L’habitat et le bâtiment durables sont désormais des enjeux fondamentaux pour la transition écologique. Décryptage autour de plusieurs experts de tous bords dans le cadre des débats Le Monde – La Poste sur le thème des villes de demain.

En matière de transition écologique et de transition énergétique, on parle souvent de transport, de production électrique renouvelable ou d’alimentation. Mais un secteur est souvent oublié : le bâtiment et l’habitat. C’est pourtant à ce jour le premier poste d’émissions de CO2 dans l’empreinte carbone des français, devant le transport (2ème) et l’alimentation (3ème). C’est donc un enjeu fondamental pour la transition vers une société plus durable.

Le 13/02/18 se tenait à Nancy au Campus ARTEM une conférence qui faisait le point sur cette question. Autour d’une douzaine d’experts de tous bords (acteurs publiques, entreprise, chercheurs, politiques, journalistes, scientifiques) cette matinée a donné l’occasion de revenir sur les grands enjeux de la question du résidentiel et du bâtiment dans la transition écologique.

L’enjeu de la rénovation thermique et énergétique des bâtiments

Il faut savoir qu’en France, de nombreux logement sont loin d’être aux normes acceptables en matière d’isolation et d’efficacité énergétique, ce qui entraîne une forte augmentation (inutile) de nos consommations énergétiques et donc de nos émissions de CO2.

Le problème, c’est que rénover ces logements demande énormément de ressources, tant en matière financière qu’en termes d’éducation et de formation. En effet, la majorité des citoyens ne sont pas informés des enjeux de la rénovation, ils ne connaissent ni les mécanismes d’aides ni les professionnels à qui s’adresser.

C’est la raison pour laquelle certaines organisations mettent en place des évènements pour sensibiliser les citoyens aux enjeux des passoires énergétiques et aux questions de la rénovation de l’habitat.

Problème : la volonté politique ne semble pas suivre et les associations dénoncent le manque de moyen accordé sur ce sujet. Résultat : malgré les réformes, trop peu de citoyens, de bailleurs et de propriétaires mettent en place les processus pour se lancer dans la rénovation de leurs logements. C’est ce que déplore l’association CLER (Réseau pour la transition énergétique, les énergies renouvelables et la maîtrise de l’énergie) :

Bâtiment, construction durable et numérique : comment le digital peut-il aider la transition ?

L’autre enjeu fondamental sur la question du bâtiment et de l’habitat durable, c’est le rôle que peuvent jouer les nouvelles technologies et notamment le numérique et le digital. À l’heure du tout connecté, certains se demandent si la domotique, les capteurs connectés, les outils de mesure et de réglage en temps réel ne pourraient pas être un outil viable pour optimiser nos consommations énergétiques dans l’habitat.

De plus en plus d’acteurs estiment que le numérique et la maison connecté pourraient constituer non seulement une formidable opportunité écologique, mais aussi un vaste bassin nouveau de croissance et d’emplois qualifiés.

Reste à savoir comment mettre en place un tel système digital connecté dans la pratique, comment réduire l’impact de ces nouvelles technologies sur l’environnement et les ressources, comment les intégrer à un système d’économie circulaire pérenne.

Matériaux, éco-quartiers, gestion urbaine : vers une nouvelle conception de la ville

Mais la ville de demain, ce n’est pas seulement la rénovation de l’existant. C’est aussi des constructions nouvelles qu’il faut penser, construire, intégrer au bâti, gérer. Des matériaux à la gestion urbaine en passant par les concepts d’éco-quartiers, de nombreuses problématiques se posent pour penser la ville de demain.

Première étape : refonder les modes de pensée qui régissent l’urbain, faire plus de collaboratif, créer une chaîne d’acteurs impliqués globalement.

Il faut aussi penser de nouvelles formes de vie urbaine, de nouvelles formes de mobilité. Ne plus structurer par exemple toute la ville autour de l’usage de la voiture individuelle mais penser aux mobilités douces, aux principes du développement durable dans leur ensemble.

Et cela passe aussi par les matériaux : alors que les constructions actuelles se basent toutes sur des matériaux non-renouvelables (ciment, béton, verre, métal) on peut aussi penser à utiliser les ressources comme le bois, qui même en ville peuvent faire partie intégrante du bâti.

Au final, c’est toute une révolution à la fois conceptuelle et pratique qui doit s’opérer pour faire la transition écologique dans le secteur de l’habitat et du bâtiment. Mais cette révolution semble désormais de plus en plus urgente et de plus en plus importante.

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