Les métiers de la RSE sont en pleine évolution, et 2017 sera une année charnière. Voici 5 tendances à découvrir pour comprendre les évolutions du secteur.

On le sait désormais, les entreprises vivent un moment charnière par rapport à leur responsabilité. Que ce soit le contexte économique et écologique global, les règlementations de plus en plus présentes partout dans le monde, ou la pression des consommateurs, tout ou presque incite les entreprises à agir pour devenir plus responsables.

Ces stratégies de responsabilité, que l’on regroupe sous le terme « RSE« , sont en passe de s’imposer comme une nouvelle exigence stratégique dans toutes les entreprises, des plus grandes aux plus petites. Il n’est donc pas étonnant que ces dernières années, les mutations du secteur de la RSE soient fréquentes, profondes et rapides.

Pour comprendre ces mutations, rien de tel que de demander à ceux qui la vivent au quotidien, à savoir les professionnels. C’est pour cette raison qu’Ethical Corporation (une entreprise d’analyse et de service spécialisés dans les domaines de la RSE et de la durabilité) s’attache, dans son Global Responsible Business Trends, à interroger les professionnels, qu’ils travaillent dans la RSE ou qu’ils soient simplement en contact avec elle (marketing, direction, management…) pour synthétiser les transformations qu’ils observent dans ces métiers. Cette année, près de 2500 professionnels ont été interrogés partout dans le monde dans le but de savoir comment évoluaient les métiers de la RSE dans leur entreprise. Analysons les résultats du rapport sectoriel que vient de publier Ethical Corporation sur la RSE en Europe, en 5 grandes tendances.

1- La RSE et la durabilité : un intérêt stratégique de plus en plus fort

Rapport-RSE-definitionC’est la tendance numéro 1 du rapport : la RSE devient une stratégie de plus en plus importante pour les entreprises ! En Europe, 84% des interrogés déclarent que la RSE et le développement durable sont une part de plus en plus importante de la stratégie business de leur entreprise. Et cela se ressent lorsqu’on regarde de qui dépendent les professionnels de la RSE dans les entreprises : au total, près de 54% dépendent directement du CEO ou du conseil d’administration.

On constate également qu’une grande majorité des interrogés souhaiteraient voir les problématiques de durabilité intégrées plus directement dans la stratégie de leurs activités. C’est le cas pour le marketing et la communication (88% sont d’accord avec l’idée que la durabilité devrait être placée au coeur de la stratégie marketing et communication), mais aussi pour les métiers de la supply chain (93%), les RH (83%) ou encore la R&D (87%).

Il semble donc que les entreprises portent de plus en plus d’intérêt à l’aspect stratégique de la RSE.

2 – La RSE et la durabilité : un avantage compétitif

Conséquence logique de cet intérêt stratégique ? Les 3 opportunités liées à la RSE les plus couramment citées par les sondés lorsqu’on leur demande les opportunités qu’ils envisagent pour 2017 sont :

  • L’avantage compétitif procuré par la durabilité (21% des sondés)
  • L’innovation au coeur de la durabilité et de la RSE (14%)
  • Et l’intégration de la RSE dans le business model de l’entreprise

En résumé, non seulement les entreprises s’intéressent de plus en plus à ces thèmes, mais elles y voient un vrai avantage compétitif, une source d’innovation et de différenciation par rapport à leurs concurrents. Ces résultats ne sont pas sans rappeler ceux d’une autre étude publiée récemment sous l’égide de l’ONU, et qui concluait qu’investir dans la RSE aujourd’hui, c’était s’assurer une avance considérable sur des opportunités business pouvant aller jusqu’à 12 000 milliards de dollars. (voir : 12 000 milliards d’opportunités business à saisir pour les entreprises responsables)

3 – La RSE rapporte de plus en plus de revenus

Les professionnels interrogés sont aussi convaincus que la RSE rapporte directement de l’argent. 56% des sondés estiment ainsi que les stratégies de durabilité mises en place dans leur entreprise ont créé du revenu. C’est une légère augmentation par rapport au chiffre de l’année précédente, mais surtout, cela prouve que la RSE passe peu à peu du statut de stratégie de conformité réglementaire à une stratégie qui rapporte.

Bien sûr, près de 20% estiment encore que la RSE ne rapporte pas et ils sont 24% à ne pas savoir répondre à cette question. C’est la preuve qu’il reste encore un peu de chemin à faire avant d’avoir convaincu tous les professionnels du bien fondé financier de la démarche.

4 – Des budgets en stagnation voire en baisse

Malgré ces constats globalement encourageants, une donnée reste problématique : la stagnation des budgets alloués à la durabilité et à la RSE. Premier constat : l’écrasante majorité des budgets pour ces secteurs sont faibles : 27% des interrogés déclarent que leur entreprise alloue un budget inférieur à 10 000 euros pour les activités liés à la RSE.

5 – La RSE face au Brexit : l’incertitude

Autre grande tendance en 2017 pour les entreprises et leur stratégie de RSE : l’incertitude liée au Brexit. En effet, comme nous l’avions analysé en juin dernier, la sortie du Royaume-Uni de l’Union Européenne créé des conditions d’incertitude et un flou réglementaire, notamment vis-à-vis des réglementations RSE, des normes de protection de l’environnement ou du salarié (voir : Brexit : quelles conséquences pour le développement durable en entreprise ?). Pour toutes les entreprises qui travaillent dans ce pays, ou qui sont en relation avec des entreprises qui y travaillent, le Brexit qui vient officiellement de commencer signifie un grand moment de questionnements. Qu’adviendra-t-il des règlementations et des normes européennes ? Comment seront-elles transcrites, si elles le sont, dans la réglementation britannique ? Autant de questions qui placent tous les professionnels de la RSE (et d’autres) dans une situation complexe car il sera difficile pour eux de faire des projets sans connaître le contexte normatif.