Après deux années d’une longue bataille politique, le revirement inattendu de la ministre de l’Ecologie autrichienne, Leonore Gewessler, aura permis d’entériner la loi sur la restauration de la nature. Ce texte majeur du Pacte vert européen fixe comme objectif de restaurer 20% des terres et des mers et de l’ensemble des écosystèmes dégradés d’ici 2050.
Dans le tumulte des élections législatives françaises, une bonne nouvelle a émergé du Luxembourg où les ministres de l’environnement de l’Union européenne se sont accordés, ce 17 juin 2024, sur l’adoption de la loi sur la restauration de la nature. « Aujourd’hui, le Conseil de l’UE choisit de restaurer la nature en Europe, protégeant ainsi sa biodiversité et le cadre de vie des citoyens européens », se félicite Alain Maron, ministre de l’environnement belge dans un communiqué.
C’est le fruit de deux années de batailles politiques qui se concrétise après un revirement inattendu de la ministre de l’écologie autrichienne, Leonore Gewessler qui a voté favorablement à la réglementation, en opposition avec son gouvernement national mené par le conservateur Karl Nehammer qui souhaitait s’abstenir. « La décision d’aujourd’hui est une victoire pour la nature. Lorsque la vie saine et heureuse des générations futures est en jeu, il faut des décisions courageuses. C’est pourquoi j’ai voté aujourd’hui en faveur de cette loi sur la protection de la nature », a annoncé la ministre sur le réseau social X.
Cette décision offre la majorité qualifiée avec 20 pays membres « pour » sur les 27, et clôt plusieurs mois d’immobilisme. Le règlement sera retranscrit dans peu de temps dans le Journal officiel de l’UE, et entrera en vigueur 20 jours après sa publication..
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La loi de restauration de la nature pour que l’Europe garde « la tête haute«
Charge maintenant aux États membres de « la mettre en œuvre correctement et sans délais en collaboration avec tous les acteurs concernés », souligne la coalition #RestoreNature, composée de Bird Life Europe (dont la LPO est le représentant en France), Client Earth, EEB et WWF. La loi de restauration de la nature, juridiquement contraignante, impose en effet que chaque État réhabilite une portion significative de ses écosystèmes d’ici 2030, soit 20% des zones terrestres et maritimes dans l’UE. Les États membres devront restaurer au moins 30 % des habitats dégradés sur leur territoire national (forêts, prairies, zones humides, rivières, lacs et fonds coralliens) d’ici 2030, puis à moyen terme de 60 % d’ici 2040 et 90% d’ici 2050.
Ceux-ci sont incités à prendre rapidement des mesures de protection pour la protection des pollinisateurs, afin d’endiguer le déclin de ces espèces, et ainsi inverser la tendance d’ici 2030. Ils devront également participer activement à la revitalisation des terres agricoles et la réhabilitation de certains écosystèmes, à l’instar des tourbières asséchées par l’humain. Des objectifs ambitieux qui avaient entraîné l’ire des députés européens de la droite et de l’extrême-droite, partisans de mesures moins contraignantes.
Avec l’adoption de cette loi, l’UE va pouvoir « répondre à l’urgence de l’effondrement de la biodiversité en Europe » mais aussi « respecter ses engagements internationaux. La délégation européenne pourra se rendre à la prochaine COP [sur la biodiversité] la tête haute », se réjouit Alain Maron. Celle-ci (COP16) se tiendra en Colombie fin 2024.
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