Quel est le lien entre l’activité physique et le fonctionnement de votre cerveau ? Le sport augmente-t-il les capacités cérébrales ? C’est en tout cas ce que suggère une récente étude publiée dans la revue Scientific Reports.
De nombreuses études scientifiques ont aujourd’hui démontré l’intérêt de l’activité sportive sur plusieurs aspects de la santé : la lutte contre l’obésité et les maladies cardio-vasculaires, la prévention du diabète, la prévention des troubles musculo-squelettiques… Mais il y a un domaine qui est moins connu : le lien entre l’activité physique et le fonctionnement de notre cerveau.

Pourtant, un certain nombre de chercheurs ont mis en évidence depuis quelques années qu’il existe des corrélations entre la santé de notre cerveau, ses performances et même notre mémoire, et l’activité physique et sportive. Une nouvelle étude publiée dans Scientific Reports par des chercheurs de l’Université de Münster démontre par exemple qu’il existe une corrélation entre la forme physique d’un individu et ses performances cognitives.

Sport et endurance physique liés aux fonctions cognitives

Les chercheurs à l’origine de l’étude ont chercher à savoir s’il pouvait exister un lien entre la forme physique d’un individu et les capacités de son cerveau. Pour cela, ils ont utilisé un panel relativement large (plus de 1200 individus) de jeunes individus en bonne santé. Ils ont ensuite comparé leur endurance physique (mesurée grâce à un test de marche très rapide) à leurs fonctions cognitives (mesurée par l’intégrité de la substance blanche du cerveau, évaluée par IRM et la performance à certains tests cognitifs). Ils ont ensuite normalisé les résultats en prenant en compte les variables qui pourraient affecter le résultat (niveau d’étude, sexe, IMC, pression sanguine…).

Concrètement, leurs résultats montrent que les individus qui ont les meilleures performances sur le test physique (marcher la plus grande distance possible en deux minutes) tendent également à avoir de meilleurs résultats aux tests cognitifs et aux tests d’intégrité de la matière grise. Il y a donc une corrélation entre la forme physique et les capacités du cerveau.

La substance blanche : le lien entre sport et performances du cerveau

Selon les chercheurs, une explication possible du lien entre performance cognitive et performance physique serait à chercher du côté de la matière blanche ou substance blanche. La substance blanche sert en quelque sorte de relais entre les différentes parties du cerveau : c’est ce qui permet de transmettre les messages et d’assurer la coordination entre les différentes parties de l’organe. Or il semblerait qu’une meilleure forme physique soit liée à une meilleure qualité de la substance blanche.

De plus en plus d’études ont étudié ce lien ces dernières années : elles montrent là encore qu’il y a des liens évidents entre l’intégrité et la structure de la substance blanche et l’activité et la forme physique. Ainsi, une étude menée en 2013 par des chercheurs néerlandais sur près de 400 individus de 50 à 85 ans montrait une corrélation entre activité physique et qualité de la substance blanche. Plus récemment, une étude menée en 2018 sous l’égide du Beckman Institute allait encore plus loin en montrant que les enfants pratiquant certaines activités physiques voyaient la micro-structure de la substance blanche s’améliorer. En résumé : par un mécanisme encore à préciser, l’activité physique affecterait positivement la qualité de la substance blanche.

Le sport pour développer et protéger le cerveau ?

Il se pourrait donc que le sport puisse être utilisé pour développer et protéger le cerveau, et ce à tout âge de la vie. Selon les chercheurs de l’Université de Münster, leurs résultats incitent à penser que « la forme physique et l’activité physique auraient un effet bénéfique et potentiellement protecteur sur la structure du cerveau et les performances cognitives. » L’étude de l’Institut Beckman conclue aussi à l’importance de l’activité physique dans le développement cérébral et cognitif des enfants.

L’activité physique pourrait donc à terme, et si ces résultats sont confirmés par la recherche, devenir un moyen de prévention de certaines pathologies dégénératives, ou faire partie des méthodes thérapeutiques.