Alors qu’il constitue un enjeu majeur d’un point de vue environnemental, sanitaire, géopolitique, économique et qu’il est vital pour notre survie, nous comprenons pourtant assez peu le fonctionnement du cycle de l’eau, les causes de ses dérèglements et ses conséquences. Voici deux livres et un documentaire pour tenter d’y voir plus clair.
Pour comprendre en un clin d’œil le fonctionnement du cycle de l’eau et faire le point sur nos usages
L’eau est partout sur terre. Elle parcourt tous les espaces, les êtres vivants, les sols, l’air, sous des formes variées dans un grand cycle fermé et infini. Parmi toutes les formes qu’elle peut prendre, l’eau douce est celle qui est synonyme de vie pour les humains. Une eau potable dont à peine 1% est à portée de main des humains, et qui n’est pas répartie équitablement sur le globe. Une eau rare donc, qui a pourtant été totalement négligée. Notre surconsommation d’eau via l’agriculture intensive, la bétonisation, les industries, le gaspillage accapare ce bien commun qu’est l’eau, provoquant pénuries, pollutions, contaminations… Comment trouver le bon équilibre ? Peut-on permettre un accès équitable à cette ressource dans le futur ? Et comment le faire ?
La collection Fake or not s’intéresse à notre société et à nos modes de consommation à l’heure de l’Anthropocène. Après s’être intéressé à l’énergie, le monde du textile et l’agriculture, cette collection des éditions propose un nouvel ouvrage de vulgarisation sur l’eau. Le dossier préparé et rédigé par Charlène Descollonges, ingénieure hydrologue et cofondatrice de l’association Pour une Hydrologie Régénérative, en collaboration avec la journaliste Isabelle Brokman, vise à offrir des clefs de compréhension sur la crise de l’eau en répondant succinctement mais précisément à toute une série de questions que l’on se pose tous. L’ouvrage destiné à tous les publics, alterne entre des textes de vulgarisation, des images et des infographies pour mieux comprendre et anticiper la crise en cours.
L’eau, Fake or not ?, Édition Tana, Charlène Descollonges et Isabelle Brokman, 2024, 120 p., 13.90 €.
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Pour comprendre en profondeur la crise de l’eau et les solutions pour y faire face
Les sécheresses, les inondations, la désertification, l’eutrophisation, ces termes représentent une même réalité de plus en plus prégnante, celle de l’aggravation du changement climatique anthropique. Les activités humaines ont entraîné le dérèglement de nombreux cycles liés à l’eau qui régissent les océans et les continents. Cet équilibre précaire entretenu par les humains pendant plusieurs milliers d’années est dorénavant brisé. Les écosystèmes et les sociétés sont directement frappés par la crise de l’eau. Le gaspillage, la pollution et dorénavant le changement climatique altèrent l’eau bleue, celle provenant des lacs et des rivières, et l’eau verte, celle stockée dans les sols et la biomasse, deux cycles très importants pour la santé des populations et de l’environnement, mais également indispensable à l’économie mondiale. Pour parvenir à inverser la tendance, trois concepts doivent mener les politiques de gestion de l’eau : la sobriété, l’efficacité et la résilience, tout en s’appuyant sur une science non pas tournée seulement vers la technologie, mais vers une approche régénérative du cycle de l’eau.
Daniel Zimmer, ingénieur agronome et ancien directeur du Conseil mondial de l’eau propose un parcours didactique sur la crise de l’eau. Pas à pas, l’hydrologue nous décrit ce monde complexe de l’eau, ses relations intimes qui la lie à la nature, à l’océan, au rivière, mais également au sol, à l’air et aux végétaux. Il y raconte la course de l’eau bleue, redonne “ses lettres de noblesse à l’eau verte”, vulgarise les arcanes de l’eau virtuelle et de l’empreinte eau, et dépeint une planète bleue frappée par le changement climatique. Dense et chiffré, l’ouvrage de Daniel Zimmer est un essai pertinent pour celles et ceux qui souhaitent approfondir la crise de l’eau et ses mécanismes.
L’eau et la planète, Daniel Zimmer, Éditions Charles Léopold Mayer, 2024, p. 280, 15 €.
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Cas d’école : quand le « potager de l’Europe » est menacé par la crise de l’eau
Juan Francisco Madrid Nieto et Ricardo Ortega sont tous les deux des habitants de régions espagnoles touchées par la sécheresse. Le premier est agriculteur proche de Carthagène, une ville située dans le sud-est de l’Espagne. Le second loue des bateaux de plaisance sur le lac artificiel formé par le barrage d’Entrepeñas de la commune de Sacedón au centre du pays. 400 kilomètres les séparent et pourtant, leurs deux entreprises sont en concurrence pour une même ressource : l’eau. Depuis plusieurs années déjà, des sécheresses successives viennent miner les stocks en eau de la péninsule ibérique. Le débit du Targe s’est effondré à cause du réchauffement climatique dans la région, obligeant le gouvernement espagnol à prendre une décision radicale, celle de réduire le débit disponible au détriment des nombreuses activités qui bordent le Tage, notamment les exploitations agricoles qui font la renommée du pays. Car l’Espagne est surnommée le “potager de l’Europe”. C’est la première puissance maraîchère des 27 pays membres. Les trois plus gros pays européens: la France, l’Allemagne et l’Italie s’y fournissent abondamement en fruits et légumes. Mais la crise de l’eau qui frappe la péninsule ibérique remet en question son statut unique, et menace inévitablement les exploitations agricoles qui parsèment le territoire espagnol.
Grâce à ces deux portraits de gestionnaires d’entreprises, ce documentaire réalisé en 2022 pour Arte, présente la difficile équation de la gestion de l’eau. Quelles activités prioriser ? Quels acteurs favoriser, et au détriment de qui ? Ces questions, de nombreux pays se la posent déjà. Le documentaire fait écho aux crises liées à l’eau qui ont secoué la France ces dernières années, autour des rationnements lors des vagues de chaleurs, mais également autour des méga-bassines. L’or bleu est et sera au cœur des nombreuses tensions et conflits du 21ème siècle.
Le potager de l’Europe en danger, reportage de Johannes Lenz, Arte, 2022, disponible jusqu’au 20 septembre 2024.
Illustration : PS photography/ Pexels
