Avec la crise sanitaire, le plastique s’est généralisé. Pourtant, il est urgent de réduire nos emballages et les entreprises ont un rôle important à jouer. Voici quelques conseils pour des emballages plus écologiques.
Du fait de la pandémie de Covid-19, la production de déchets s’est envolée. Le besoin de matériel de protection dans les hôpitaux, la généralisation des masques jetables, le développement de la vente à emporter : tout cela a conduit à la production de déchets supplémentaires. En Espagne, par exemple, le contenu des poubelles jaunes a augmenté de 15% au printemps 2020. En Thaïlande, en 2020, les déchets plastiques ont augmenté de 30% avec le boom des livraisons à domicile.
Cette explosion des déchets est d’autant plus dommage, qu’en Europe, elle intervient dans un contexte de lents efforts pour réduire le contenu des poubelles. Une étude de 2020 de l’Ademe montre en effet que les entreprises françaises ont réduit leur production de déchets de 15% en 10 ans. Le Parlement Européen a, lui, interdit les plastiques à usage unique dès 2021.
Le plastique a un impact délétère sur l’environnement de sa fabrication à sa fin de vie. Un rapport du CIEL estime, en effet, que les émissions de gaz à effet de serre liées au cycle de vie du plastique représenteront 56 gigatonnes en 2050. Cela correspond à 10-13% de notre budget carbone si l’on veut respecter la trajectoire des 1,5°C. Le plastique est également un fléau pour la biodiversité en étouffant la faune marine ou en transportant des espèces invasives. En 2016, la fondation Ellen Macarthur avertissait que d’ici 2050, il y aurait plus de plastique dans les océans que de poissons. Il est urgent de réduire drastiquement la quantité de déchets que nous produisons et les entreprises ont un rôle important à jouer dans cette réduction. Voyons quelques pistes pour trouver l’emballage le plus écologique possible.
La stratégie des 3 R
La stratégie des 3 R est un bon début pour une entreprise afin de faire un diagnostic de ses emballages. Les particuliers peuvent également appliquer cette stratégie.
Réduire
Le meilleur emballage est celui qui n’est pas produit ou pas acheté. On peut se poser les questions suivantes, recommandées par l’Ademe :
- Est-il possible de supprimer certains emballages ou éléments d’emballage ? La fonction qu’ils remplissent peut-elle être assurée d’une autre manière ?
- Est-il possible de réduire le poids, l’épaisseur ou le volume de l’emballage sans modification des matériaux ? Est-ce que l’on peut optimiser la logistique pour réduire les emballages de transport ?
- Est-il possible de remplacer le plastique à usage unique par un matériau alternatif recyclable ? Est-ce que l’on peut réduire les impacts liés à l’origine du matériau ?
Réutiliser
Ce n’est pas toujours possible de supprimer l’emballage. On peut alors envisager de le réutiliser et se poser la question : est-il possible de mettre en place une solution de réemploi de l’emballage ? Certaines entreprises mettent déjà en place un système de consigne pour réemploi pour les bouteilles et pots en verre, par exemple. L’impact carbone comparé d’une bouteille réutilisée et d’une bouteille recyclée dépend énormément de la distance de distribution. Mais l’Ademe estime, qu’à l’échelle d’une région française, l’impact sur l’effet de serre est 60% moindre pour la bouteille réutilisée. En revanche, à partir de 600 km parcourus pour distribuer la bouteille, le bilan s’inverse.
Recycler
La dernière option reste de recycler. On peut se poser les questions suivantes :
- Peut-on augmenter la réincorporation de matières recyclées dans l’emballage ?
- Est-il possible de mieux éco-concevoir l’emballage pour améliorer son recyclage (réduction du nombre de matériaux, facilitation du geste de tri, reconnaissance en centre de tri, filière de recyclage) ?
Choisir l’emballage le plus écologique possible
A quoi faire attention
Pour prendre en compte l’impact total d’un emballage, il faut faire attention à 3 facteurs :
- le cycle de vie complet de l’emballage : de l’extraction des matières premières qui ont servi à sa fabrication à sa fin de vie. Cela permet d’éviter un report de l’impact d’une étape du cycle de vie à une autre
- les interactions entre l’emballage et le produit qu’il contient pour que l’impact environnemental du produit dans son ensemble soit pris en compte
- le triple impact du produit à l’arrivée : sur l’entreprise, sur les consommateurs et sur l’environnement.
Les 4 critères d’un emballage écologique
La Sustainable Packaging Alliance a identifié 4 critères pour définir un emballage écologique.
Efficace
L’emballage remplit sa mission de contenir et protéger le produit au long de la chaîne d’approvisionnement. Il doit promouvoir une consommation informée et responsable. Cela passe par augmenter la fonctionnalité de l’emballage, réduire les pertes de produits ou éviter le suremballage.
Efficient
L’emballage est conçu pour utiliser les matériaux et l’énergie le plus efficacement possible tout au long de son cycle de vie. Cela comprend le stockage, le transport et la distribution. Un emballage écologique doit maximiser le ratio produit/emballage et la proportion de matériaux recyclés. Il faut augmenter l’efficacité de la logistique, l’efficacité énergétique, l’efficacité des matériaux et l’efficacité dans l’utilisation de l’eau.
Circulaire
On doit pouvoir réutiliser ou recycler les matériaux utilisés pour fabriquer l’emballage, en évitant la détérioration des matériaux. Pour cela, l’emballage doit être réutilisable par le consommateur ou collecté et réutilisé par l’entreprise. Le cas échéant, il doit être recyclable au maximum. Recycler c’est utiliser le matériau de l’emballage pour fabriquer le même objet ou d’autres objets. Le taux de recyclabilité d’un emballage évalue le pourcentage de matériaux qui vont être recyclés.
Le verre et l’aluminium, par exemple, sont recyclables à l’infini. Le verre recyclé permet de fabriquer des contenants, des matériaux isolants, des carreaux de céramique ou des agrégats pour le béton. On recycle l’aluminium pour fabriquer des canettes, du papier d’emballage, des meubles ou est utilisé dans la construction. Le carton se recycle une dizaine de fois et on l’utilise pour produire des boîtes, du papier kraft ou certains matériaux de construction. Le papier recyclé permet de fabriquer du papier, du papier hygiénique, du carton, des mouchoirs… Certains plastiques se recyclent pour fabriquer des emballages non alimentaires, des bidons de lessive, des vêtements, du mobilier urbain ou des bacs de coffrage pour piscine. Un taux de recyclabilité élevé ne garantit nullement que l’emballage sera recyclé. Il faut s’assurer pour cela qu’il existe des filières de récupération des déchets, de tri et de recyclage.
Sain
Tous les composants de l’emballage, incluant les matériaux, les finitions, les encres, les pigments et autres additifs ne doivent poser aucun risque pour la santé humaine ou celle de l’environnement. En cas de doute, il vaut mieux appliquer le principe de précaution. Il faut surveiller les éventuelles particules émises par l’emballage dans l’air ou dans l’eau, les émissions de gaz à effet de serre qu’il génère, sa toxicité et ses impacts sur les écosystèmes si il est jeté dans la nature.
Pour un emballage alimentaire, l’option la plus saine est sans conteste le verre. Composé de seulement trois ingrédients (sable, carbonate de sodium et calcaire), il est totalement imperméable. En empêchant toute interaction avec les éléments extérieurs, il garantit la préservation des aliments, hormis quelques pertes dues à la lumière. Il évite également que des substances étrangères migrent dans les aliments.
Le problème des emballages en plastique est qu’ils contiennent des substances toxiques comme des perturbateurs endocriniens qui peuvent migrer dans les aliments. La chaleur et un contact prolongé favorisent cette migration. Les molécules problématiques ont aussi tendance à se stocker plus facilement dans les graisses. Pour emballer des aliments, on recommande d’utiliser les plastiques les moins nocifs comme le polyéthylène haute densité, le polyéthylène basse densité et le polypropylène.
L’emballage en aluminium peut être lui aussi problématique car lorsqu’on le chauffe ou qu’il contient un aliment acide, des particules d’aluminium peuvent migrer dans les aliments. Il se retrouve alors dans le sang et peut générer différents problèmes de santé (stress oxydatif, amplification de l’inflammation dans certaines maladies, risques pour le fœtus). A éviter donc pour un aliment acide ou qui risque d’être chauffé.
Il faut également éviter que les emballages en papier ou carton soient en contact direct avec des aliments. Plusieurs études ont en effet montré que les huiles minérales contenues dans les encres et adhésifs de ces emballages peuvent migrer dans les aliments. Ces huiles, dérivées d’hydrocarbures seraient cancérigènes et génotoxiques (susceptibles d’endommager l’ADN). Les papiers et cartons recyclés augmentent encore ces risques. En effet, les huiles minérales se retrouvent alors directement dans le carton ou le papier.
Photo de Klára Vernarcová sur Unsplash
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