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Le réchauffement climatique aggrave l’effet des pesticides sur les abeilles

Clément Fournier - Rédacteur en chef

Youmatter

Formé à Sciences Po Bordeaux et à l'École des Mines de Paris aux enjeux sociaux, environnementaux et économiques, Clément est depuis 2015 rédacteur en chef de Youmatter.

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Une étude publiée par des chercheurs britanniques montre que l’effet des néonicotinoïdes sur les abeilles peut être aggravé par des températures plus élevées.

On le sait, les abeilles sont des insectes essentiels pour le fonctionnement des écosystèmes. En tant qu’agents pollinisateurs, ils contribuent au développement des végétaux, et ont un rôle fondamental notamment pour l’agriculture humaine. Sans abeilles, un certain nombre de cultures ne pourraient plus se développer correctement.

Les abeilles sont depuis des décennies en déclin un peu partout dans le monde, et en particulier dans les pays faisant un usage massif des pesticides en agriculture. Certaines catégories de pesticides, les néonicotinoïdes sont même souvent appelés les « tueurs d’abeille », à cause de l’impact très important qu’ils ont sur les hyménoptères.

Mais cet effet néfaste des pesticides pourrait encore se renforcer avec le réchauffement climatique. Une étude britannique vient en effet de montrer que l’effet de certains pesticides sur les abeilles s’aggrave lorsque les températures sont plus élevées.

Voir aussi : Pesticides : définition, exemples, risques

La température amplifie l’effet des pesticides tueurs d’abeille

L’un des effets néfastes des pesticides néonicotinoïdes est qu’il affecte le système nerveux des abeilles et perturbe leur sens de l’orientation et leur capacité à se déplacer. Conséquence : les abeilles ont plus de mal à regagner leurs ruches ou à trouver des plantes pour la pollinisation. Cet effet serait en partie responsable du déclin des populations d’abeilles domestiques et sauvages ces dernières décennies.

Les chercheurs à l’origine de l’étude ont voulu savoir si les températures avait une influence sur cet effet des néonicotinoïdes. Ils ont donc exposé des abeilles à des pesticides à différentes températures : 21, 27 et 30 degrés. Ils ont ensuite mesuré les effets observés chez les abeilles, au niveau de plusieurs indicateurs : réactivité, capacité à marcher, consommation de nourriture, tendance au mouvement, capacité à voler…

Leurs résultats ont montré que la température à un effet variable sur l’effet des pesticides sur les abeilles. Certains comportements sont ainsi plus fortement affectés à basse température, d’autres à haute température. Mais un de ces comportements était particulièrement affecté à haute température : la capacité à voler.

Plus les températures sont élevées, moins les abeilles volent loin

Les chercheurs ont ainsi observé que la distance que peuvent parcourir les abeilles en volant diminue drastiquement lorsqu’ils sont exposés à des pesticides à une température élevée (30 degrés). Ils indiquent ainsi que l’exposition au pesticide, combinée à des chaleurs élevée, pèse sur l’endurance des abeilles, qui ne sont alors plus capables de voler loin.

Il est donc probable que dans un contexte de réchauffement climatique très fort qui se dessine (ce que confirme le rapport de synthèse du GIEC), les abeilles soient encore plus affectées par l’exposition aux pesticides néonicotinoïdes. Elles pourraient ainsi avoir de plus en plus de mal à se déplacer, à voler, et donc à polliniser les végétaux et les cultures. Elles pourraient également avoir plus de mal à regagner leurs ruches, et donc à survivre.

Alors que les projections montrent que les températures risquent de régulièrement dépasser les 30 degrés, y compris au printemps lors des floraisons, ces résultats sont particulièrement inquiétants.

De l’importance de limiter d’urgence l’usage des pesticides

Cette étude s’ajoute à un corpus scientifique de plus en plus dense, qui démontre que les pesticides jouent un rôle déterminant dans le déclin de la biodiversité et de la fragilisation des écosystèmes mondiaux.

Elle vient éclairer les nombreux débats qui ont encore cours autour de l’usage des pesticides, et en particulier de l’usage des néonicotinoïdes, dits tueurs d’abeille. La France est aujourd’hui relativement en avance sur ce sujet, puisqu’elle fait partie des pays ayant les interdictions les plus strictes en matière d’usage des néonicotinoïdes. Mais dans de nombreux autres pays, ces pesticides restent autorisés pour certains usages (notamment en pulvérisation directe sur les cultures de betteraves), et ils continueront donc à faire des ravages dans la biodiversité, et notamment chez les abeilles…

Photo de Aaron Burden sur Unsplash

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