Qu’est-ce que l’ubérisation ? Exemples d’ubérisation. Quels avantages et quels risques pour les clients et les prestataires ? Quels sont les enjeux sociétaux de l’ubérisation de l’économie ?

Définition de l’ubérisation

Le néologisme ubérisation a été formé à partir du nom de la société Uber, emblématique du phénomène pour le secteur des services de transport automobile urbain. Tous domaines d’activité confondus, l’ubérisation désigne un processus par lequel un modèle économique basé sur les technologies digitales entre en concurrence frontale avec les usages de l’économie classique. Ce modèle repose principalement sur la constitution de plates-formes numériques qui mettent en relation directe prestataires et demandeurs, ainsi que sur des applications dédiées qui exploitent la réactivité en temps réel de l’internet mobile.
Partie prenante de l’économie collaborative, l’ubérisation se distingue cependant de la stricte économie du partage par le fait qu’elle intègre, pour une large part de son champ d’application, des offres de services de prestataires professionnels à des clients, avec prélèvement d’une commission sur les transactions par les plates-formes de mise en relation.

Quelques exemples d’ubérisation

  • Uber : voitures de tourisme avec chauffeur professionnel indépendant (VTC) et covoiturage urbain en véhicules particuliers (Uber Pop). Ces deux dispositifs concurrencent et déstabilisent le modèle économique des taxis.
  • Airbnb : plate-forme mondiale de location et de réservation de nuitées chez les particuliers, en concurrence avec l’hôtellerie classique.
  • Amazon Publishing : plate-forme d’auto-édition et de commercialisation de livres numériques, qui s’affranchit du circuit traditionnel (éditeurs, diffuseurs, distributeurs, libraires).

Avantages et risques de l’ubérisation pour les clients et les prestataires

  • Pour les clients : services moins chers qu’en économie traditionnelle ou de meilleure qualité à prix égal, simplicité et rapidité, sécurisation par l’intermédiation des plates-formes (paiement, assurance intégrée, évaluation des prestataires par les utilisateurs).
  • Pour les prestataires : accès à la clientèle facilité et démultiplié, opportunités de complément de revenus et de diversification d’activité, autonomie et souplesse. En revanche, pour les prestataires professionnels qui ne pratiquent que ce type d’activité, le statut de travailleur indépendant (auto-entrepreneur ou free-lance) entraîne une plus grande précarité que le salariat et une couverture sociale minimaliste. Par ailleurs, le niveau des revenus est conditionné par l’évolution des politiques tarifaires des plates-formes.

Ubérisation de l’économie : les enjeux sociétaux

Le processus d’ubérisation, qui touche un nombre croissant de secteurs économiques, génère des bouleversements sociétaux non négligeables, tant à court terme qu’à long terme. L’activité professionnelle se voit de plus en plus individualisée et morcelée (plusieurs métiers exercés en simultané, mix salariat/travail indépendant…). Les modèles sociaux (financement, couverture), juridiques (droit du travail, statut des prestataires), fiscaux (délocalisation des plates-formes selon les opportunités d’optimisation) doivent se réinventer pour s’adapter à cette nouvelle donne.
En outre, si elle entraîne une incontestable dynamisation des process économiques, l’ubérisation fragilise en contrepartie des pans entiers de l’économie traditionnelle. Un travail de réflexion et de concertation à grande échelle des différentes parties prenantes s’avère indispensable pour accompagner de manière constructive cette évolution des modes d’activité et de consommation.