Qu’est-ce que l’exposome ? Quelle est sa définition ? Quels liens entre exposome, santé publique et environnement ? 

Exposome : définition

L’exposome désigne l’ensemble des facteurs auxquels est exposé un organisme tout au long de sa vie, et qui influence sa santé. Le mot exposome est dérivé d’un parallèle avec le mot génome, dont il est complémentaire parmi les facteurs influençant la santé des individus.

Mieux comprendre l’exposome

Notre environnement affecte notre santé et notre état physique tout au long de notre vie. L’alimentation, la consommation d’alcool, le tabagisme, la pratique du sport, le stress, tout cela contribue plus ou moins à notre état de santé général. À ces facteurs, il faut ajouter les rejets chimiques et les pollutions, qui favorisent l’apparition de maladies chroniques, cancers comme maladies cardiovasculaires. Notre état de santé n’est donc pas déterminé que par notre génome, mais aussi par un ensemble de facteurs auxquels nous sommes exposés, de notre conception à notre fin de vie : c’est l’exposome.

L’exposome : les différentes composantes de l’exposome

On distingue généralement trois types principaux d’exposome :

  1. L’exposome interne, constitué du métabolisme, des hormones, de la morphologie, flore microbienne, vieillissement…
  2. L’exposome externe spécifique, constitué des agents extérieurs ou des facteurs de risque environnementaux – contaminants chimiques, polluants, tabac, mode de vie (tabac, alcool…), profession…
  3. L’exposome externe général, constitué des influences sociales, économiques, écologiques et psychologique de l’individu, à savoir le capital social, la gravité du stress psychologique, la situation géographique…

Exposome et effet cocktail : une étude difficile

Avec l’intensification des activités humaines et le rejet toujours plus important des produits chimiques dans la nature (l’humanité a dépassé la limite planétaire d’émission de nouvelles entités et de produits chimiques), les êtres humains sont exposés à de plus en plus de polluants, de produits, de molécules différentes, parfois à faible dose. La communauté scientifique essaie depuis longtemps de mesurer l’effet de chacun de ces produits sur notre organisme, mais ce qui est plus difficile de mesurer, c’est l’effet combiné de ces multiples produits, auxquels on est exposé en même temps. Cet effet cumulé, c’est ce que l’on appelle l’effet cocktail.

L’effet cocktail est extrêmement difficile à mesurer, car il est complexe de savoir à quoi sont exposés les individus, en quelles quantités, aux différentes étapes de leur vie. Contrairement aux mesures et aux tests effectués en laboratoire, durant lesquels les molécules sont isolées, dans un environnement spécifique, les individus sont exposés à une multitude de médicaments, pesticides, polluants atmosphériques, composés organiques, perturbateurs endocriniens, qui se mélangent, s’assemblent, se rejettent, s’équilibrent, s’annulent.

Cartographier toutes ces interactions est donc une tâche difficile. Cela nécessite d’associer une multitude d’expositions aux temporalités diverses, qu’elles soient chimiques, physiques, biologiques ou même psychologiques, afin de déterminer si elles sont responsables ou non d’une maladie ou d’un trouble.

Pour le moment, la recherche sur le sujet est encore à ses prémices. Cette nouvelle vision médicale qu’offre l’exposome nécessite un travail pluridisciplinaire complexe. Mais d’ores et déjà, certaines études montrent que l’exposition cumulée à de nombreux produits chimiques ou perturbateurs endocriniens peut augmenter le risque de développer certaines maladies. Voir par exemple : Cancer du sein : l’exposome et les polluants en cause ?

Ainsi, la recherche se concentrent pour le moment sur certaines expositions précises particulièrement préoccupantes pour la santé humaine, à l’instar des particules fines, des néonicotinoïdes, du glyphosate pour ne citer que ces trois exemples au centre des débats.

Étude de l’exposome : où en est on ?

La paternité de la notion d’exposome est attribuée à l’épidémiologiste moléculaire Christopher Wild, spécialiste du cancer et actuel président du Centre international de recherche sur le cancer de l’ONU. Il en parle pour la première fois en 2005 dans un éditorial de la revue Cancer Epidemiology Biomarkers and Prevention. Il y fait le constat des lacunes de la recherche en épistémologie et en toxicologie sur la relation entre le triptyque santé, humains et environnement, et proposent ainsi une nouvelle vision, à la fois holistique sur les synergies entre les expositions et très précise en ce qui concerne leur mesure et leur identification.

Être en mesure de quantifier l’exposome, c’est donc être en capacité politique de gérer ces problèmes sanitaires et écologiques et de réduire les répercussions néfastes de ces pollutions sur la populations à une période où la pollution de l’air est responsable de la mort prématurée de 238 000 morts en Europe en 2020 selon l’Agence européenne de l’environnement. Les États possèdent plusieurs leviers d’attaque. Le levier restrictif permet la réduction, voire l’arrêt total de la production de certaines entités via la mise en place de normes ou d’interdiction des molécules. L’autre pan consiste à mieux protéger les citoyens à ces risques en les informant et les sensibilisant aux gestes de protection.

Mais le chemin est encore long pour les chercheurs. Ce ne sont pas moins de 350 000 produits chimiques qui sont aujourd’hui en circulation dans le monde, mais seule une part minime de ces molécules est vraiment étudiée. Les chercheurs à l’origine de l’étude sur la limite planétaire des nouvelles entités attestent en outre que la production de nouvelles entités devrait tripler d’ici 2050 par rapport au niveau de 2010. Rajoutant d’autant plus d’incertitudes à cet effet cocktail déjà très préoccupant.

Exemple de sujet de recherche sur l’exposome :

Voir aussi : Quelles sont les causes du cancer ?