles ont coûté aux USA près de 300 milliards de dollars l’an dernier (un record).

Face à ce constat, une évidence s’impose : il ne suffit pas de lutter contre le réchauffement climatique, désormais, il faut aussi s’y préparer. C’est d’ailleurs le constat d’une nouvelle étude sur ce sujet, qui montre que chaque euro que nous investissons pour nous préparer aux catastrophes liées au réchauffement climatique nous permet d’éviter 6 euros de pertes.

Se préparer au réchauffement climatique pour éviter la catastrophe

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Une multiplication des inondations à cause du réchauffement climatique

Le rapport, publié par le National Institute for Building Science, a voulu mesurer à quel point investir dans l’adaptation au changement climatique était utile. Pour cela, ils ont analysé les dépenses réalisées depuis 25 ans aux Etats-Unis pour s’adapter aux catastrophes climatiques : amélioration de la résilience des espaces urbains, constructions plus résistantes, plus adaptées aux éventuelles inondations, programmes de prévention des catastrophes… Ils ont ensuite évalué les coûts que ces dépenses avaient permis d’éviter : par exemple, si l’Etat américain a dépensé 500 000 dollars pour surélever les habitations, cela a-t-il été utile ? Cela a-t-il protégé les habitations ? Et combien d’argent cela a-t-il permis d’économiser ?

Les résultats de l’étude sont assez significatifs : ils montrent que les dépenses réalisées ces 25 dernières années pour se préparer au réchauffement climatique ont permis d’économiser 6 fois plus d’argent ! Autrement dit, si on avait pas fait ces dépenses, on aurait dépensé 6 fois plus d’argent pour réparer les dommages liées aux catastrophes climatiques (reconstruction, assurances, coût sanitaire ou social…).

Réchauffement climatique : mieux vaut prévenir que guérir

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Ce constat n’est certes pas absolument généralisable puisqu’il concerne les Etats-Unis, qui sont très largement frappés par les catastrophes climatiques. Mais ce rapport permet de prendre conscience d’une réalité, c’est qu’en matière de réchauffement climatique, il vaut mieux prévenir que guérir.

On le voit d’ailleurs bien en ce moment en France. Les inondations qui ont frappé le bassin de la Seine ces dernières semaines vont coûter beaucoup d’argent : plusieurs centaines de millions d’euros au minimum, alors que celles de 2016 avaient coûté près d’1.4 milliard d’euros. Si l’on avait pris en compte ce risque d’inondation en amont (en construisant des digues, en adaptant les constructions à la nouvelle réalité climatique, en se préparant), on aurait sans doute pu diminuer ce coût.

La même logique prévaut pour les incendies, les tempêtes et même les sécheresses : il est temps aujourd’hui d’investir pour se préparer à ces catastrophes qui deviendront de toute façon de plus en plus fréquentes.

Réchauffement climatique : s’adapter plutôt que de s’aveugler

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Le problème c’est qu’à l’heure actuelle, tout le développement urbain et économique se fait en dépit de l’évolution de notre climat. Ainsi, on continue aujourd’hui à construire sur des zones qui dans quelques années seront probablement inondables, on continue à artificialiser les sols dans des régions où l’on sait que cela posera des problèmes d’écoulement des eaux, on continue à détruire des espaces naturels et forestiers alors que l’on sait dès aujourd’hui que cela augmente le risque de sécheresse…

Il nous faut désormais adopter une nouvelle posture face à ces enjeux : on sait que dès aujourd’hui et plus encore d’ici quelques années, le climat fera peser sur nous de plus en plus de risques. Nous avons le choix de commencer dès à présent à nous y préparer, ou d’attendre en pensant que nous arriverons à éviter le pire… Avec le risque de devoir payer, dans l’avenir, le prix fort.

Mais alors, s’adapter, qu’est-ce que ça veut dire ? D’abord, cela veut dire lutter contre nos émissions de CO2 ! Car en effet, si nous continuons à produire autant de gaz à effet de serre, les conséquence seront dramatiques. Mais il faut aussi devenir résilients : imaginer des constructions plus résistantes aux intempéries, mieux isolées, prévoir un urbanisme qui limite l’artificialisation des sols, détruire le moins possible la végétation naturelle et les écosystèmes, réduire l’étalement urbain. Mais c’est aussi faire de la prévention et de la sensibilisation, former les populations à cette nouvelle réalité.

Et pour cela, il faudra aller bien plus loin que le plan d’adaptation au réchauffement climatique de l’Etat, qui est, pour l’heure, très limité.