Qu’est-ce que la transition démographique ? Quelles sont ses causes et conséquences ? Quels sont les phases de la transition démographique et ses enjeux ?
La transition démographique : définition
La transition démographique est un concept qui décrit le processus de changement dans la structure de la population d’un pays à mesure que celui-ci se développe économiquement et socialement. Cette transition se caractérise par une baisse de la mortalité et de la natalité, entraînant une diminution progressive de la croissance de la population.
Les phases de la transition démographique
En général, on considère que la transition démographique suit quatre phases :
- La phase pré-transition : au cours de cette phase, le taux de natalité et le taux de mortalité sont élevés, ce qui entraîne une croissance démographique lente et une population qui reste relativement stable.
- La phase de transition : dans cette phase, la mortalité commence à baisser en raison notamment des progrès de la médecine et de l’hygiène, permis en général par le développement économique, social et scientifique. Durant cette phase la natalité reste élevée, entraînant une croissance rapide de la population.
- La phase de transition avancée : durant cette phase, la mortalité continue de baisser et la natalité commence à baisser à son tour, notamment suite au développement économique et social, ce qui entraîne une baisse de la croissance démographique. La population continue à augmenter, mais plus lentement.
- La phase post-transition : cette quatrième phase, voit à la fois le taux de natalité et le taux de mortalité se stabiliser à des niveaux plus bas, ce qui entraîne une croissance démographique lente et une population qui vieillit.
Certains parlent parfois d’une cinquième phase, qui serait la continuité du nouvel équilibre démographique lié à la transition démographique. Il s’agit d’une phase que l’on commence à observer dans certains pays (Europe, Europe du Sud, Japon…) mais dont on ne connait pas encore exactement les formes. Ces pays vivent des changements démographiques importants liés à l’immigration, à la baisse de la natalité, au vieillissement de la population. L’avenir dira comment cette phase évolue et ce qu’elle implique pour les populations.
Il est important de noter que toutes les populations ne passent pas par ces phases de manière linéaire ou uniforme. Certaines populations peuvent rester dans une phase de transition plus longtemps que d’autres, ou peuvent connaître des périodes de recul dans leur transition démographique en raison de facteurs économiques, politiques ou sociaux.
Voir aussi : Démocratie : définition
Histoire de la transition démographique
La transition démographique en Europe et dans les pays industrialisés
Les premiers exemples historiques de la transition démographique remontent au début du XVIIIe siècle en Europe occidentale. À l’époque, les taux de natalité sont très élevés, et en même temps, la mortalité infantile et la mortalité en général sont aussi importantes. Il y a donc beaucoup de naissances, et beaucoup de décès, et une population qui augmente lentement. Mais avec l’amélioration des conditions sanitaires et la généralisation de la vaccination, la mortalité, notamment la mortalité infantile diminue progressivement. De ce fait, la population commence à augmenter, assez rapidement. La natalité baisse ensuite avec la hausse du niveau de développement social, éducatif, sanitaire, ce qui fait ralentir la croissance démographique. Ce processus s’est poursuivi tout au long du XIXe siècle et du XXe siècle, et a été accompagné d’une augmentation de l’espérance de vie. Aujourd’hui, les pays européens sont en phase « post-transition », avec une croissance démographique faible et une population qui vieillit. L’Amérique du Nord et les principales colonies européennes ont connu leur transition démographique à la même période ou juste après les pays européens.
L’extension de la transition démographique dans le monde
Puis, en pleine phase de mondialisation, la plupart des pays du monde sont entrés à leur tour dans leur transition démographique, au fur et à mesure du développement économique, social et sanitaire. Le phénomène de transition démographique a commencé à des moments différents selon les pays et les régions, en prenant des formes différentes selon les degrés de développement socio-économique des différents pays et selon les politiques publiques mises en place. Les premiers pays hors Europe à amorcer leur transition démographique sont notamment le Japon, puis les « tigres asiatiques » (Taiwan, la Corée…) et progressivement toute l’Asie, l’Amérique Latine, et enfin l’Afrique. Dans les années 1960 et 1970, pratiquement tous les pays du monde (à l’exception de certains pays africains) sont considérés comme ayant amorcé leur transition démographique. Cependant, le rythme de ces transitions varie grandement d’un pays à un autre. En 2023, la plupart des pays industrialisés sont en phase 4 de leur transition démographique, et certains (Russie, Japon, Europe de l’Est) sont parfois considérés comme étant en phase 5 de leur transition démographique (vieillissement de la population, diminution démographique). La plupart des pays dits émergents sont dans la 3ème phase de transition démographique, tandis que les pays les moins avancés, notamment en Afrique, sont encore dans la seconde phase et connaissent des croissances démographiques encore assez fortes.
La transition démographique en Afrique
L’Afrique est à ce titre un cas assez particulier, car la transition démographique y a commencé plus tard que dans d’autres régions du monde, principalement en raison de la persistance de taux de mortalité élevés en raison de maladies infectieuses comme le VIH/SIDA et la malaria, mais aussi à cause des difficultés de développement, liées au colonialisme, au manque de moyens et d’infrastructure. Cependant, certains pays d’Afrique australe, comme l’Afrique du Sud, ont commencé leur transition démographique dès les années 1960-1970.
Aujourd’hui encore, de nombreux pays d’Afrique affichent des taux de natalité et de croissance démographique élevés, et le mal-développement dans ces zones ralentit la transition démographique.
Les enjeux de la transition démographique : causes et conséquences
La transition démographique n’est pas un processus linéaire et homogène. Elle peut être influencée par divers facteurs tels que les politiques de santé, l’éducation, l’urbanisation et le développement économique. Par conséquent, la vitesse et le moment de la transition démographique peuvent varier considérablement d’un pays à l’autre. Aussi, la transition démographique est un processus entrelacé avec de nombreux autres phénomènes sociaux et économiques, qu’elle influence et qui l’influencent. Il s’agit donc d’une évolution complexe, au carrefour de nombreux enjeux.
- Des enjeux économiques : la transition démographique est souvent liée à la transition vers une économie industrielle, avec des taux de croissance économique élevés. Les premières phases de transition démographique coïncident souvent avec des phases de croissance du PIB très fortes : la hausse progressive de la population permet une hausse de la main d’oeuvre, et une hausse de la demande économique.
- Des enjeux sanitaires et sociaux : la transition démographique est évidemment liée à l’amélioration des conditions sociales et sanitaires, puisque la population augmente avec les progrès de la médecine et de la protection sociale. Mais inversement, la hausse de la population constitue un défi social et sanitaire. Logement, couverture médicale, vaccination, éducation sont autant d’enjeux collectifs à gérer lorsque la croissance démographique est élevée. Inversement, les pays en phase 4 et 5 de leur transition démographique font face à certains problèmes sociaux et sanitaires : vieillissement de la population, retraites, etc.
- Des enjeux écologiques : la croissance démographique constitue une pression sur l’environnement, puisqu’il faut plus de ressources pour nourrir et loger les populations et subvenir à leurs différents besoins. Dans les phases 3 et 4 de la transition démographique, on observe une une diminution de la croissance de la population, qui peut permettre de réduire en partie les pressions les pressions sur les ressources naturelles et de libérer des ressources pour investir dans l’éducation, la santé et l’infrastructure.