Entre le 30 mai et le 4 septembre 2022, plus de 61 000 décès sont attribuables aux intenses vagues de chaleur qui ont frappé l’Europe.

Le mois de juin 2023 est devenu le mois le plus chaud jamais enregistré jusqu’à présent. Puis, coup sur coup, l’Organisation des Nations Unies annonçait début juillet, entre le 3 et le 9 juillet 2023, que le monde avait connu sa semaine la plus chaude.

Des écosystèmes brûlés, des sols asséchés, un air suffocant, c’est le futur qui se dessine dans de nombreuses régions du monde. Une nouvelle étude publiée dans la revue scientifique Nature Medecine révèle les terribles conséquences des vagues de chaleur sur la vie humaine. Lors de l’été 2022 en Europe, 61 000 personnes sont mortes à cause de la chaleur.

Des vagues de chaleur meurtrières en 2022

Les températures se font de plus en plus écrasantes à mesure que le réchauffement climatique s’aggrave dans le monde. L’Europe est la région qui s’est le plus réchauffée, deux fois plus vite que les autres parties du globe annonçait au mois de juin 2023 l’Organisation météorologique mondiale. 2,3 degrés de plus par rapport à la fin du 19e siècle.

Un fait devenu incontestable dorénavant, le changement climatique s’aggrave indubitablement à cause des activités humaines. Le pourtour méditerranéen, l’épicentre en Europe des vagues de chaleur, des feux de forêt et des sécheresses longues, est tout particulièrement touché par la hausse des températures et les canicules. Et les populations locales ressentent chaque année plus durement le poids de la chaleur.

L’étude statistique menée dans 35 pays européens par le Barcelona Institute for Global Health (ISGlobal) et l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (L’Inserm) témoigne de cette réalité. L’Italie (295 décès par millions d’habitants), la Grèce (280), l’Espagne (237) et le Portugal (211) ont été les quatre pays les plus durement touchés par ces épisodes climatiques extrêmes de 2022 en proportion par rapport au nombre d’habitants.

Et la population italienne est elle aussi la première atteinte lorsque l’on regarde l’ensemble des décès lors de l’été dernier avec plus de 18 000 morts directement associés aux vagues de chaleur, suivie par l’Espagne (11 300) et par l’Allemagne (8 000). La France, le deuxième pays le plus peuplé en Europe, a compté 4800 décès lors de la même période estivale.

Une vulnérabilité différente face aux vagues de chaleur

Les coups de chaleur (fatal dans 15 à 25 % des cas) qui surviennent dans le cadre d’une exposition prolongée aux fortes températures demeurent rares. Les vagues de chaleur frappent différemment selon la condition physique, économique et sociale des individus comme le rappelle cet article de Dorothée Charlier dans The Conversation. Mais la chaleur fragilise fortement les personnes les plus vulnérables sont celles présentant une santé fragile, celles souffrant de maladies, physiques comme psychiques, ou bien les personnes pauvres et/ou isolées.

L’étude franco-espagnole démontre ainsi que le premier facteur de vulnérabilité repéré par l’analyse statistique est l’âge. L’étude a fait l’état de 4 822 décès pour les personnes en dessous de 65 ans, 9 226 pour celles et ceux entre 65 et 79 ans, et 36 848 pour les personnes au-delà de 79 ans.

À cela s’ajoute le sexe de la personne. Sur les décès attribuables à la chaleur, 35 000 concernaient des femmes et 21 500 pour les hommes, soit une différence de 63% ! Selon les données récoltées, la différence entre homme et femme est difficilement perceptible avant 80 ans. Mais à partir de cet âge, la vulnérabilité des femmes augmente drastiquement, en partie, selon les hypothèses évoquées dans une autre étude, à cause de prédispositions biologiques et de conditions socio-économiques moins favorables à des âges avancés.

Un retour de la canicule de 2003 ?

L’hécatombe qu’avait entraînée la canicule de 2003 en Europe a poussé les pays à mettre en place des plans de prévention et de gestion des vagues de chaleur dans le but de protéger la population. Les conditions météorologiques malheureusement exceptionnelles de 2003 ont fait près de 70 000 morts sur le territoire européen. En 2022, il n’est plus question « d’événement exceptionnel », mais d’une réalité prégnante : le réchauffement climatique rend les vagues de chaleur plus récurrentes et plus violentes.

Comme le souligne le chercheur de l’Inserm Hicham Achebak dans un communiqué, « le fait d’avoir plus de 61 000 décès en Europe à cause des vagues de chaleur, alors même que contrairement à 2003, de nombreux pays possèdent des plans de gestions des vagues de chaleur, prouve d’une certaine manière que les stratégies d’adaptations sont encore insuffisantes ».

Paris, à l’instar des autres grandes métropoles européennes sensibles aux températures élevées, prépare un plan « Grand Chaud » de prévention et de gestion des vagues de chaleur. Car outre les campagnes de sensibilisation des citoyens aux bons gestes à retenir lors des pics de chaleur, les villes repensent aussi leurs paysages.

La végétalisation, et en parallèle la désimperméabilisassion des sols, dans les écoles, les parkings et le reste des espaces publics font partie des premiers projets entrepris par les municipalités pour essayer tant bien que mal d’atténuer le réchauffement climatique.

D’autres projets, encore plus conséquents, visent la rénovation thermique du parc immobilier, et la création de nouvelles infrastructures mieux adaptées à un Paris à 50 °C.

Photo de Jonas Weckschmied sur Unsplash