Pourtant indispensable à la transition écologique et au confort des habitants, la rénovation énergétique des logements est à la traîne en France. L’objectif pour le gouvernement est de réussir à enfin engager les propriétaires dans une rénovation globale des habitations.

On compte plus de 5,2 millions de logements en France dans une situation de précarité énergétique. Des habitations classées F et G, la classification des logements les moins bien isolés, et donc les plus énergivores, qui représentent 17% des 37 millions de logements qui composent le parc immobilier français. Selon l’Observatoire national de la rénovation énergétique (ONRE) deux tiers des logements sont concernés par la rénovation énergétique.

Lutter contre la précarité économique et environnementale en rénovant

Dans ces logements les plus précaires, l’été devient un réel enfer pour les habitants qui subissent psychologiquement et corporellement les fortes chaleurs. Les vagues de chaleur de 2022 auront entraîné plus de 61 000 décès en Europe. En hiver, en plus du froid qui s’infiltre par les murs et les vieilles menuiseries, c’est le porte-monnaie des ménages qui en subit les conséquences. Chauffer les pièces d’un logement en pleine crise énergétique coûte cher quand il est impossible de contenir la chaleur produite au sein du bâtiment.

Le secteur du bâtiment représente l’un des principaux domaines d’émissions de GES en France, soit près de “48 % de la consommation nationale d’énergie et 28 % des émissions de gaz à effet de serre”, rappelle ainsi un rapport de la commission d’enquête du Sénat sur l’efficacité des politiques publiques en matière de rénovation énergétique, et les deux tiers de ces émissions proviennent des logements. La rénovation est donc une étape indispensable pour la France, puisqu’elle lui permet de se rapprocher des objectifs de réduction de gaz à effet de serre fixés par l’Accord de Paris.

Mais rénover est aussi un moyen pour l’État de faire des économies. Le bouclier tarifaire déployé par le gouvernement français depuis 2021 pour aider les ménages à lutter contre la hausse drastique du prix de l’énergie aura coûté, selon les estimations données dans un autre rapport d’information sénatorial, au moins 40 milliards d’euros d’aides pour les ménages et les entreprises.

La précarité énergétique se révèle être un triple enjeu : environnemental, économique, et de santé publique. Trois défis qui ne feront que s’aggraver compte tenu de la crise environnementale.

Mais malgré une crise énergétique qui fait l’actualité depuis plus d’un an, et que l’état du parc immobilier est dénoncé depuis plusieurs années déjà, la rénovation des logements en France est encore bien trop lente.

La rénovation des logements en France en progression, mais encore trop lente

Les territorialités vont être progressivement limitées pour la construction de logements neufs par les futures lois mises en place pour endiguer l’étalement urbain. Elles vont devoir composer entre la construction de nouveaux logements, la réhabilitation des friches – dont on estime la surface à 150 000 hectares en France – et la rénovation des vieux logements pour éviter au maximum l’artificialisation de nouveaux espaces naturels, une des principales causes de la disparition de la biodiversité.

Comme le précise le rapport d’enquête du Sénat sur la précarité énergétique, d’ici à 2050, date fatidique fixée par la communauté scientifique pour réduire drastiquement les émissions de gaz à effet de serre et atteindre la neutralité carbone, “deux tiers des surfaces artificialisées [en France] seraient liés à de nouveaux logements et 80 % des logements de 2050 seraient déjà construits”. En d’autres termes, la grande majorité des logements sont aujourd’hui existants. La majorité des efforts sont donc à mettre sur la rénovation, et pas sur la construction de nouveaux logements « verts ».

Mais comme le note le rapport sénatorial sur la rénovation énergétique, le passage de la théorie à la pratique n’est pas aussi simple. La Stratégie Nationales Bas-Carbone, la SNBC, précise que pour atteindre ses objectifs, 370 000 logements devront être rénovés aux standards BBC, un label attestant des qualités environnementales d’une rénovation, tous les ans d’ici 2030, et 700 000 après cette date. Même si les données sont à ce jour très imprécises, il est estimé que seulement 50 000 à 100 000 logements sont rénovés annuellement.

Alors qu’est-ce qui bloque ?

Des propriétaires qui ne sont pas encore engagés dans la rénovation énergétique et des travaux qui coûtent chers

Cette faible tendance à la rénovation démontre une certaine réticence des propriétaires pour engager de grands travaux dans leurs logements, tels que l’isolation ou le changement de source de chauffage (fioul vers électrique par exemple). Cela coûte cher, de l’ordre de plusieurs milliers d’euros pour une rénovation totale, mais c’est aussi une activité chronophage et une gêne le temps des travaux pour les habitants.

Malgré le déploiement d’outils d’aide à la rénovation pour les ménages les plus modestes, en particulier via MaPrimeRénov, la difficulté d’accès, les procédures alambiquées et les fraudes rendent difficilement efficace l’aide en l’état pour les travaux de grande envergure. 

Alors c’est la politique des petits gestes qui est privilégiée par les propriétaires. Des rénovations que la commission d’enquête du Sénat décrit comme souvent “très partielles”, voire “contreproductives”. Moins de 10% des 650 000 demandes d’aide en 2021 et 2022 à MaPrimeRénov auraient été destinées à une rénovation globale. 

L’objectif pour le gouvernement est donc d’accélérer la cadence en rendant efficaces les outils actuellement en place (MaPrimeRénov, Diagnostic de performance énergétique (DPE), certificats d’économie d’énergie (CEE)), afin de motiver les propriétaires à rénover leurs logements, et aider les ménages les plus précaires à réaliser les travaux.

Mais la rénovation passe aussi par des obligations. Depuis cette année 2023, la mise en location de logements dont la consommation d’énergie finale est supérieure à 450 kWh/m²/an est interdite, à moins de réaliser des travaux d’isolation. En outre, les prix des loyers sont gelés pour les baux en cours dans les logements classés F et G. Le gouvernement français compte interdire à la location les logements classés G à partir de 2025, ceux classés F d’ici 2028, et enfin classés E en 2034.

Photo de Laurie Shaw, Plexels.

[box]

Se former aux enjeux en lien avec la sobriété énergétique :

Organisme de formation certifié Qualiopi au titre de la catégorie d’action suivante : actions de formation, Youmatter for Organizations accompagne les organisations à la sensibilisation et formation de leurs collaborateurs sur la sobriété énergétique.

En 3 heures, la formation « Sobriété énergétique » permet d’acquérir les fondamentaux de la gestion énergétique et les différents contextes de crise énergétique.

Pour plus d’informations, consultez notre catalogue de formations.

[/box]