La cinquième session de négociation pour un traité mondial contre la pollution plastique, la dernière selon le calendrier prévisionnel, se tiendra à Busan, en Corée du Sud, du 25 novembre au 1er décembre 2024. Face à une production de plastique en constante augmentation et un recyclage insuffisant, les États doivent surmonter leurs divergences pour parvenir à un accord ambitieux et juridiquement contraignant, crucial pour limiter la propagation du plastique. Dans le cas contraire, d’autres pistes pourraient être envisagées selon la Fondation Tara Ocean.
Du 25 novembre au 1er décembre 2024, la ville portuaire de Busan (Corée du Sud) accueillera la cinquième session des négociations sur la pollution plastique qui se tient sous l’égide de l’ONU. Avec un objectif : aboutir à un traité international juridiquement contraignant contre la pollution plastique, conformément à la résolution adoptée en 2022 lors de l’Assemblée des Nations unies pour l’environnement (UNEA-5).
Depuis la dernière session, qui s’est déroulée en avril, l’un des objectifs principaux portés par le Pérou et le Rwanda est d’atteindre une réduction de 40% de la production de plastique d’ici à 2040. Ce chiffre, déjà ambitieux par rapport aux réalités des discussions, « devrait être la base minimale des négociations », estime Henri Bourgeois-Costa, responsable des affaires publiques de la Fondation Tara Océan lors d’une conférence de presse. « Mais nous en sommes assez loin », regrette-t-il.
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Deux blocs s’opposent face à la réduction du plastique
« Cette nouvelle, et a priori dernière, session de négociations intervient après quatre sessions marquées par des divergences fortes et par la mauvaise foi de certains acteurs”, abonde Muriel Papin, déléguée générale de No Plastic In My Sea dans un communiqué de presse commun avec la Fondation Surfrider et Zero Waste France.
Deux blocs s’opposent en effet frontalement dans les négociations. D’un côté, des nations comme la Russie, l’Iran, les pays du Golfe, l’Inde et quelques autres pays privilégient des approches axées sur le recyclage et s’opposent à des limitations directes de la production, avant tout pour des raisons économiques. Le plastique est perçu par les producteurs de pétrole comme une porte de sortie en cas d’une transition hors des énergies fossiles. En face, une coalition de « haute ambition », composée d’une soixantaine de pays co-présidés par la Norvège et le Rwanda, et dont la France fait partie, milite pour des restrictions strictes sur la production de plastique vierge et des mesures contraignantes couvrant tout le cycle de vie des plastiques.
Difficile dans ces conditions d’arriver à un consensus sur un texte ambitieux. Mais est-ce une fin en soi ? « Aujourd’hui, avoir un traité qui embarque les pays du Golfe ou l’Iran, c’est un traité qui reviendrait à n’aborder la question des plastiques que sous l’angle des déchets, de sa collecte et du recyclage« , explique Henri Bourgeois Costa. « Si l’idée est d’arriver à un texte à tout prix, c’est dans ce cas quelque chose qui nous inquiète »,constate-t-il. À la place, des accords multilatéraux entre des pays plus ambitieux pourraient être mis en place pour réduire la production de plastique, juge le responsable des affaires publiques de la fondation.
Tara Océan espère malgré tout que des avancées notables ressortiront des discussions, à l’instar de quotas mondiaux de production de monomères, des composés souvent toxiques utilisés pour former la matière plastique, l’instauration d’une taxe environnementale sur la production ou bien la promotion des filières REP (responsabilité élargie des producteurs)… En outre, la réduction pure et simple des « plastiques inutiles », à usage unique ou pour les emballages par exemple, par des matériaux alternatifs (papier, carton verre réutilisables, etc.), permettrait de dépasser cet objectif et d’atteindre 50% de réduction de la production de 50% en 2040 par rapport au niveau de production de 2021, estime la fondation.
Une pression croissante pour des mesures fortes
La production mondiale de plastique a plus que doublé au cours des vingt dernières années, atteignant 460 millions de tonnes par an, et pourrait tripler d’ici 2060 si aucune mesure n’est prise. Comme le rappelle une note de l’OCDE, seulement 9 % des déchets plastiques sont réellement recyclés. Les discussions sont donc cruciales pour établir une feuille de route efficace dont l’objectif est d’être mise en œuvre dès 2025. Malgré ces nombreux obstacles, la Fondation Tara Océan souhaite rester positive. « Il existe une vision globale partagée des problématiques autour du plastique qui n’existaient pas il y a deux ans et demi avant le lancement des négociations […] et c’est quelque chose de complètement nouveau et unique, en tout cas en si peu de temps, pour un traité environnemental », conclut Henri Bourgeois Costa.
La Corée du Sud, un pays hôte loin d’être exemplaire
À quelques jours des négociations, la Corée du Sud, pays hôte de la session, est elle-même sous les feux des projecteurs. Selon un rapport de Greenpeace publié le 20 novembre 2024, elle se classe parmi les plus grands producteurs mondiaux de plastique, avec une capacité annuelle de près de 20 millions de tonnes, générant d’importantes émissions de CO₂. Les ONG appellent Séoul à jouer un rôle exemplaire en adoptant des engagements ambitieux.