En avril 2013, le Rana Plaza s’effondrait faisant 1138 morts et plus de 2500 blessés. Cet immeuble du Bangladesh abritait de nombreux ateliers de confection dont certains travaillant pour des grandes marques occidentales. Cet épisode tristement célèbre a marqué un tournant dans la prise de conscience des effets pervers de la fast fashion. Pour ne pas oublier et appeler à des changements concrets, à la date anniversaire, chaque année des évènements sont organisés partout dans le monde, manifestés sur les réseaux par le hashtag #WhoMadeMyClothes.

Le Fashion Revolution pour un changement des pratiques dans l’industrie textile

La mise en lumière des conditions de travail dramatiques des travailleurs du textile a abouti à la création d’un mouvement citoyen appelant au changement des pratiques de l’industrie de la mode. En effet, alors que l’Occident ne voit que le rêve et les paillettes, ce secteur est à la fois extrêmement polluant et les conditions de travail toujours difficiles, comme en témoigne encore le rapport du Worker Rights Consortium.

Ce rapport fait état des multiples représailles subies par les travailleurs textiles au Bangladesh qui manifestent depuis novembre 2018 pour obtenir une augmentation de leur salaire. Aux dires du rapport, près de 65 personnes ont été arrêtées depuis décembre sur la base d’accusations fallacieuses et plus de 10 000 travailleurs ont été licenciés sans justification légale.

C’est pour mettre un terme à ces agissements que deux créatrices anglaises Carry Somers et Orsola de Castro ont créé dès l’effondrement du Rana Plaza l’association Fashion Revolution. Ce mouvement milite pour que les droits de l’Homme, les normes environnementales et la transparence soient garantis dans le secteur de la mode. Des campagnes destinées à changer les pratiques de l’industrie textile mais aussi sensibiliser les consommateurs occidentaux sont menées depuis un peu partout dans le monde. Parmi ces campagnes, il y a justement le Fashion Revolution Day destiné à commémorer le jour de l’effondrement du Rana Plaza, le 24 avril 2013.

C’est dans ce contexte qu’est apparu le hashtag #WhoMadeMyClothes destiné à marquer ce jour particulier et utilisé désormais pour accompagner la semaine de la Fashion Revolution, qui était organisée cette année du 22 au 28 avril.

Le concept derrière ce hashtag est que tout le monde, de l’amateur de mode à l’influenceur célèbre, puisse interpeller les marques sur la provenance de nos vêtements en postant une photo sur les réseaux sociaux accompagnée du hashtag #WhoMadeMyClothes. (Vous trouverez plus d’informations sur l’intérêt de la démarche et les différents moyens d’action sur le site de l’association Fashion Revolution en cliquant ici).

#WhoMadeMyClothes : un mouvement porté par les réseaux sociaux aux résultats tangibles

Relayée par des influenceurs sur les réseaux, l’interpellation des marques qui fabriquent nos vêtements prend de l’ampleur. D’après Carry Somers, fondatrice du mouvement Fashion Revolution, l’année dernière, 3,25 millions de personnes ont participé au hashtag #WhoMadeMy Clothes.

Cette forte mobilisation a permis d’aboutir à des résultats concrets. Des marques comme Marks & Spencers, ou H&M publient désormais la liste de leurs fournisseurs, notamment ceux travaillant au Bangladesh.

Au-delà des effets tangibles auprès des grands noms de l’industrie du textile, ce mouvement permet aussi à tout un chacun de s’interroger sur l’origine de nos vêtements et plus généralement sur notre rapport à la mode. Rien qu’en France, chaque année d’après le rapport Le Revers de mon Look plus de 600.000 tonnes de vêtements sont mis sur le marché, ce qui représente 2,5 milliards de pièces ! Mais parmi les vêtements en fin de vie, seulement 210.000 tonnes sont collectés et triés. Au final, c’est 1 % des tissus qui composent nos vêtements qui sont recyclés pour en faire de nouveaux.

Sachant que les français ne portent qu’environ un tiers de leurs vêtements, le hashtag #WhoMadeMyClothes est peut-être un appel pour acheter moins, mais en étant assuré que nos vêtements sont produits dans des conditions qui permettent aux hommes et aux femmes qui les fabriquent de vivre décemment et dans un environnement qui n’est pas totalement pollué par l’industrie textile !