Qu’est-ce que l’effet rebond appliqué au domaine de l’écologie ? Quels en sont les mécanismes, exemples à l’appui ? Comment limiter l’effet rebond dans le cadre de la transition écologique ?
Définitions générale (économie) et appliquée (écologie) de l’effet rebond
L’effet rebond est une notion du vocabulaire économique qui désigne un accroissement de la consommation provoqué par la réduction des limites qui étaient jusque-là posées à l’usage d’un bien, d’un service ou d’une technologie. Le surcroît de ressources dégagé est alors utilisé pour une surconsommation du même produit, ou bien pour la consommation d’autres produits.
Appliqué à l’écologie, et notamment à la consommation d’énergie, l’effet rebond caractérise un effet pervers et paradoxal des progrès en matière d’efficacité énergétique : les économies réalisées ne sont pas synonymes d’une moindre consommation, mais entraînent au contraire une augmentation de la consommation des équipements concernés ou d’autres équipements, et donc de l’énergie nécessaire à leur fabrication et à leur fonctionnement.
Cet effet rebond paradoxal entre en ligne de compte de façon élargie pour tous les domaines d’utilisation des ressources et leur impact environnemental.
Concrètement, comment fonctionne l’effet rebond ?
La première illustration de l’effet rebond en matière d’énergie remonte au XIXe siècle, sous la plume de l’économiste William Stanley Jevons. L’exemple choisi est celui de la nouvelle machine à vapeur conçue par James Watt, beaucoup plus économe en charbon que les anciens modèles à performances égales. Plutôt qu’une baisse de la consommation de charbon, c’est le contraire qui s’est produit : le gain en efficacité, accru par la mise en œuvre de machines de plus en plus puissantes et nombreuses, a entraîné une augmentation constante de l’exploitation de cette source d’énergie.
Le phénomène se constate à tous les niveaux de la chaîne de production/consommation dans une économie basée sur la recherche permanente de la croissance. Les quelques exemples qui suivent en sont une illustration éloquente parmi beaucoup d’autres :
- la baisse des coûts de fonctionnement des poêles à granules, au rendement particulièrement performant, génère une surutilisation de ces équipements qui annule le bénéfice en matière de consommation d’énergie ;
- la baisse des prix des lampes LED basse consommation et leur généralisation entraîne une moindre vigilance en termes d’utilisation qui compense, voire supplante les économies d’énergie potentielles ;
- les économies réalisées par un ménage suite à des travaux d’isolation de logement sont réinvesties dans l’achat de confort d’un second véhicule, consommateur d’énergie et polluant…
La solution au paradoxe de l’effet rebond : un changement de paradigme
Dans le système économique actuel, produire mieux permet de produire plus pour consommer plus. Dans ce cadre, l’effet rebond n’est finalement pas si paradoxal, puisqu’il s’inscrit à plein dans la dynamique d’un processus global basé sur la seule recherche quantitative de la croissance.
L’éradication de cet effet rebond, ou tout au moins sa maîtrise, ne peut reposer que sur un changement de paradigme où produire mieux serait synonyme de produire moins et donc de consommer moins. C’est le principe de l’« innovation frugale » prôné par les partisans d’un nouveau modèle de croissance basé sur la nécessité de mettre en œuvre réellement et de façon pérenne la transition écologique exigée par les contraintes environnementales (réchauffement climatique, chute de la biodiversité…). Ce processus ne peut cependant être mené à bien que sur la base de deux éléments indissociables :
- un changement de comportement des citoyens/consommateurs, ce qui suppose une action accrue de sensibilisation et d’éducation sur le long terme ;
- des politiques publiques radicalement renouvelées et beaucoup plus volontaristes.