Aujourd’hui, suite de notre dossier spécial COP21 avec la question suivante : les entreprises s’investissent-elles dans la lutte contre le changement climatique ?

Dans cette lutte, les entreprises sont souvent perçues comme de mauvaises élèves. Pas assez d’efforts, pas assez d’investissements, ou même un certain déni… On accuse bien souvent les entreprises de ne pas se préoccuper du changement climatique et même parfois de ralentir les efforts faits dans ce domaine.

Alors, qu’en est-il vraiment ? 

Entreprise et changement climatique : l’histoire d’un déni

Dans l’histoire de la prise de conscience climatique, les entreprises n’ont pas été les premières à monter au créneau. Dans les années 1970 et 1980, les entreprises qui prenaient le problème du réchauffement climatique suffisamment sérieusement pour prendre des mesures sur leurs activités étaient pratiquement inexistantes. Certaines compagnies, notamment dans le secteur de l’énergie, prétendaient même que le réchauffement climatique n’existait pas.

Dans les années 1980, même Exxon (plus grosse multi-nationale du pétrole) admettait en interne que le réchauffement climatique était un problème. Des e-mails datant de 1981 indiquent que non seulement Exxon savait que le réchauffement existait, mais surtout qu’Exxon voulait influencer l’opinion publique pour le minimiser. Pendant 27 ans, l’entreprise a d’ailleurs financé des programmes climato-sceptiques dans ce sens.

Beaucoup d’entreprises, notamment anglo-saxonnes, ont financé des actions pour ralentir la lutte contre le changement climatique entre les années 1980 et 2000. Un groupe d’entreprises appelé la Global Climate Coalition a même publiquement fait campagne contre le protocole de Kyoto et les accords de Rio. Jusque dans les années 2000, rares étaient les entreprises qui soutenaient la lutte contre le changement climatique, notamment par peur que les nouvelles réglementations diminuent leurs profits.

Années 2000 : la prise de conscience du risque

Progressivement, à partir des années 2000, les entreprises ont pris conscience que le réchauffement climatique représentait un risque pour elles. Pas seulement à cause des réglementations nouvelles, mais un risque sur leur capacité à faire du business.

Pour les entreprises du domaine de l’énergie, le risque est bien entendu l’épuisement des ressources, pour les entreprises agricoles, c’est la chaîne d’approvisionnement qui est menacée, et pour toutes les entreprises mondiales, l’augmentation de la fréquence des catastrophes naturelles et des conséquences physiques du réchauffement climatique représentent aussi un risque.

De plus en plus d’études montrent que les entreprises se sentent vulnérables face au changement climatique et aux bouleversements qu’il va entraîner. Résultat ? Aujourd’hui, les entreprises intègrent le risque climatique dans leur politique de « risk management » et rares sont les entreprises qui n’ont pas un département RSE où le changement climatique est un enjeu essentiel.

Les entreprises encore en manque d’action ?

Malgré ce changement de perspective, certains experts considèrent que les entreprises pourraient agir plus et plus vite sur le changement climatique. En effet, dans de nombreuses entreprises, le développement de la RSE est encore freiné par un manque de moyens. La lutte contre le changement climatique est perçue comme un enjeu important, mais pas suffisamment proche temporellement pour être considéré comme une priorité financière.

Le retour sur investissement des pratiques RSE et développement durable est encore difficile à chiffrer. Résultat : selon une étude menée en 2014, près de la moitié des PME indiquent ne pas avoir de budget dédié à la RSE et au développement durable.

Pourquoi les entreprises auraient-elles intérêt à s’investir davantage dans la lutte contre le changement climatique ? La réponse dans notre prochain article du dossier COP21.

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