Chaque jeudi, Youmatter traite l’actualité RSE en chiffres. Cette semaine on se penche sur la façon dont les comités économique et social (CSE) se saisissent de la question environnementale. Un sujet qui fait pourtant partie de leurs nouvelles attributions depuis quatre ans mais qui peine à être traité à sa juste valeur tant les représentants du personnel sont peu formés à ces questions et croulent sous les dossiers. Explications.

31% des Comités social et économique (CSE) interrogés dans le cadre du 7ème baromètre Syndex Ifop sur l’état du dialogue social, se sont emparés du sujet environnemental en 2024. Une nouvelle compétence qu’ils doivent pourtant intégrer depuis 2021. 

En cause notamment, le manque de formation : 85% ne sont pas formés sur le sujet alors que 70% des représentants du personnel (RP) interrogés souhaitent l’être. « L’appropriation se fait lentement et les élus se sentent souvent désemparés face à ce sujet complexe », note Claire Morel, spécialiste du dialogue social et membre du comité de direction de Syndex, un cabinet d’accompagnement des CSE. 

En savoir + : Les CSE, un levier pour la transition écologique des entreprises ?

Un contexte général de dialogue social peu propice à mettre l’environnement en priorité dans les CSE

Mais le contexte plus général du dialogue social n’aide pas. « Nous sommes dans une période où il y a beaucoup de sujets, beaucoup de restructurations et l’environnement n’est pas toujours en haut de la pile », souligne-t-elle. Car comme le montre le baromètre, les représentants du personnel ont de plus en plus de sujets à traiter alors même que certains voient leurs moyens diminuer, que leur reconnaissance n’est souvent pas à la hauteur et que leur influence diminue.

« On est sur plusieurs dossiers en même temps, on doit tout connaître, avec une difficulté de faire monter en compétence des adhérents », souligne un élu d’une grande entreprise de Télécoms qui regrette le temps des CHSCT où les RP avaient « un rapport de force plus important avec la direction » sur certains sujets RSE comme la qualité de vie au travail ou la sécurité des travailleurs. Pas toujours évident non plus de se saisir des sujets RSE sans document de référence. C’est pourquoi Claire Morel milite pour une généralisation au plus vite du reporting de durabilité (CSRD) dans les entreprises. Dans les entreprises concernées par la directive européenne, celui-ci devra être remis au CSE et lui permettra de mieux suivre les impacts environnementaux de l’entreprise et le suivi des objectifs, estime-t-elle. 

Des élus de plus en plus sollicités par leurs jeunes collègues pour mieux traiter les questions environnementales

Difficile aussi pour les RP de traiter des questions environnementales quand la direction fait tout pour les éviter, parfois aussi par manque de formation. « La plupart du temps, il n’y a pas de slide environnement dans la présentation de la direction. Et quand on demande pourquoi, on nous explique que c’est un oubli ou qu’on a plus le temps d’en parler. Nous avons donc décidé de mettre systématiquement une question environnementale à l’ordre du jour et si elle n’est pas traité, c’est mentionné dans le compte rendu », témoignait Valérie Delavourt, déléguée syndicale CFDT Crédit agricole SA, lors de la restitution du baromètre. 

Cette syndicaliste de longue date explique aussi être régulièrement sollicitée par ses collègues, « souvent plus jeunes », pour traiter davantage les questions environnementales. Pourtant, le backlash écologique touche aussi les représentants du personnel. L’environnement est classé en dernière position des préoccupations des élus du personnel avec 31% des RP interrogés qui le placent comme une évolution « prioritaire » à mettre en place dans les 5 ans. Un pourcentage en baisse de 6 points par rapport à 2023. 

Illustration : Canva