Les entreprises commencent à prendre en compte les enjeux de l’économie circulaire… Mais encore trop partiellement et trop lentement. C’est le résultat que l’on peut tirer d’un rapport publié par l’Institut National de l’Économie Circulaire et le Forum pour l’Investissement Responsable.
Pour réduire nos consommations de ressources et d’énergie et limiter la pollution et la production de déchets, nos systèmes économiques vont devoir adopter les pratiques de l’économie circulaire. La circularité économique désigne toutes les méthodes mises en oeuvre pour limiter les gaspillages et les consommations de ressources et l’énergie, notamment en intégrant ces ressources dans des boucles où elles sont recyclées, réutilisées. L’économie circulaire regroupe donc autant l’éco-conception, le recyclage, la gestion de la fin de vie des produits et la gestion des déchets, mais aussi les démarches de consommation collaborative, d’économie de la fonctionnalité et de sobriété.
La transition vers l’économie circulaire est donc un enjeu majeur pour les entreprises face à la transition écologique. Le monde économique va devoir rapidement intégrer ces grands principes dans ses activités, et en faire un pilier de leur développement. Pourtant, une étude publiée par l’Institut National de l’Économie Circulaire et le Forum pour l’Investissement Responsable montre que cet enjeu est encore loin d’être totalement intégré par les entreprises du SBF120.
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L’économie circulaire : un enjeu de plus en plus pris en compte en entreprise
L’étude a ainsi mené des entretiens avec une quarantaine d’entreprises du SBF120 afin de comprendre comment ces dernières intégraient à leurs activités les enjeux de l’économie circulaire.
Premier constat : contrairement à il y a quelques années, de plus en plus d’entreprises ont compris au moins en partie la définition de l’économie circulaire. La plupart des entreprises ont une forme ou une autre de stratégie liée à l’économie circulaire, et la plupart sont capables de lister quelques piliers de l’économie circulaire : 91% des répondants voient ainsi le lien entre économie circulaire et recyclage, et l’éco-conception ainsi que l’allongement de la durée de vie des produits sont aussi bien identifiés.
Mais certaines dimensions sont encore relativement méconnues du monde de l’entreprise : c’est le cas de l’écologie industrielle, qui consiste à créer des synergies entre acteurs industriels et économiques pour faire des économies d’échelle sur la consommation de ressources, ou de l’économie de la fonctionnalité, qui consiste à passer d’un modèle économique fondé sur la vente et la consommation de produits, à un modèle fondé sur le service, la location.
Une prise en compte encore trop partielle et insuffisante
Pourtant, l’économie circulaire n’est encore que très partiellement intégrée dans la stratégie des entreprises interrogées. D’abord, la plupart des entreprises ont encore du mal à voir les intérêts stratégiques des enjeux de circularité. Bien-sûr, 87% des entreprises interrogées voient l’intérêt économique de la démarche, notamment grâce aux économies de matière et d’énergie qu’elle permet. 61% voient aussi un intérêt réputationel. Mais à peine 42% des entreprises ont compris l’intérêt environnemental de l’économie circulaire.
D’autre part, seules 65% des entreprises abordent et valident la stratégie d’économie circulaire au sein de leurs conseils. Autrement dit, plus d’un tiers des entreprises ne semblent pas considérer le sujet comme un enjeu suffisamment stratégique pour être validé en conseil.
Les entreprises interrogées ont encore une approche très partielle des enjeux de la circularité. Si 98% ont une démarche liée au recyclage, et 95% une stratégie en matière d’approvisionnement durable ou local et en matière de réutilisation, ils ne sont que 64% à avoir une politique de réparation, 40% à penser à l’économie de la fonctionnalité, et 26% seulement aux enjeux de l’upcycling.
Économie circulaire : une démarche encore trop peu structurée et trop peu contraignante
Plus largement, on peut faire le constat que les entreprises n’ont pas réellement structuré leur démarche d’économie circulaire. Un quart seulement des entreprises sont capables de donner la part du chiffre d’affaires qu’elles dédient à l’économie circulaire. La plupart ne connaissent pas la part des embauches dédiées aux compétences de l’économie circulaire, ni la part de leurs salariés qui ont suivi des formations sur le sujet. Seules 30% des entreprises ont de vrais indicateurs sur l’économie circulaire, comme la part de matériaux circulaires comparée aux volumes de matériaux avec un potentiel de circularité, ou les économies d’énergie et de ressources stratégiques.
À date, la problématique de l’économie circulaire en entreprise ressemble plus à un agrégat d’initiatives disparates, plus ou moins formalisées, qu’à une politique globale et intégrée au niveau stratégique, avec un plan d’évolution des métiers et des business models. Et les instances dirigeantes n’ont pas encore mis ce sujet au coeur de leurs préoccupations : moins de la moitié des conseils d’administration abordent le sujet de l’économie circulaire au prisme de la durabilité de leur entreprise, moins d’un tiers ont mis en place une forme de rémunération variable alignée sur la performance en matière d’économie circulaire.
Il y a donc encore des progrès à faire avant que les entreprises aient pleinement intégré cette problématique essentielle qu’est l’économie circulaire. Espérons que ça ne tarde pas trop.
Photo par Nareeta Martin sur Unsplash