Après plusieurs mois d’attente, le troisième Plan d’adaptation au changement climatique est publié par le gouvernement. Celui-ci comporte 51 mesures, organisées autour de 5 axes pour arriver à adapter la France à une température moyenne de + 4°C.
Après plus d’un an d’attente, on connaît enfin les contours du nouveau Plan d’adaptation au changement climatique (PNACC-3) qui doit permettre à la France de donner le cap des mesures destinées à faire face à une hausse moyenne de la température de 4°C d’ici la fin du siècle par rapport à l’ère pré-industrielle. Il a été annoncé au cours d’un déplacement Premier ministre Michel Barnier et la ministre de la Transition écologique, de l’Énergie, du Climat et de la Prévention des risques, Agnès Pannier-Runacher, dans le département du Rhône pour rencontrer les entreprises et commerçants touchés il y a quelques jours par des inondations d’une ampleur inédite dans la région.
Celui-ci est composé de 51 mesures qui sont organisées autour de 5 axes. Il doit permettre de protéger la population et le patrimoine naturel et culturel mais aussi d’agir pour renforcer la résilience de l’économie dans les régions françaises en adaptant leurs infrastructures et les services essentiels. Les citoyens et les parties prenantes concernées ont deux mois pour donner leur avis à travers une consultation publique en ligne ouverte jusqu’à fin décembre.
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PNACC-3, un plan en manque d’une boussole
Agriculture, logement, désimperméabilisation des sols, retrait-gonflement des argiles (RGA), assurances catastrophes naturelles… les 51 mesures abordent un vaste éventail d’actions à destination des populations les plus vulnérables aux risques climatiques. Le document identifie par ailleurs de nombreux acteurs et les institutions de la transition écologique à mobiliser pour répondre au défi climatique.
« Mais le Plan manque cruellement d’une boussole et de moyens de mettre en application ces mesures », constate Ilian Moundib, consultant et expert sur les stratégies d’adaptation et de résilience. « Nous avons un catalogue de mesures de bonne volonté et qui ne sont pas déconnectés des impératifs du changement climatique, mais qui souffre d’un manque de planification », précise-t-il. Si un calendrier programmatique apparaît bel et bien pour chaque action, le document reste notamment très réservé sur les budgets alloués aux 51 mesures. À la place, il renvoie vers les institutions comme l’Ademe et programmes dédiés comme la « Stratégie Nationale Biodiversité » ou « France 2030 ».
Malgré la « situation d’extrême urgence sur le plan budgétaire » de la France, Michel Barnier a cependant annoncé augmenter le Fonds qui porte son nom destiné à indemniser les victimes de catastrophes naturelles, « de 75 millions d’euros en 2025 pour arriver à 300 millions d’euros d’engagement pour l’année prochaine ». Le Premier ministre a en outre ajouté « qu’une part substantielle du Fonds vert (pour accélérer la transition écologique dans les territoires, ndlr) soit consacrée à l’adaptation au changement climatique », sans pour autant préciser la part qui sera allouée à l’adaptation du territoire.
Or, selon un rapport d’avril 2024 de l’I4CE, il serait nécessaire de déployer, rien que pour les secteurs du bâtiment, des transports, et de l’agriculture, au minimum plusieurs milliards d’euros chaque année dans l’adaptation pour les transformer.
Vers une France à + 4°C
La grande nouveauté de cette troisième édition du Plan d’adaptation, et qui était déjà annoncé en début d’année par l’ancien ministre Christophe Béchu, est qu’il se base sur une trajectoire de référence, basée sur les données scientifiques, notamment celles développées par le GIEC, qui vise à adapter le territoire français à une hausse des températures moyennes de + 2,7°C d’ici 2050, et de + 4°C en 2100 par rapport aux températures de l’ère pré-industrielle.
Dans les scénarios les plus optimistes, et si les pays tiennent leurs objectifs de réduction de gaz à effet de serre au niveau national, soit sous les 2 °C, le Haut Conseil pour le Climat rappelle que les conditions climatiques, la canicule et les sécheresses de l’été, assez extrêmes lors de l’été 2022, deviendraient la norme dans les prochaines décennies. Si les températures dépassent ces + 2 °C, de nombreux points de bascule, comme la fonte du permafrost et le ralentissement de la circulation thermohaline, plongeraient les sociétés humaines dans un chaos d’autant plus grand, et perturberaient grandement les capacités de prévisions des modèles climatiques.
« En réalité, nous n’avons pas le choix que d’organiser nos activités, nos vies autour de conditions climatiques pour lesquelles nos infrastructures, nos économies n’ont pas été dimensionnées », explique Ilian Moundib. Dans une France par + 4 °C, les 4 saisons ont disparu et laissent place à de nombreuses saisons d’inondations, de canicule, de vagues de chaleurs, et de sécheresses. « Dans de nombreuses régions de France, comme sur les littoraux de l’Hexagone et dans les territoires d’outre-mer, il va falloir organiser une forme de relocalisation et de protection des activités humaines », complète l’ingénieur en résilience climatique.
Cartographier les risques climatiques, un des objectifs du PNACC-3
Le gouvernement a également annoncé dans le cadre du PNACC-3 la publication d’ici 2027 d’une cartographie nationale d’exposition aux risques naturels. « Elle intégrera l’ensemble des aléas climatiques (inondations, incendies de forêt, submersions, cyclones…) et les effets prévisibles du changement climatique à 2050 », pointe le dossier de presse envoyé par le ministère. Concrètement, Ethan G., habitant de Lavaré (Sarthe), pourra consulter les cartes nationales afin de connaître le risque de feu de forêt dans sa commune. Le Réseau Action Climat (RAC), en partenariat avec l’ADEME, vient de réaliser un travail de cet ordre mais à l’échelle régionale où il décrit l’impact du changement climatique dans chaque région de France, notamment d’un point de vue économique.
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Illustration : Canva