Mobilité, bâtiments, matériel et alimentation… pour atteindre la neutralité carbone en 2050, l’administration française va devoir se serrer la ceinture carbone dans les prochaines années avec un plan de transformation écologique. Pour convaincre les agents de prendre le pli, l’Etat mise notamment sur une formation à grande échelle. Explications en infographie.
« L’État a une responsabilité particulière, éminente pour la transition écologique (…). Notre cap est clair : en 2027, nous aurons réduit les émissions de gaz à effet de serre de l’État de 5% par an depuis 2022, soit près d’un quart de baisse au total. Et d’ici 2050, nous voulons diviser par 5 nos émissions ». Soit l’équivalent des émissions annuelles de GES d’une ville comme Bordeaux. Voilà l’ambition et la trajectoire carbone de l’administration française qui émet 10 millions de tonnes de CO2 équivalent annuel, selon le dernier bilan carbone disponible (2019).
Le 28 mars, la façon d’atteindre ce cap a été précisée par le Premier ministre, Gabriel Attal, lors de la présentation du plan de transformation écologique de l’État, aux représentants de la fonction publique et acteurs de la transition écologique. Déjà annoncés par circulaire, ces 15 grands engagements pour accompagner les administrations de l’État et leurs agents à l’atteinte du zéro émission nette d’ici 2050 avait en effet été présentés en janvier 2024, en plein remaniement ministériel.
Pour assurer cette transformation écologique, le gouvernement se fixe des objectifs de sobriété sur la mobilité, les achats, l’eau ou les consommations énergétiques pour les bâtiments de l’État. Mais aussi sur l’exemplarité de l’Etat en matière de biodiversité. Par exemple en travaillant à la désimpreméabilisation, la renaturation et la dépollution des sols, à la fois pour des objectifs de biodiversité et de séquestration carbone. Mais aussi en visant 300 préfectures et sous-préfectures labellisées « refuges biodiversité » à la fin de l’année 2024.
La formation des 5,7 millions d’agents, clé de voûte du plan de transformation
« Ce plan est adapté et taillé sur mesure pour chaque administration », assure le Premier ministre Gabriel Attal. « Pour une transition écologique juste et efficace, [il] se décline de manière adaptée à chaque territoire, aux métiers et aux contraintes du quotidien », renchérit le dossier de presse.
Mais pour atteindre les objectifs, il va notamment falloir « outiller et accompagner » les 5,7 millions d’agents publics de l’État. Une démarche qui suit la logique du groupe de travail conduit par Jean Jouzel en 2022 qui soulignait l’importance du volet éducationnel dans la transition écologique.
« La France est le premier pays à avoir l’ambition de former tous ses agents aux enjeux environnementaux » pour mettre les « enjeux de transition écologique au cœur des politiques publiques », a ainsi souligné la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Sylvie Retailleau.
Depuis deux ans, 2 000 scientifiques volontaires ont ainsi sillonné la France pour sensibiliser les représentants de l’État à la situation critique de la planète et ainsi leur donner les clés d’une meilleure décision publique pour y remédier. Le but est de généraliser ces actions et de donner 28 heures de formation sous la forme d’ateliers, de conférences, de rencontres, et d’actions concrètes à mettre en place dans les différentes administrations.
La mobilité au cœur de la décarbonation de l’Etat
Mais la formation ne fera pas tout. Pour aller chercher ces 5% de réduction de GES annuels, l’État vise en premier lieu la mobilité des agents publics. Les déplacements forment en effet le premier secteur d’émissions de la fonction publique, et de loin, avec 46% des émissions totales. Le gouvernement souhaite transformer les habitudes de déplacement de ses agents en réduisant au minimum l’usage des transports carbonés, voitures individuelles thermiques et avions.
Les agents publics serviront aussi d’exemples pour quelques mesures environnementales liées à la mobilité qui avaient suscité l’indignation chez une partie des Français. Les agents publics devront réduire leur vitesse à 110 km/h, au lieu de 130 km/h sur l’autoroute. Ils auront aussi l’obligation de favoriser le train à la place de l’avion pour les trajets de moins de 4h.
La décarbonation passera aussi par une transformation des modes de travail, avec l’usage du numérique dans les échanges (télétravail, visioconférence, formations à distance) et la proposition d’une nouvelle formule : la semaine de 4 jours au lieu de 5.
Gestion des bâtiments, alimentation et achats publics
En ce qui concerne le deuxième secteur d’émission, la gestion des 190 000 bâtiments publics (24%) doit totalement changer de modèle, selon le gouvernement. L’État vise ainsi la sobriété énergétique et prévoit l’investissement de 900 millions d’euros en appel à projets pour la rénovation des bâtiments de l’État dès l’année 2024.
Le plan indique aussi que « l’État doit utiliser les achats publics comme soutien à la transition écologique ». Ceux-ci émettent quelque 23% des émissions pour plus de 40 milliards d’euros d’achats annuels. « En 2025, 100% des marchés publics » comporteront au moins une clause environnementale contre 50% en 2023, a ainsi détaillé Thomas Cazenave, le ministre délégué aux comptes publics reprenant la circulaire de novembre. 50% du matériel informatique fonctionnel de moins de 10 ans sera ainsi orienté vers les filières du réemploi, et l’État deviendra à la fois un donateur et un acheteur important pour cette même filière.
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Enfin, le gouvernement s’engage sur l’alimentation (7% des émissions). Il entend notamment former 7 500 cuisiniers et gestionnaires de l’État à la cuisine bas carbone, principalement végétarienne d’ici 2027. Il souhaite en outre concrétiser enfin les objectifs d’EGAlim de 50% de produits de qualité et durable dont 20% issus de l’agriculture biologique dans les cantines de l’État. Celles ci délivrent en effet près de 400 millions de repas par an.
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