Si vous appréciez le fait de pouvoir prendre l’avion une fois de temps en temps pour partir en vacances ou pour rendre visite à des proches, sachez que le changement climatique risque de perturber vos plans. En effet, plusieurs études récentes montrent que le réchauffement climatique commence déjà à avoir un effet sur le prix de vos vols. Et cela n’est pas prêt de s’arrêter.

La cause ? L’effet que le réchauffement climatique a sur la stabilité climatique.

Quand le réchauffement climatique transforme l’atmosphère

Le réchauffement climatique a des conséquences bien connues sur la météo. On sait par exemple que le changement climatique augmente la probabilité et la puissance des cyclones, que le réchauffement du climat augmente le risque d’incendies. On sait également que les perturbations climatiques ont des conséquences sur le risque de tempêtes ou d’inondations. Et forcément, si le réchauffement climatique détraque le climat, cela a une influence sur les conditions dans lesquelles volent les avions.

Mais alors, comment ? Il faut savoir que le réchauffement climatique a un effet important sur les différentiels de pression atmosphérique. En effet, dans l’atmosphère, les différences de pression sont intimement liées aux conditions de température. Ainsi, quand la température augmente localement, la pression atmosphérique augmente. Avec le réchauffement climatique, les zones chaudes, où les hautes pressions se forment sont de plus en plus nombreuses. Mais comme le réchauffement n’est pas homogène (l’air se réchauffe plus à certains endroits à cause de l’albedo, de la présence d’eau ou de végétation), on se retrouve avec des différences de pressions locales plus importantes.

Et quand les différences de pression sont plus importantes, les déplacements d’air sont plus importants, puisque l’air tend à aller de l’endroit où il y a le plus de pression vers l’endroit où il y en a le moins, avec une force proportionnelle à la différence de pression. C’est un peu comme quand on gonfle un ballon en caoutchouc. En envoyant de l’air à l’intérieur, on y augmente la pression, et si on lâche le ballon, alors l’air est propulsé vers l’extérieur (dont la pression est plus basse).

Conclusion : plus le climat se réchauffe, plus les déplacements d’air atmosphériques sont forts.

Réchauffement climatique : plus de turbulences pour les avions

Or à l’altitude où volent les avions, ces phénomènes sont particulièrement accentués et ils contribuent à la formation de turbulences plus fréquentes et plus violentes. C’est en tout cas ce que conclue le Professeur de Sciences Atmosphériques Paul Williams de l’Université de Reading au Royaume Uni. À l’aide de modèles de calcul, les scientifiques ont ainsi fait l’estimation que les violentes turbulences pourraient doubler voire tripler dans les 50 prochaines années.

Cela a un double impact sur l’aviation : d’une part, voyager sera plus dangereux, et d’autre part, cela coûtera plus cher. Plus dangereux car évidemment, les turbulences ne sont jamais sans risque. Chaque année, selon les chiffres de Paul Williams, environ la moitié des incidents de vols sont liés à des turbulences (soit trois fois plus que les incidents mécaniques ou les erreurs humaines). Dans certains cas, ces turbulences (notamment lorsqu’elles sont violentes) peuvent engendrer des blessures pour les passagers ou les membres d’équipages, voire des hospitalisations. Et puis surtout, les turbulences augmentent les risques d’incidents mécaniques et humains. Mais cela aura aussi un impact sur le prix, qui devrait monter : en effet, les compagnies aériennes vont faire face à de nouveau coûts à cause des changements atmosphériques. D’une part, l’augmentation des turbulences (et donc des incidents, blessures, etc…) va engendrer des coûts (indemnisations par exemple) mais en plus, les conditions météorologiques plus aléatoires pourront mener à des retards ou des déviations, qui, eux aussi ont un coût. Et cela sera forcément répercuté sur le prix que paie le consommateur.

Un coût important pour le secteur de l’aviation

D’après les chercheurs, tout cela pourrait coûter assez cher à l’industrie de l’aviation. L’étude estime que cela pourrait atteindre près de 500 millions de dollars par an rien que pour les vols aux USA. Au niveau mondial, cela pourrait atteindre plusieurs milliards de dollars par an de pertes. Evidemment, cela s’ajoute à toutes les autres conséquences du réchauffement climatique sur les entreprises, conséquences avec lesquelles il faudra compter si l’on ne met pas en oeuvre d’actions concrètes de lutte et d’adaptation au changement climatique.

Et cette étude ne prend même pas en compte l’effet que pourrait avoir la modification de la structure et de la vitesse du vent sur la vitesse et les trajets des vols. Ainsi, une autre étude publiée début 2016 avait montré que le réchauffement climatique allait accélérer le courant-jet (ou jet-stream en anglais), un courant aérien rapide qu’empruntent notamment les avions transatlantiques. Et si cette accélération pouvait bénéficier aux avions allant d’Ouest en Est (comme les vols New-York / Paris), elle pourrait aussi ralentir de façon relativement significative les vols Est – Ouest (Paris / New York ou New York / Seattle). Et d’après les chercheurs, l’accélération de certains vols ne compensera pas le ralentissement des autres, amenant, en moyenne à un ralentissement global des vols et à une hausse de leurs consommations de carburant.

Cela dit, un ralentissement du trafic aérien lié à l’augmentation des prix et du temps de vol serait très certainement une bonne chose dans la lutte contre le changement climatique, étant donné l’impact environnemental de l’aviation (qui représente à elle seule grosso modo 2 à 3 % des émissions mondiales).