Initiée par l’artiste Stefan Shankland et mise en œuvre en 2007, la démarche HQAC – Haute Qualité Artistique et Culturelle – révèle le potentiel plastique, culturel et social des chantiers urbains.  

Initiateur de la démarche et véritable lead artist, le travail de Stefan Shankland vise à réconcilier art, espace public et politiques urbaines. Vacarme, désordre, pollution… les chantiers mènent la vie dure ! Qui ne s’est jamais plaint du bruit ou des odeurs qu’ils occasionnent ? Généralement qualifié de nuisible, de transitoire, le chantier urbain n’en est pas moins une zone vouée à réintégrer la ville et le quotidien des riverains une fois les travaux terminés. Mais pourquoi ne pas transformer ces faiblesses en atouts ? Vers une esthétique du chantier ? La démarche HQAC met en lumière ces capacités jusqu’alors inexploitées.

En effet, le chantier urbain trouble, bouleverse. Il agace autant qu’il fascine, suscite la curiosité, les regards. Il rassemble, crée du lien, provoque. Il encourage néanmoins le dialogue et les rencontres entre les divers acteurs de la ville en devenir : habitants, usagers, élus, urbanistes, architectes, ouvriers, artistes, aménageurs, promoteurs, ou encore entreprises du bâtiment et des travaux publics.

Ivry-sur-Seine. Photos : Stefan Shankland ©
Ivry-sur-Seine. Photos : Stefan Shankland ©

La démarche HQAC s’inspire d’une part des objectifs du développement durable, et d’autre part de la démarche HQE (Haute Qualité Environnementale). En quelques mots, on peut la qualifier d’outil permettant de s’emparer du potentiel artistique, culturel et social propre au chantier urbain. Plus précisément, le HQAC offre « un cadre légal, économique et institutionnel, facilitant l’apport de l’art et de la culture aux dynamiques du renouvellement urbain. » Au long terme, son objectif est de s’imposer comme une politique culturelle à part entière ; une politique qui associerait spontanément culture, lien social, chantiers urbains et ville durable.

Pilotés par une équipe pluridisciplinaire, les projets réunissent architectes, professionnels de l’urbanisme, artistes, habitants, étudiants, chercheurs, entreprises et services de la ville. On assiste alors à de nouveaux dialogues entre acteurs artistiques, culturels et acteurs de l’aménagement.

L’histoire de l’art suit son cours. Sublimer la ville n’est plus son unique fonction. « De l’échelle de la rue à celle des métropoles, de nouveaux actes artistiques et culturels intègrent subtilement la production urbaine, interprétant les formes et les usages de la ville de demain. Ici et là, des artistes activent la ville, par leur capacité à créer des relations, se confronter à des situations complexes, introduire de l’imaginaire et du décalage, nourrir la prospective urbaine », extrait de l’étude du Pôle des Arts Urbains sur la démarche HQAC.

Photo Alice Lescanne ©
Photo Alice Lescanne ©

 

HQAC Aubervilliers. Rue du landy.
HQAC Aubervilliers. Rue du landy.

 

Pour mieux comprendre : zoom sur TRANS305, premier projet et prototype HQAC

Lancé en 2007, le projet TRANS305, dirigé par Stefan Shankland, est un programme d’accompagnement artistique et culturel du chantier urbain de la ZAC du Plateau à Ivry-sur-Seine (94). Jusqu’en 2015, le projet s’articule autour de trois axes principaux :

  • l’intégration de propositions artistiques dans les différentes phases du chantier
  • la conduite d’ateliers de consultation participative et de pratique artistique en lien avec ce territoire en mutation
  • le rayonnement de la démarche HQAC via un site Internet, des publications, des expositions, des conférences et des workshops.

 

TRANS305 se développe depuis 7 ans grâce à une collaboration étroite entre la ville d’Ivry-sur-Seine, l’AFTRP aménageur et l’équipe du projet TRANS305. Stefan Shankland s’est associé aux architectes Raumlaborberlin pour ce projet d’architecture expérimentale ; architecture en matériaux de chantier recyclés réalisée par des étudiants. Du haut de ses 10 mètres, l’atelier TRANS305 a pris ses quartiers en plein cœur des chantiers du ministère des Finances et a accueilli pendant plus d’un an riverains, artistes, étudiants, ouvriers, chercheurs et architectes.

 

Atelier TRANS305, projection d'Elke Marhöfer, Is There Something Else I've Lost?
Atelier TRANS305, projection d’Elke Marhöfer, Is There Something Else I’ve Lost?

Ouvert au public, l’atelier proposait des visites, des débats, des ateliers, des résidences d’artistes et des concerts, le tout avec une vue incroyable sur les chantiers voisins.  Un souvenir inspirant de la ville en transformation…