Qu’est-ce que le changement climatique ? Et quel terme faut-il utiliser quand on parle des bouleversements du climat en cours : « Changement climatique », « réchauffement climatique », « dérèglement climatique » ou « urgence climatique » ? On fait le point.

Qu’est ce que le changement climatique ?

Selon la définition qu’en donne le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) dans son sixième rapport, le changement climatique correspond à « une variation de l’état du climat, qu’on peut déceler par des modifications de la moyenne et/ou de la variabilité de ses propriétés et qui persiste pendant une longue période, généralement pendant des décennies ou plus ». Le climat peut connaître des variations de plusieurs paramètres météorologiques : la température régionale, la force des vents, l’humidité de l’air, les précipitations, l’évaporation, ou la pression atmosphérique…

Le dossier Youmatter sur le Changement climatique : Comprendre le changement climatique

La Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) différencie ainsi le changement climatique issu de mécanismes naturels (modulations des cycles solaires, éruptions volcaniques), du changement climatique anthropique, c’est-à-dire, résultant des sociétés humaines. Aujourd’hui, la communauté scientifique s’accorde sur le fait que la variation rapide et brusque du climat observée depuis l’ère préindustrielle (avant 1850) est la conséquence directe des activités humaines, telles que l’usage des combustibles fossiles, mais aussi la déforestation, l’agriculture et l’élevage…

À partir de 1997 et la ratification du protocole de Kyoto, la communauté scientifique et le Giec valident l’hypothèse d’une variation climatique, phénomène que le Giec décrit dès son troisième rapport en 2001. « La température globale de surface de la Terre s’est réchauffée depuis 1970 à un rythme inédit depuis au moins 2 000 ans et il faut remonter à 125 000 ans environ (dernière période interglaciaire en lien avec les paramètres orbitaux) pour trouver des valeurs aussi élevées que celles de la décennie 2011-2020. Si l’on gagne encore + 0,5°C, il faudra remonter à 2 millions d’années environ ; ce serait inédit au regard de l’espèce humaine », expliquent les climatologues Valérie Masson-Delmotte et Christophe Cassou dans leur ouvrage Parlons climat en 30 questions (Ed. Documentation Française, 2023). 

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Le réchauffement climatique, une des réalités du bouleversement du climat

Le premier terme énoncé par la communauté scientifique est le réchauffement climatique. À partir de 1975, le développement de modèles climatiques de plus en plus performants démontre une augmentation brusque des températures moyennes mondiales. Cette hausse des températures moyennes, plus ou moins régulière, était en 2022 de + 1,15 °C  par rapport à la température moyenne de l’ère pré-industrielle. 

Aujourd’hui pourtant, les scientifiques privilégient le terme de changement climatique pour parler du phénomène global en cours. En effet, le réchauffement climatique est le « versant le plus simple du changement », comme le souligne le géographe Jean-Pierre Vigneau, dans le Dictionnaire critique de l’anthropocène (CNRS Ed. 2020). La modification du système climatique peut entraîner des périodes de baisse des températures moyennes dans certaines régions pendant une période donnée. Surtout, toutes les zones de la planète ne sont pas non plus concernées de la même manière, en fonction de leur géographie, du type de sols ou des courants océaniques. 

Par ailleurs, le réchauffement climatique renvoie, dans l’imaginaire collectif, à la seule conséquence d’une hausse des températures, qui peut être enviable dans certaines régions du globe. Or le changement climatique engendre bien d’autres conséquences comme la fonte des glaciers, la perturbation du cycle de l’eau, la multiplication des sécheresses ou l’intensité des ouragans…

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Changement climatique ou dérèglement climatique ? 

Entre réchauffement, changement mais aussi dérèglement voire « urgence » ou « crise climatique », il existe un combat sémantique autour de la variation du climat. Le choix du Giec de garder le terme de changement au lieu de dérèglement ou réchauffement résulte de plusieurs décennies de débats scientifiques, mais aussi médiatiques au sein de la société comme l’explique Jean-Pierre Vigneau. 

« Des années 1990 au début du XXIe siècle, un tuilage s’est progressivement opéré, d’abord par l’éclipse du mot de « réchauffement » au profit de celui de « changement », qui connote l’imprévu, la complexité », explique le géographe. « Celui-ci est à son tour peu à peu relayé par « dérèglement », qui renvoie au fâcheux, à l’incontrôlable et qui, en suggérant la prééminence de l’anthropique sur le naturel, cherche à mettre la société face à sa responsabilité« .

Alors, faut-il utiliser ce nouveau terme de dérèglement ? Le Haut Conseil pour le Climat (HCC), l’organisme indépendant chargé d’évaluer l’action publique en matière de climat, critique dans un avis de 2021 portant sur le projet de loi “Climat et résilience” l’usage du « terme « dérèglement climatique », qui suggère que le climat aurait été « réglé », n’est quant à lui pas ou peu utilisé dans le contexte international et académique en lien avec le changement climatique. Les termes « changement climatique » ou « réchauffement climatique dû à l’influence humaine et ses conséquences » sont retenus par le GIEC ».

“L’urgence climatique”, politiser le changement climatique

Comme le note Iris Viloux, doctorante au Centre d’Analyse et de Recherche Interdisciplinaire sur les Médias (CARISM) de l’Université Paris-Panthéon-Assas dans un article pour le média The Conversation, « l’urgence climatique n’est pas le « réchauffement », le « changement » ou le « dérèglement climatique », l’expression dépasse la simple description du phénomène : l’idée de l’urgence donne à l’expression une valeur performative. Plus concrètement, parler d’urgence climatique c’est postuler l’urgence à agir« .

Popularisé en grande partie par les journalistes, ce terme est utilisé avant 2006 pour décrire les événements climatiques extrêmes (tempêtes, inondations, etc.) et désigne les dommages sans s’intéresser aux causes du bouleversement du climat. Puis, progressivement, son sens va glisser pour “politiser” l’urgence du changement climatique. Les ONG vont notamment utiliser l’urgence pour désigner le manque d’actions concrètes des gouvernements dans la lutte contre le changement climatique face à une menace immédiate. Au niveau institutionnel, l’urgence climatique va aussi trouver sa place, plus précisément dans le premier article de la loi Grenelle 1 en 2009 avec le terme d’ « urgence écologique ».

Si le terme est utilisé par les écologistes, nombre d’entre eux en sont aussi critiques. Plusieurs décennies d’usage de ce terme n’ont en effet pas permis de diriger complètement l’action publique vers des politiques environnementales à la hauteur des besoins. Malgré l’alarmisme qu’elle porte, à être trop utilisée, l’urgence climatique risque d’être banalisée voire dépolitisée.

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